Les participants aux travaux du 8ème colloque sur Frantz Fanon, ouverts dimanche à El Tarf, ont souligné le parcours militant de cet intellectuel dont "la fécondité de la pensée demeurera à jamais gravée dans la mémoire des opprimés du monde entier". Frantz Fanon, qui "a su éveiller la conscience du tiers monde autour de l'oppression subie au quotidien par un peuple assoiffé de liberté", avait dénoncé, durant sa courte vie, "le colonialisme qui n'est pas une machine à penser ni un corps doué de raison", a-t-on souligné lors de cette rencontre organisée à la maison de jeunes Ahmed-Betchime en présence d'étudiants, d'enseignants, de chercheurs et de cinéastes algériens et étrangers. Mohamed Taïbi, enseignant à l'université d'Oran, soulignant que Frantz Fanon "s'était exilé sur une terre de droit, avant d'y mourir pour la bonne cause", a ajouté que cet intellectuel avait connu les affres de la guerre en Tunisie lorsque son père était recherché. De son coté, Karim Lamali, fils adoptif de Fanon, a confié que l'épouse de l'auteur de "Peau noire, masques blancs", s'était toujours chargée de la saisie sur papier des écrits de son mari. Il a également annoncé que des objets personnels de Frantz Fanon que lui avait confié sa mère adoptive seront prochainement remis à la direction de la culture d'El Tarf. Rico Speight, un cinéaste afro-américain, déclarant pour sa part qu'il visitait pour la première fois la région où "repose un si grand penseur et militant des causes justes", a indiqué qu'il en profitera pour collecter le maximum de détails sur la vie et le parcours de cet intellectuel. Le documentaire "Mémoires d'asile" d'Abdenour Zahzah, qui évoque à l'aide d'images d'archives et de témoignages la vie de Frantz Fanon qui fut médecin psychiatre, écrivain, théoricien et combattant anticolonialiste, a été projeté pour la circonstance. Des photos rarissimes de ce penseur d'origine Martiniquaise, ainsi que plusieurs livres consacrés à sa pensée et traduits en plusieurs langues ont également été exposés dans le hall de la maison de jeunes. Dans la matinée, les autorités civiles et militaires de la wilaya d'El Tarf s'étaient rendues dans la commune frontalière d'Ain Kerma, en compagnie de moudjahidine et de citoyens, pour déposer une gerbe de fleurs sur la tombe de Fanon, décédé le 6 décembre 1961 et inhumé en Algérie selon sa volonté.