Le Conseil de sécurité de l'ONU a imposé mardi un embargo sur les armes destinées aux Houthis au Yémen, en appelant les différentes parties yéménites à résoudre leurs différends via le dialogue et la consultation. La résolution de l'ONU somme les miliciens houthis de se retirer des zones conquises depuis qu'ils ont lancé l'été 2014, à partir de leur fief dans le Nord du pays, une offensive qui leur a permis de s'emparer de la capitale Sanaa ainsi que de vastes régions du pays. Quatorze des 15 pays membres du Conseil de sécurité ont voté en faveur de la résolution. La Russie s'est abstenue. Le Conseil a, en outre, décidé le gel des avoirs et une interdiction de voyage contre le chef des Houthis Abdel Malek Al-Houthi et Ahmed Ali Abdallah Saleh, fils de l'ex-président. En réaction à la résolution du Conseil, un porte-parole de la coalition arabe dirigée par l'Arabie saoudite, le général Ahmed Al-Assiri, a estimé à Ryadh que l'embargo était "avant tout une victoire pour le peuple yéménite". Les Etats-Unis, pour leur part, ont qualifié d'"importante" la résolution adoptée par le Conseil de sécurité, exhortant l'Iran à respecter les termes de la résolution, prévoyant notamment un embargo sur les armes imposé aux Houthis. Cependant la résolution onusienne n'impose pas à la coalition arabe, qui combat les Houthis, de suspendre les raids aériens. Depuis le 26 mars, une coalition arabe menée par l'Arabie saoudite entend les empêcher de prendre le pouvoir au Yémen, son voisin. Dialogue et facilitation de l'aide humanitaire La résolution, élaborée par des pays du Golfe et parrainée notamment par la Jordanie, demande également à "toutes les parties" au conflit de négocier dans les plus brefs délais une "cessation rapide" des hostilités. "La résolution est extrêmement importante pour rétablir la stabilité au Yémen et promouvoir une solution politique", a déclaré, après l'adoption de la résolution, Liu Jieyi, représentant permanent de la Chine auprès de l'ONU, ajoutant qu'"il n'y a pas de solution militaire et les négociations politiques sont la seule voie de sortie" de la crise. De son côté, l'Iran a proposé le même jour un plan visant à pacifier le Yémen, qui prévoit un cessez-le-feu suivi de négociations entre toutes les parties facilitées par des médiateurs extérieurs. "J'ai proposé un cessez-le-feu, suivi d'un dialogue incluant toutes les parties et facilité par d'autres", a déclaré le ministre des Affaires étrangères Javad Zarif lors d'une conférence de presse à Madrid, précisant que le cessez-le-feu serait suivi d'une aide humanitaire. Quant à la Turquie, elle a exprimé sa disponibilité à organiser une conférence internationale pour la paix au Yémen, en regroupant toutes les parties engagées et se tiendrait à Istanbul ou à Ryadh. "La Turquie est prête à accepter la présence de toutes les parties pour aider à la résolution pacifique du conflit", a annoncé mercredi à Moscou le président du Parlement turc, Cemil Ciçek. Sur le plan humanitaire, la résolution adoptée par le Conseil de sécurité exhorte les hommes armés à préserver la population civile, tout en chargeant le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon de "redoubler d'efforts pour faciliter la livraison de l'aide humanitaire". Le Haut-commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme, Zeid Ra'ad Al Hussein, a demandé une enquête sur les pertes civiles au Yémen où 736 morts ont été enregistrés depuis le début de l'escalade du conflit. Mais les chiffres réels sont plus élevés car de nombreux corps ne sont pas envoyés dans les centres médicaux, d'après l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Combats violents sur le terrain Trois semaines après le début des frappes aériennes des coalisés contre les rebelles houthis, des affrontements se sont poursuivis au sol mercredi, principalement dans le sud du Yémen. Mercredi, des combats au Yémen entre partisans et adversaires du président Hadi ont fait 16 morts mercredi dans la province de Daleh (sud), tandis que sept personnes ont été tuées dans des attaques rebelles à Aden, selon des sources militaires et médicales. De nouveaux raids aériens de la coalition ont touché des cibles rebelles à Aden, deuxième ville du pays, notamment dans les quartiers de Crater et de Khor Maksar, selon des sources sécuritaires. De violents affrontements ont également opposé des combattants pro-Hadi à des Houthis alliés à des militaires rebelles proches de l'ex-président Ali Abdallah Saleh. Trois civils ont péri dans ces affrontements, tandis que quatre partisans du président Hadi ont été abattus par des Houthis, selon des sources médicales.