Le conflit au Yémen a connu un nouveau développement après l'annonce par l'Arabie saoudite de l'arrêt de sa campagne militaire aérienne contre les rebelles houthis et du début d'une nouvelle phase, baptisée "Redonner l'espoir", en vue de la reprise du processus politique dans ce pays. Après 27 jours de raids de l'aviation de la coalition arabe ayant fait plus de 900 morts, Ryadh a proclamé la fin, à partir de mardi soir, de son opération ‘Tempête décisive', contre les rebelles houthis, issus de la minorité zaïdite qui se sont emparés de plusieurs régions du Yémen dont la capitale Sanaa plongeant le pays dans une crise sans précédent. L'opération +Tempête décisive+ a été lancée le 26 mars à la demande du gouvernement et du président du Yémen Abd Rabbo Mansour Hadi face à l'avancée des Houthis vers Aden (sud), où il était auparavant réfugié. La fin de cette campagne a été également décidée à la demande du président Hadi, selon les précisions du porte-parole de la coalition arabe, le général Ahmed al-Assiri. Par ailleurs, le porte-parole de la coalition, n'a pas exclu que la coalition intervienne de nouveau militairement pour empêcher les mouvements des rebelles. Et c'est ainsi que la coalition a mené ce mercredi des raids aériens à Taëz, (sud-ouest), où les rebelles se sont emparés d'un camp de l'armée, selon un officier loyaliste. Critiquées par plusieurs pays notamment l'Iran, les frappes aériennes sont parvenues "avec succès", selon le ministère saoudien de la Défense, à éliminer les menaces pesant sur la sécurité de l'Arabie saoudite et des pays voisins" même si les rebelles houthis contrôlent toujours Sanaa et une partie du pays. Début d'une phase politique Parallèlement à la proclamation de la fin de son intervention, Ryadh a annoncé le début d'une nouvelle phase, baptisée "Redonner l'espoir", en vue de la reprise du processus politique au Yémen, la fourniture d'une aide humanitaire et la "lutte contre le terrorisme" dans un pays où le réseau al-Qaïda profite de l'instabilité pour mener de nouvelles violences. Dans la foulée de ces développements, le président Hadi, actuellement réfugié en Arabie saoudite, a dans un discours retransmis à la télévision depuis Ryadh, promis "la victoire". "Nous allons bientôt retourner dans notre patrie, à Aden et à Sanaa", a-t-il assuré. Le chef de l'Etat a, en outre, remercié les Etats de la coalition et appelé tous les Yéménites à "travailler positivement (...) pour appliquer immédiatement" la résolution du Conseil de sécurité de l'ONU. Ce texte adopté le 14 avril impose un embargo sur les armes pour les rebelles et les somme de se retirer des zones conquises ces derniers mois. A l'étranger, l'annonce de Ryadh a vite fait de réagir l'Iran, accusé par Ryadh de soutenir les Houthis ce qu'il ne cesse de démentir. "La mise en place d'un cessez-le-feu et l'arrêt des tueries contre une population innocente et sans défense est un pas en avant", a déclaré la porte-parole de la diplomatie, Marzieh Afkham. Il n'y a "pas de solution militaire" au conflit yéménite, a-t-elle ajouté. A l'instar de Téhéran, Washington a favorablement accueilli l'arrêt de l'intervention militaire au Yémen qu'il soutenait. "Les Etats-Unis saluent l'annonce par le gouvernement d'Arabie saoudite et ses partenaires de la coalition de la fin de l'opération +Tempête décisive+", a déclaré Alistair Baskey, porte-parole du Conseil de sécurité nationale. "Nous continuons à soutenir la reprise d'un processus politique avec l'aide de l'ONU et la facilitation de l'aide humanitaire", a-t-il poursuivi. Situation humanitaire précaire Sur le plan humanitaire, les violences au Yémen et l'opération militaire arabe ont fait au moins 944 morts et 3.487 blessés --civils et militaires entre le 19 mars et le 17 avril, selon un bilan de l'Organisation mondiale de la santé (OMS). D'après l'OMS, le système de santé est au bord de l'effondrement au Yémen. Les services de santé ont de plus en plus de difficultés à fonctionner en raison du manque de médicaments, des interruptions fréquentes d'électricité et du manque de carburant pour les générateurs. L'organisation prévient aussi que le risque de maladies comme la rougeole, prévalent au Yémen, et la polio, a augmenté. La chaîne du froid essentielle pour les campagnes de vaccination ainsi que les stocks de sang sont menacés par les coupures d'électricité. De plus, la pénurie d'eau potable a conduit à un doublement des cas de diarrhée parmi les enfants de moins de cinq ans, avec des taux élevés de malnutrition. Depuis le début de l'escalade du conflit, les consultations ont diminué de 40% car les gens ne peuvent plus se rendre dans les centres de santé en raison des barrages sur les routes et des combats. Pour sa part, l'Organisation internationale des migrations (OIM) a suspendu temporairement l'évacuation des étrangers, en raison du manque de sécurité. Depuis le 12 avril, elle a aidé plus de 400 personnes à quitter le pays.