Des milliers de jeunes occidentaux ont rejoint les rangs de l'Organisation autoproclamée "Etat islamique" (EI/Daech) en Irak et en Syrie et des pays européens ont confirmé l'implication de leurs ressortissants, une réalité qui contrebalance une autre qui tend, souvent à tort, à associer à l'islam les atrocités de Daech qui ne recrute pas forcément des personnes pieuses. Au total, quelque 3.000 ressortissants européens étaient partis fin septembre pour combattre en Irak et en Syrie, selon le coordinateur européen pour la lutte contre le terrorisme, Gilles de Kerchove. Ceci dénote que "l'extrémisme", n'est pas l'apanage de la communauté musulmane. Jusqu'à 300 Suédois pourraient se trouver dans les rangs de Daech. Il y a, de plus, des cas présumés (...), puis il y a les cas non recensés, ce qui porte le tout à 250, 300 personnes", a dévoilé le chef des services de renseignement suédois, Anders Thornberg. En Allemagne, le nombre de candidats au "jihad" partant pour la Syrie augmente rapidement. Nous tablons désormais sur 550. Il y a encore quelques jours nous avions dit 450", a déclaré le ministre de l'Intérieur allemand, Thomas de Maizière, précisant que si une majorité de ceux qui sont partis dans ces régions étaient des hommes, quelques femmes avaient également fait le voyage. Sur le sol allemand, quelque 230 personnes sont actuellement considérées comme des menaces potentielles. Près de 400 jeunes français dans les rangs de "mouvements jihadistes" en Syrie ou en Irak, 118 de retour en France et 51 tués dans des combats ou des attentats-suicide, la France est, avec la Belgique, au premier rang des pays occidentaux pour le nombre de volontaires ayant rejoint Daech. "Plus d'un millier" de Français sont concernés par "le phénomène jihadiste" en Syrie, a reconnu mercredi le Premier ministre socialiste Manuel Valls, alors que la chef du parti d'extrême droite Front national, Marine Le Pen, assurait qu'ils étaient plutôt 4.000. Deux Français ont été identifiés parmi les bourreaux apparaissant sur une vidéo récente mise en ligne montrant la décapitation de soldats syriens par les éléments de Daech, un groupe terroriste trés actif en Irak et en Syrie. Au delà de l'Europe, en Australie précisément, il a été dénombré début novembre plus de 70 Australiens soupçonnés de vouloir rejoindre les rangs "jihadistes". 80 % des combattants se déclarent adeptes d'aucune religion Anthropologue du fait religieux, Dounia Bouzar est co-auteur d'un récent rapport sur les "jeunes jihadistes" français, avec un ancien négociateur de la police d'élite française Raid, Christophe Caupenne, et un professionnel de l'éducation, Sulaymân Valsan. Tous trois ont travaillé sur des données concernant 160 familles ayant contacté le CPDSI (Centre de prévention contre les dérives sectaires liées à l'islam) depuis février. Sur ces 160 familles ayant appelé le centre pour faire échec à l'endoctrinement de l'un des siens et à son départ vers la Syrie et l'Irak, 80% se déclarent adeptes d'aucune religion. Les classes moyennes sont majoritaires (67%). Intervenant récemment devant un centre de recherches à Washington, le secrétaire d'Etat américain John Kerry a lancé : "Les recruteurs de l'EI ne recherchent pas des personnes pieuses et versées dans l'islam. Daech affirme que ses meurtres, ses actes de torture, de sauvagerie, de viol et de profanation répondent à des commandements divins. Ce sont des foutaises". Selon des chiffres cités par le journal Le Monde, sur les 376 Français présents en Syrie, 23% n'ont pas été élevés dans la culture musulmane, précise le quotidien. "Ils prospèrent sur l'ignorance totale de l'islam". De l'avis de Jean-Pierre Filiu, spécialiste du monde arabo-musulman cité par le journal, "il n'y a plus de profil type du djihadiste", "une juxtaposition de différentes catégories", familles ne croyant à aucune religion, catholiques, musulmanes, unies, désunies, insérées ou non". Efforts pour endiguer le phénomène en croissance Pour tenter d'endiguer un tant soit peu l'endoctrinement de ces jeunes via la toile, qu'ils maîtrisent assez bien d'ailleurs, la Suède a annoncé fin octobre qu'elle comptait légiférer pour interdire à ses ressortissants de participer à des conflits armés à l'étranger. Le gouvernement allemand avait annoncé mi-octobre de futures mesures permettant "le retrait des cartes d'identité de présumés islamistes radicaux" pour les empêcher de partir combattre en Syrie ou en Irak. Quant aux autorités australiennes, elles ont annoncé début novembre avoir privé de leur passeport, les 70 Australiens soupçonnés de vouloir rejoindre "les rangs jihadistes".