Des experts forestiers de la région Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA) ont souligné lundi à Alger la nécessité d'adapter un système d'enseignement spécifique au domaine des forêts afin d'atténuer la pression sur les écosystèmes forestiers en prenant en compte la dimension sociale de cette ressource naturelle. Réunis en atelier, ces experts étaient unanimes à considérer que l'adaptation des systèmes d'enseignement et de formation à la foresterie pourrait contribuer à "comprendre mieux" la relation entre les forêts et les sociétés qui en dépendent et par ricochet atténuer la pression sur ces écosystèmes en constante dégradation. "On constate de plus en plus qu'il y a un écart entre l'éducation, les besoins de développement de cette ressource naturelle et les défis apparus ces dernières années ", souligne Abdelhamid Adam Hamed, responsable des Forêts et parcours au bureau régional de l'organisation des Nations Unis pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) au Caire. "Il y a une forte demande, alors que la ressource est réduite. Il s'agit là d'un grand défi nécessitant de trouver des solutions pour une gestion durable de ce produit", a ajouté cet expert participant à cet atelier axé sur la promotion de l'éducation et de la connaissance de la foresterie dans la région MENA. Soulignant la nécessité d'intégrer dans les systèmes d'enseignement le besoin des populations pour les forêts, M. Hamed considère qu'"il ne faut pas dissocier la protection des arbres de la protection des populations", notant qu'auparavant les systèmes éducatifs dans le domaine forestier s'intéressait uniquement à l'arbre et non pas aux relations qui existent entre les sociétés et cette ressource naturelle. De son côté, le directeur général des Forêts, l'Algérien Mohamed Seghir Noual, a estimé que la pression humaine et les changements climatiques étaient les facteurs essentiels de la dégradation des espaces forestiers notamment dans les pays du Sud de la Méditerranée où les zones rurales sont peuplées. C'est le cas de l'Algérie dont plus de 35% de sa population (soit environ 14 millions d'habitants) vivent dans les espaces ruraux, soit à proximité et à l'intérieur des forêts, a souligné M. Noual. C'est la raison pour laquelle les pouvoirs publics ont adopté dans les années 2000 la politique du Renouveau agricole et rural qui prévoit des programmes de développement visant à améliorer les conditions de vie et de revenus des populations rurales afin d'atténuer la pression sur les ressources naturelles dont les forêts, a ajouté le même responsable. Le représentant de la FAO en Algérie Nabil Assaf, relève, pour sa part, qu'il y a moins d'étudiants qui s'inscrivent dans la filière forestière de par le monde au moment où les écosystèmes forestiers de la planète se dégradent davantage. "Il y a nécessité aujourd'hui de comprendre mieux les causes de cette dégradation. Les ingénieurs et les techniciens forestiers doivent être mieux formés et sensibilisés aux défis et aux menaces auxquels font face les forêts qui sont une source de vie pour les populations", a-t-il suggéré. Les participants à cet atelier devaient débattre d'une étude réalisée en 2012 par la Commission régionale pour les forêts et les parcours, pour évaluer les besoins en matière d'enseignement de la foresterie dans la région MENA et comment mettre en oeuvre le projet l'adaptation des systèmes de formation et d'enseignement dans le domaine forestier en prenant en compte la dimension sociale. Cette commission qui est un organe de la FAO comptant 27 pays membres, a choisi l'Algérie, la Tunisie, le Maroc et le Soudan pour l'exécution de ce projet.