C'est la confusion au Yémen. Alors que les Houthis progressaient rapidement vers la ville d'Aden, où il était retranché, le président yéménite, Abdrabbou Mansour Hadi, aurait été évacué vers un «lieu sûr». Signe du désordre ambiant dans ce pays, entré dans une phase complexe depuis la prise de contrôle de la capitale Sanaa par les Houthis. La bataille d'Aden semble se préparer au fil des jours. L'aéroport international de la ville a été fermé hier au trafic aérien en raison de l'insécurité qui y règne. L'étau s'est encore resserré sur la ville avec la prise d'une importante base militaire par les Houthis, avec l'aide remarquée de Ali Abdallah Saleh, toujours puissant et influent. L'ex-Président du Yémen pourrait même constituer un apport non négligeable pour les Houthis qui comptent irrémédiablement faire basculer la situation à leur avantage. La conquête de la base aérienne d'Al-Anad, évacuée la semaine dernière par des militaires américains, a permis aux Houthis d'avancer jusqu'à la banlieue d'Al-Houta, chef-lieu de la province de Lahej, à 30 km d'Aden. Ainsi la progression des Houthis dans le territoire fait monter d'un cran la pression dans un pays entré dans une phase trouble. Hadi avait exhorté mardi le Conseil de sécurité de l'ONU d'adopter une «résolution contraignante» afin de stopper l'avancée des Houthis. Le président Hadi a ainsi confirmé avoir sollicité les monarchies du Golfe pour une «intervention militaire» au Yémen pour contrer les Houthis. L'Arabie saoudite, partie prenante indirecte dans ce conflit, a réuni son Conseil des affaires politiques et de sécurité, et le ministre saoudien de la Défense a effectué une visite d'inspection des forces armées près de la frontière du Yémen. Le ministre par intérim des Affaires étrangères du Yémen a réclamé une intervention militaire arabe «urgente» dans son pays. Les Houthis, visiblement décidés à contrôler les principales zones stratégiques du pays, ont fait prisonnier le commandant de la 133e brigade, considérée comme loyaliste à Hadi. Forts de leurs succès sur le terrain, les Houthis et les pro-Saleh ont atteint le port de Mocha, sur la mer Rouge, qui ouvre la voie au détroit de Bab al-Mandab, à l'embouchure du Golfe d'Aden. Les Houthis ont même annoncé avoir fait prisonnier le ministre de la Défense, le général Mahmoud el-Soubaihi, dans le Sud. C'est dire le degré de trouble au Yémen visiblement au bord d'une guerre civile par procuration. Alors que le désordre est de mise les intervenants externes étant devenus particulièrement imposants. L'évolution de la situation sur le terrain ne donne plus crédit aux rares initiatives de conciliation entre les deux camps en confrontation. Comme par exemple le dialogue inter-yéménite, proposé initialement à Ryadh, mais qui, selon de nouvelles informations, pourrait se tenir au Qatar, actuel président en exercice du Conseil de coopération du Golfe. De quoi compliquer davantage une situation déjà au bord de l'explosion. M. B./Agences