Les Etats-Unis et Cuba ont engagé mercredi un rapprochement spectaculaire après des décennies de tensions héritées de la guerre froide, suscitant l'espoir d'un rétablissement des relations diplomatiques et d'une plus grande coopération économique. Washington va engager des pourparlers avec le gouvernement cubain pour normaliser les relations entre les deux pays. Barack Obama pourrait ainsi annoncer un assouplissement de l'embargo qui frappe Cuba. Dans d'une allocution historique depuis la Maison Blanche, Obama a déclaré que "l'isolement de Cuba n'a pas fonctionné", en allusion à l'embargo imposé à ce pays depuis 1962. Rapprochement "historique" après 52 ans de rupture Le président américain s'est engagé à ce propos à examiner avec le Congrès la levée de l'embargo qui est dénoncé par plusieurs pays. Avec cette annonce, Obama ouvre nouvelle page historique en renouant avec son voisin cubain, dont les relations sont interrompues depuis plus d'un demi-siècle. Une ambassade U.S sera ouverte à La Havane "dés que possible", un échange de prisonniers a eu lieu, des restrictions touristiques seront levées et Cuba participera au Sommet des Amériques en 2015. De son côté, le président cubain Raul Castro a annoncé qu'avec son homologue américain ils s'étaient "mis d'accord sur le rétablissement des relations diplomatiques" entre les deux pays. Raul Castro a toutefois ajouté que "cela ne veut pas dire que le (problème) principal, l'embargo économique, ait été résolu". Les deux présidents s'étaient parlés mardi au téléphone, un entretien qui a duré entre 45 minutes et une heure, selon un responsable américain. La communauté internationale salue le rétablissement des relations USA-Cuba Le rétablissement des relations diplomatiques entre les Etats-Unis et Cuba est plutôt bien accueilli, les dirigeant d'Amérique latine ont salué cette annonce, Moscou espère que Washington tournera le dos à ce type de sanctions pour d'autres pays. Dans la foulée des Européens ou du secrétaire général de l'ONU , les dirigeants d'Amérique latine ont salué l'annonce d'un rétablissement des relations diplomatiques entre les Etats-Unis et Cuba après avoir milité pendant des années pour une levée de l'embargo américain contre le régime communiste cubain. A leurs yeux, cette initiative et l'échange de prisonniers qui l'accompagne vont permettre d'apaiser la bataille idéologique qui divise le continent américain depuis des décennies. Adversaire numéro un des Etats-Unis en Amérique du Sud, le gouvernement socialiste du Venezuela - une des principaux soutiens de Cuba - n'a pas tardé pour féliciter le président américain. "Il faut saluer le geste du président Barack Obama, un geste courageux et nécessaire dans l'Histoire. Il s'agit peut-être de l'initiative la plus importante de sa présidence", a dit le président vénézuélien Nicolas Maduro à Parana, une ville d'Argentine où se tient un sommet du Mercosur. De leur côté, les présidentes brésilienne Dilma Rousseff et argentine Cristina Fernandez, ont déclaré que leur génération de "combattants de la justice sociale" pensait ne jamais assister à un rétablissement des relations entre Cuba et les Etats-Unis. "Je crois que c'est un moment qui marque un changement dans la civilisation, qui montre qu'il est possible de rétablir des relations interrompues depuis de nombreuses années», a déclaré Dilma Rousseff lors du sommet du Mercosur. Dans le continent asiatique, Pékin a affirmé saluer et soutenir la normalisation" des relations entre Cuba et les Etats-Unis, tout en appelant Washington à lever "le plus tôt possible" l'embargo en place depuis plus d'un demi-siècle contre l'île communiste. "Nous avons bien pris note de ces déclarations (...) La Chine salue et soutient la normalisation des relations bilatérales entre Cuba et les Etats-Unis", a déclaré Qin Gang, un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères. Séparés par 150 km du détroit de Floride, Washington et la Havane n'ont plus de relations diplomatiques officielles depuis 1961. Le rapprochement historique entre les deux pays survient au moment de l'annonce par les deux pays d'un échange de prisonniers : un américain détenu à Cuba depuis 20 ans pour espionnage et trois Cubains écroués aux Etats-Unis.