La période de silence électoral est entrée en vigueur samedi en Tunisie, à la veille de l'élection présidentielle prévue dimanche et marquée par une campagne électorale menée, trois semaines durant, dans un climat de compétition. Cependant, la campagne électorale en Tunisie a été entachée d'une centaine d'infractions constatées par l'Instance supérieure indépendante pour les élections (ISIE), dont le non-respect des règles d'affichage des portraits et manifestes des candidats, la non-information d'avance de l'ISIE au sujet des réunions outre des infractions se rapportant à la violence contenue dans les discours de certains candidats et l'utilisation de la publicité politique. 27 candidats ont été admis à cette échéance par l'ISIE parmi 70 postulants ayant déposé leur dossier de candidature. 41 autres dossiers ont été rejetés et deux candidats se sont retirés. Le président provisoire Moncef Marzouki se présente à la course en tant qu'indépendant sous le slogan "On gagne ou on gagne". Il est soutenu par plusieurs formations politiques dont "le Congrès pour la République", "le courant démocratique", "El-bina elwatani","El-bina el-magharibi", "Tounes beitna","le mouvement national pour la justice et le développement", "Tounes Ezzeytouna" et le mouvement "wafa". Clôturant sa campagne électorale lors d'un meeting populaire, organisé vendredi soir, Marzouki a indiqué que "le plus grand danger qui menace la démocratie naissante est celui de voir un seul parti accaparer tous les pouvoirs". Il a, également, affirmé s'être porté candidat à la présidentielle afin de préserver ce processus afin qu'il "reste une réalité vécue et pour protéger le pays du spectre de l'hégémonie sur les institutions de l'Etat". Par ailleurs, le parquet de Tunis a ordonné, vendredi, l'ouverture d'une information judiciaire préliminaire au sujet de propos tenus lors d'une émission de télévision par le candidat à l'élection présidentielle démissionnaire Mustapha Kamel Nabli. Nabli avait déclaré ce jour-là que "l'argent politique a submergé la campagne électorale. Des sommes considérables ont été injectées dans la campagne dans des proportions beaucoup plus élevées que ce que permet la loi". A l'image de Kamel Nabli, trois autres candidats se sont retirés de la course. Il s'agit de Noureddine Hached, Abderrahim Zouari et Mohamed Hamdi. Les causes de ces retraits s'expliquent par les mauvais résultats obtenus dans les élections législatives, organisées le 26 octobre dernier, pour certains, et par le climat malsain de la campagne électorale qui a pris fin vendredi, pour d'autres. Justifiant son retrait de la course pour la présidence, Mustapha Kamel Nabli a dénoncé un climat tendu similaire à celui de 2012 et 2013 et "marqué par l'ascension de la violence et du terrorisme". "Cette ambiance ne permet pas au peuple de choisir son futur président en toute sérénité", selon lui. De son côté, Noureddine Hached a estimé que "la bipolarisation représente un danger pour la Tunisie", se disant pessimiste quant aux cinq prochaines années. Pour sa part, Abderrahim Zouari a annoncé son retrait le 30 octobre dernier, indiquant que son parti a entériné sa décision au vu du nouveau paysage politique tunisien. Mohamed Hamdi, a quant à lui motivé son retrait par les résultats négatifs obtenus par son parti aux dernières législatives, à savoir un seul siège à l'Assemblée des représentants du peuple. Au volet médiatique, le conseil de la Haute autorité indépendante de la communication audiovisuelle (HAICA) a infligé une amende de 20.000 dinars à la Radio nationale pour avoir violé les dispositions de l'article 70 de la loi organique 2014-16 du 26 mai 2014 sur les élections et le référendum. Cet article interdit, au cours de la campagne électorale et de la période de silence électoral, de diffuser ou de publier les résultats de sondages en relation directe ou indirecte avec les élections, de même que la diffusion et la publication d'études et commentaires journalistiques se rapportant à ces mêmes sondages. Le conseil de la HAICA dit, également, avoir constaté qu'une émission diffusée, le 11 novembre 2014, par la Radio nationale avait fait état des résultats d'un sondage portant sur les candidats à l'élection présidentielle. La HAICA a, d'autre part, adressé des rappels à l'ordre aux chaînes de télévision Nessma et Al-Moutawasset TV, qu'elle a invitées à établir un nécessaire équilibre entre les différentes émissions afin d'éviter tout ce qui pourrait apparaître comme de la partialité, laquelle pouvant aller jusqu'à la publicité politique déguisée. La présidentielle, prévue dimanche 23 novembre, est la dixième du genre organisée en Tunisie. Un deuxième tour sera prévu fin décembre prochain si l'un des candidats n'obtient pas la majorité absolue au premier tour.