La "Proclamation de Tlemcen" a été adoptée jeudi dernier, au terme des travaux de la 3ème Semaine forestière méditerranéenne en présence du ministre de l'Agriculture et du Développement rural, M. Rachid Benaïssa. La "Proclamation de Tlemcen" porte sur trois points : le développement durable pour permettre aux forêts méditerranéennes de contribuer au développement rural, l'adaptation aux changements climatiques imposés par l'effet de serre et au réchauffement climatique et enfin la formation et le renforcement de la coopération entre les pays du bassin méditerranéen. Le ministre a assuré, lors de son intervention, que "toutes les recommandations de la Proclamation de Tlemcen sont déjà prises en charge par l'Algérie depuis des années", citant à titre d'exemple, le programme de renouveau en cours dans les zones rurales. M. Benaïssa a également développé la philosophie adoptée par l'Algérie concernant le renouveau rural depuis 2009. Il s'agit, a-t-il dit, d'un programme qui vise à "assurer la pérennité des ressources, la promotion des activités utiles aux populations rurales lesquelles sont impliquées dans la mise en œuvre des projets de développement". Par ailleurs, les participants à la Semaine méditerranéenne ont été conviés à suivre un documentaire, produit par la FAO et développant les actions entreprises par l'Algérie pour préserver et promouvoir les milieux forestiers. Cette Semaine méditerranéenne de la forêt, initiée par le ministère de l'Agriculture et du Développement rural, a enregistré la participation de près de 200 experts et chercheurs venus des pays du bassin méditerranéen ainsi que des représentants d'organismes et institutions internationales. Les participants ont décidé de tenir la prochaine semaine méditerranéenne des forêts à Barcelone, en Espagne. Après la cérémonie de clôture, les participants ont pris part à une opération de reboisement sur le site de "Lalla Setti", dominant la ville de Tlemcen. Le ministre a indiqué, à cette occasion, que "la culture de reboisement est bien ancrée chez les Algériens", soulignant que les premières actions entreprises après l'indépendance ont été le lancement de grandes opérations de reboisement à travers tout le territoire national. Il est à noter que la cérémonie de clôture de cette Semaine méditerranéenne, ouverte dimanche dernier, s'est déroulée en présence de plusieurs personnalités étrangères. Les forêts représentent 11% de la superficie globale de l'Algérie S'exprimant sur les ondes de la Radio nationale, le directeur de la planification à la Direction générale des Forêts (DFG), M. Abdelkader Rachedi, a indiqué que le patrimoine forestier en Algérie représente 11% de la superficie globale du pays, a affirmé affirmant que les espèces d'arbres qui forment cet espace nécessitaient une protection. Les actions engagées par les pouvoirs publics pour la conservation et la gestion durable des forêts méritent aussi d'être renforcées pour faire face à des menaces causées par les constructions illicites et anarchiques, les changements climatiques, les feux de forêts et l'avancée du désert, a ajouté M. Rachedi. Le programme de plantation de plus d'un million d'hectares d'arbres lancé depuis 1990 n'est que "partiel" par rapport au potentiel forestier dont dispose l'Algérie qui est de 4,2 millions d'hectares, a-t-il estimé par ailleurs, soulignant que la législation qui régit ce domaine "doit être adaptée au contexte actuelle" car datant des années 1980. Pour lui, les opérations de reboisement en Algérie visent en priorité la préservation et la réhabilitation des espèces d'arbres menacées comme le liège, l'argan, le chêne vert, l'acacia et autre espèces autochtones propres aux zones steppique dont la Halfa, ainsi que la protection des ressources naturelles, l'eau et le sol notamment. M. Rachedi a précisé que l'objectif du reboisement n'aspirait pas, pour le moment, à produire du bois destiné à la construction ou à l'exportation, mais concernait la préservation de l'espace forestier, cette partie végétale indispensable à l'équilibre écologique, a-t-il dit. Concernant les dégâts causés par les feux de forêts, l'invité de la chaîne III de la radio nationale a fait savoir que 70% des forêts incendiées connaissent un niveau de reprise sur le plan naturel. Le changement climatique menace les forêts méditerranéennes Der son côté, l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et de l'agriculture (FAO) a indiqué avant-hier, dans un rapport rendu public à l'occasion de la Journée internationale des forêts, que les forêts méditerranéennes seront durement frappées par le changement climatique et subissent une très forte pression démographique. En Méditerranée, les températures ont augmenté d'un degré au cours du XXe siècle, alors que les précipitations ont reculé de 20% dans certaines zones du bassin. D'ici à la fin du siècle, les températures auront augmenté de deux degrés supplémentaires d'après les prévisions, menaçant probablement d'extinction certaines espèces forestières et causant une perte de la biodiversité, selon le rapport intitulé "Etat des forêts méditerranéennes". "D'ici à 2050, la croissance démographique devrait porter le nombre d'habitants de la région méditerranéenne d'environ 500 à 625 millions. En conséquence, la pression exercée sur les forêts, sources de nourriture et d'eau, s'accentuera encore", a estimé la FAO. Selon le rapport, des situations différentes caractérisent la région méditerranéenne : dans les pays au nord du bassin, l'inexploitation des terres boisées a provoqué une hausse spectaculaire de l'incidence des feux de forêts, alors qu'au sud de la Méditerranée, la croissance démographique a entraîné un surpâturage des forêts ou une réduction du couvert forestier au profit soit de l'agriculture soit de l'expansion urbaine. "Dans les deux cas, la conséquence est la déforestation et la dégradation des forêts, qu'aggravent les effets du changement climatique et des crises économiques", a mis en garde la FAO. "Il devient urgent d'élaborer de nouvelles stratégies collaboratives pour une gestion viable de ces écosystèmes, aussi fragiles que vitaux", a relevé le rapport, précisant que "dans des pays comme la Turquie ou la Tunisie, où l'engagement des pouvoirs publics est fort, le couvert forestier s'est considérablement reconstitué au cours des dernières décennies". "La région méditerranéenne traverse de nombreux bouleversements, dans les structures de la société, les modes de vie et les conditions climatiques", selon le sous-directeur général de la FAO chargé des forêts", Eduardo Rojas-Briales. Le rapport a souligné que "la valeur des forêts méditerranéennes et leur rôle vital dans l'adaptation au changement climatique et pour l'atténuation de ses effets devraient être reconnus à l'échelle locale, régionale et nationale". Un état des forêts méditerranéennes sera publié tous les cinq ans, ce qui constituera "un événement fédérateur pour renforcer la mobilisation des acteurs impliqués dans la gestion des écosystèmes forestiers de la région", estime encore la FAO.