Les Etats-Unis et Cuba ont annoncé officiellement mercredi le rétablissement de leurs relations diplomatiques, suspendues depuis plus d'un demi-siècle, évoquant "un nouveau chapitre" dans leurs histoires. Les autorités ont annoncé que la réouverture d'ambassades à Washington et La Havane, qui doit sceller le rétablissement de ces relations diplomatiques entre l'île et les Etats-Unis, est prévue "à partir du 20 juillet". "Aujourd'hui les Etats-Unis ont formellement accepté de rétablir les relations diplomatiques avec (...) Cuba pour rouvrir les ambassades dans nos pays respectifs", a déclaré le président américain Barack Obama depuis les jardins de la Maison Blanche, ajoutant qu'il s'agissait d'une "étape historique" dans les relations américano-cubaines. De son côté, le président cubain Raul Castro a confirmé la reprise prochaine des relations diplomatiques entre Cuba et les Etats-Unis, suspendues depuis 1961, dans une lettre adressée à son homologue américain Barack Obama. "J'ai le plaisir de m'adresser à vous pour confirmer que la République de Cuba a décidé de rétablir des relations diplomatiques avec les Etats-Unis et d'ouvrir des missions diplomatiques dans nos pays respectifs", a déclaré M. Castro dans cette lettre lue à l'antenne de la TV nationale. 54 ans plus tard, ouverture d'un un nouveau chapitre Cette annonce était attendue depuis que Washington avait retiré, fin mai, La Havane de la liste noire des Etats soutenant le terrorisme. Depuis 1977, les deux pays, séparés seulement par le détroit de Floride, sont chacun représentés via des Sections d'intérêt à Washington et La Havane, chargées essentiellement de tâches consulaires. "Il y a une histoire compliquée entre les Etats-Unis et Cuba (...) mais l'heure est venue d'entamer un nouveau chapitre", expliquait le 17 décembre dernier M. Obama, constatant sans détour l'échec d'un demi-siècle d'isolement du régime communiste. A 18 mois de son départ de la Maison Blanche, le 44e président des Etats-Unis entend consolider cette initiative majeure de sa politique étrangère à laquelle une large majorité d'Américains sont favorables. L'exécutif américain a, à plusieurs reprises, évoqué la possibilité d'une visite de M. Obama à Cuba en 2016. Lever l'embargo pour mieux se rapprocher Dans ce cadre, le président Obama a demandé mercredi au Congrès américain, contrôlé par ses adversaires républicains, de lever l'embargo contre Cuba et annoncé que le secrétaire d'Etat John Kerry se rendrait cet été sur l'île communiste. "Plus tard cet été, le secrétaire d'Etat John Kerry va se rendre officiellement à La Havane pour hisser fièrement le drapeau américain à nouveau sur notre ambassade", a expliqué M. Obama lors de son allocution. Il a, en outre, expliqué que les Américains et les Cubains sont prêts à aller de l'avant. "Je pense qu'il est temps pour le Congrès de faire de même. J'ai appelé le Congrès à prendre des mesures pour lever l'embargo qui empêche les Américains de voyager ou de faire du commerce avec Cuba", a expliqué M. Obama. Cette question de l'embargo, imposé à Cuba par John F. Kennedy en 1962 et sévèrement renforcé par la loi Helms-Burton de 1996. Toujours en vigueur, cet embargo américain total sur les transactions économiques et financières avec Cuba est régulièrement dénoncé par La Havane comme un obstacle au développement de l'île. La nomination d'ambassadeurs permettra d'améliorer les relations entre les deux pays, a estimé le président cubain Raul Castro. Très bien accueilli dès le premier jour dans la région, ce rapprochement a été salué avec force par la présidente brésilienne Dilma Rousseff, parlant d'une "étape cruciale dans les relations entre les Etats-Unis et l'Amérique latine." Elle a jugé que cela permettrait "de mettre fin aux derniers vestiges de la Guerre froide". "Je veux souligner l'importance de ce geste pour l'ensemble de l'Amérique latine et, plus largement, pour la paix dans le monde", a-t-elle ajouté, évoquant un exemple à suivre.