Amnesty International (AI) s'est félicitée mercredi du nombre "décroissant" des condamnés à mort en Algérie, tout en plaidant pour l'abolition de la peine de mort, une pratique soumise à un moratoire depuis 1993. Le nombre de condamnés à mort en Algérie est passé de 153 en 2012 à 40 en 2013 puis à 16 en 2014, a fait savoir la directrice d'AI en Algérie, Hassina Oussedik, lors d'une conférence de presse, soulignant l'importance de lancer un débat sur la question de l'abolition de la peine de mort dans le pays. La conférencière a argumenté sa requête par les incidences psychologiques qu'occasionne l'annonce de cette peine et le fait de "vivre avec" , qualifiant d'"inhumaines" les pratiques appliquées par les Etats lors de son exécution. "Le fait d'être dans le couloir de la mort, dans l'attente de l'exécution de la peine est insoutenable", a-t-elle relevé, citant des études menées dans ce sens et démontrant l'absence d'un quelconque effet "dissuasif" de la peine de mort sur la criminalité et la violence. Tout en rappelant que des tentatives d'abrogation de la peine de mort ont été faites depuis 1962 "sans aboutir", Mme Oussedik a demandé l'abrogation "pure et simple" de cette mesure, au lieu de "s'en tenir" à la mesure temporaire du moratoire. Elle a indiqué qu'à l'échelle internationale, l'Algérie joue un rôle "efficace" pour le moratoire sur la peine de mort, notant que les Etats qui sont dans la même situation avancent souvent l'argument qu'ils ne sont "pas prêts" à abroger cette mesure judiciaire. La conférencière a mis en avant, dans ce sens, la tendance "inquiétante" des Etats à recourir à la peine de mort, citant le dernier rapport de l'Organisation internationale sur la peine de mort. Selon ces données, 2466 condamnations à mort ont été prononcées dans le monde en 2014, soit une hausse de 28% par rapport à 2013, alors que 607 peines ont été exécutées l'an dernier, soit une hausse de prés de 22% par rapport à 2013. Le nombre de pays concernés est demeuré inchangé, soit 22, est-il mentionné dans le document. Ces pays ont exécuté des "personnes accusées de terrorisme pour lutter contre les menaces à la sûreté de l'Etat", a-t-on expliqué.