On le prévoyait. Après les deux retraits de candidature enregistrés au début de la campagne à la présidentielle tunisienne, deux autres ont été annoncés, lundi soir. Il s'agit des deux candidats indépendants Noureddine Hached et Mustapha Kamel Nabli. Le retrait de ce dernier est motivé, selon lui, par le pourrissement du climat de la campagne électorale entachée par la violence verbale dont a fait usage Moncef Marzouki et la pollution de cette campagne par l'argent politique. Maintenant qu'il s'est retiré, pour qui penchera Kamel Nabli ? Sans doute pas en faveur de Marzouki auquel un "contentieux" oppose depuis deux ans. En effet, alors qu'il était gouverneur de la Banque centrale, il en a été évincé par le président Marzouki. Y a-t-il marché entre Kamel Nabli et Caïd Essebsi qui lui aurait promis, selon certaines sources, la présidence du gouvernement. Du coup, les chances du candidat Béji Caïd Essebsi de franchir le portail du palais de Carthage augmentent. Mieux encore, ce serait au premier tour si un autre retrait, celui du candidat Kamel Morjène venait à se confirmer. Cela ne change rien au paysage politique puisque de tels retraits permettent d'éviter l'éparpillement des voix qui porterait tort à bon nombre de candidats se réclamant de la même famille politique et condamnerait davantage Moncef Marzouki à affronter, seul, la machine bien huilée de Nidaa Tounès et de son candidat Béji Caïd Essebsi. Bien que les sondages soient interdits en cette période électorale, il est aisé de deviner l'issue du scrutin qui semble sourire au patron de Nidaa Tounès.Celui-ci suit avec grand espoir l'évolution de la campagne électorale en sa faveur. En effet, à trois jours du silence électoral prévu pour samedi, il semble difficile pour Marzouki de combler, sauf miracle, le retard estimé à 10 points qu'il accuse par rapport à son rival. D'autant plus qu'aucun des candidats luttant, de leur côté, contre Caïd Essebsi n'est disposé à se retirer au bénéfice de l'actuel locataire du palais de Carthage. Cependant, dans un communiqué publié lundi soir l'ancien chef du gouvernement, Hamadi Jebali appelle l'électorat à ne pas voter en faveur du candidat du parti vainqueur des législatives, soit Nidaa Tounès. Ce qui laisse supposer qu'il s'agit d'un appel indirect à un vote en faveur de Marzouki. Autre soutien prévisible, celui du parti islamiste Ennahdha. Bien qu'il ait donné libre cours à ses sympathisants de voter pour le candidat de leur choix, ce parti semble agir dans la discrétion pour soutenir Moncef Marzouki.