Les négociations entre Téhéran et les grandes puissances "5+1" sur le nucléaire iranien continuent à Luxembourg et entrent dans la dernière et ultime phase avant la date butoir pour conclure un accord final qui arrange les deux parties. Mardi, le Parlement iranien a adopté définitivement une loi controversée visant à préserver "les acquis et les droits nucléaires" du pays, notamment l'annulation complète des sanctions "le jour même du début de l'application des engagements de l'Iran", alors que les pays occidentaux veulent une levée progressive de ces sanctions. Le texte interdit également à l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) "l'accès à tous les documents, scientifiques, sites militaires ou de sécurité et les sites non nucléaires sensibles", mais laisse une latitude en ajoutant que "les décisions du Conseil suprême de la sécurité nationale (CSSN) doivent être respectées". Cette loi a suscité des tensions entre le gouvernement du président Hassan Rohani, et certains parlementaires radicaux opposés à des concessions trop importantes sur le programme nucléaire iranien. Pour cause le gouvernement a critiqué l'adoption de cette loi, estimant qu'elle était contraire à la Constitution et n'aidait pas les négociateurs iraniens à un "moment sensible" des discussions nucléaires. L'ONU appelle à plus de flexibilité La question des inspections des sites nucléaires iraniens, notamment militaires, reste l'un des points les plus délicats des négociations. Lundi, les Européens ont rappelé les "lignes rouges" infranchissables pour trouver un accord avec l'Iran, entre autres la "vérification des sites nucléaires iraniens". A ce propos, la Grande-Bretagne s'est montrée ferme et intransigeante du fait qu'"aucun compromis" n'est possible sur les inspections de sites en cas d'accord avec Téhéran, car "seule une pleine vérification, de l'AIEA peut confirmer que les deux parties respectent leurs engagements", avait déclaré le ministre des Affaires étrangères britannique Philip Hammond. Ils ont également réclamé de la "flexibilité" à Téhéran, alors que les parlementaires iraniens jugent que beaucoup de concessions ont été faites. Le chef de la diplomatie iranienne Mohammad Javad Zarif a pour sa part affirmé sa collaboration avec l'AIEA en respectant le droit international, tout en soulignant l'aspect "pacifique" du programme nucléaire. Le secrétaire général de l'Onu Ban Ki-Moon a exhorté mardi l'Iran et les grandes puissances à "faire tous les efforts possibles" pour parvenir à un accord sur le nucléaire, et leur a demandé de faire preuve d'"esprit de flexibilité et de compromis" pour régler ce dossier. Accord "historique" après 20 mois de discussions Les jours et les nuits de négociation à venir doivent parachever 20 mois de discussions intensives pour conclure un accord qualifié d'"historique" par des analystes garantissant que l'Iran ne cherchera pas à s'équiper de l'arme nucléaire en échange de la levée des sanctions internationales sur son économie est censé être conclu d'ici le 30 juin. Cependant les négociateurs, qui doivent théoriquement se retrouver à Vienne, n'ont pas exclu une prolongation au-dela de la date butoir. Les "5+1" (la Chine, les Etats-Unis, la France, le Royaume-Uni, la Russie et l'Allemagne) et l'Iran avaient manqué deux précédents "deadlines" en juillet puis en novembre 2014. Ils se sont mis d'accord en avril sur les grands traits de l'accord espéré, à l'issue de dix jours de discussions harassantes à Lausanne. Le pré-accord de Lausanne a été salué comme "historique" et de nature à "rendre le monde plus sûr". Il a aussi été fêté dans les rues de Téhéran, tandis que Hassan Rohani, le président iranien, parlait d'une "nouvelle page" pour l'Iran. Un accord est "certainement possible" le 30 juin, ou quelques jours après, car "beaucoup des décisions politiques difficiles ont déjà été prises", selon des observateurs.