Les combats restaient intenses jeudi au Yémen, notamment dans le Sud, entre rebelles houthis et partisans du président Abd Rabbo Mansour Hadi, alors que le bilan des violences dépasse les 600 morts depuis le 19 mars suscitant la préoccupation de l'ONU qui a mis en garde contre une crise humanitaire imminente dans ce pays. Les combats se concentrent plus particulièrement à Aden, la deuxième ville du Yémen où 20 rebelles houthis ont été tués ces dernières 24 heures dont 14 dans des raids de la coalition arabe menée par l'Arabie saoudite, selon des sources militaire et paramilitaire. "Quatorze (rebelles) Houthis ont été tués dans une série de huit raids de la coalition lancés tôt le matin contre leurs positions près de Dar Saad", à l'entrée nord de la ville d'Aden, a déclaré une source au sein des forces fidèles au président Hadi. A Dhaleh, ville au nord d'Aden, des combattants sudistes soutenant M. Hadi ont tendu, dans la nuit, une embuscade à des combattants Houthis, en tuant six, d'après l'un des chefs du Mouvement autonomiste sudiste, Nasser al-Chaïbi. Le 26 mars, l'Arabie saoudite a pris la tête d'une coalition de neuf pays arabes, qui mène une opération aérienne baptisée "tempête décisive" pour venir en aide aux partisans du président Hadi, réfugié à Ryadh, face à l'avancée des Houthis qui ont pris la capitale Sanaa et de vastes régions du nord, de l'Ouest et du centre avant de déferler vers le Sud. Les violences au Yémen ont fait depuis le 19 mars, au moins 643 morts et 2.226 blessés, selon les estimations de l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Pour sa part, l'agence des Nations unies pour l'enfance (Unicef) s'est de nouveau alarmée de la mort d'enfants, victimes du conflit au Yémen. Le représentant de l'Unicef au Yémen, Julien Harneis, a fait état d'un raid mercredi qui a touché une école d'Ibb (centre), tuant deux écoliers et en blessant deux autres. "De tels incidents soulignent la nécessité pour toutes les parties de trouver une solution pacifique au conflit", a dit M. Harneis, ajoutant qu'au moins 77 enfants avaient été tués et 44 blessés depuis le début des raids. Une solution politique au conflit yéménite a été préconisée mercredi par les chefs de la diplomatie pakistanaise et iranienne Sartaj Aziz et Mohammad Javad Zarif qui ont plaidé pour aider le "dialogue intra-yéménite" afin de sortir de la crise au Yémen. "Un cessez-le-feu, l'aide humanitaire, un dialogue intra-yéménite et la formation d'un gouvernement d'union! Il appartient aux Yéménites de décider comment y parvenir, nous ne pouvons que faciliter cela à titre de voisins, de pays de la région, de pays dotés d'influence (...) Voici les quatre points qui définissent la ligne de notre gouvernement et je pense qu'il y a un consensus général" sur la voie à suivre, a déclaré M. Zarif. Le chef de la diplomatie pakistanaise a, lui, souligné qu'une "résolution de compromis" au Conseil de sécurité de l'ONU pourrait faciliter un cessez-le-feu et des pourparlers de paix. Appels au cessez-le-feu et à l'aide humanitaire L'Iran a par la voix de son président Hassan Rohani, dénoncé les frappes aériennes dans ce pays, qui tuent des "enfants innocents". "Ne tuez pas les enfants innocents. Un grand peuple comme celui du Yémen ne se rendra pas avec des bombardements", a déclaré jeudi M. Rohani à l'adresse des "pays de la région". "Tout le monde doit penser à la fin de la guerre, au cessez-le-feu et à l'aide humanitaire" dans ce pays, a-t-il plaidé. Par ailleurs, les Etats-Unis, qui soutiennent la coalition arabe, ont affirmé qu'ils ne resteraient pas les bras croisés face, selon eux, aux "tentatives iraniennes de déstabilisation du Yémen". Le secrétaire d'Etat américain John Kerry a affirmé que son pays sait que l'"Iran arme les rebelles chiites au Yémen". L'aide commence à arriver Sur le plan humanitaire, deux premiers bateaux d'aide humanitaire sont arrivés mercredi dans le sud du Yémen notamment à Aden où Médecins sans frontières (MSF) a réussi à acheminer 2,5 tonnes de matériel médical, la première cargaison d'aide depuis le lancement le 26 mars de l'intervention militaire arabe contre les Houthis. Un bateau de la Croix-Rouge transportant du matériel et du personnel médical a également accosté mercredi à Aden, mais le matériel est resté bloqué à bord en raison de combats, selon le porte-parole de la coalition arabe. Par ailleurs, des agences humanitaires se préparent à un afflux de réfugiés dans le petit pays voisin de Djibouti, où des Yéménites ont commencé à s'abriter. Dans ce contexte, le rapporteur spécial sur les droits de l'homme des personnes déplacées dans leur propre pays, Chaloka Beyani, a exhorté la communauté internationale à se préparer à faire face à des déplacements massifs de population et à une crise humanitaire au Yémen. "En l'absence d'une résolution rapide, la crise actuelle pourrait conduire à des déplacements massifs en raison des combats violents et des frappes aériennes en cours", a mis en garde le Rapporteur spécial.