La communauté internationale a salué le rétablissement des relations diplomatiques entre les Etats-Unis et Cuba, après un demi-siècle de tensions héritées de la Guerre froide. Cette annonce, qui était attendue depuis que Washington avait retiré, fin mai, La Havane de la liste noire des Etats soutenant le terrorisme, a été officialisée mercredi par le président cubain, Raul Castro, et son homologue américain, Barack Obama. La date de la réouverture des ambassades est prévue pour le 20 juillet. Un "signal encourageant" pour communauté internationale Le Secrétaire général de l'ONU, Ban ki moon, s'est félicité mercredi de l'annonce du rétablissement des relations diplomatiques entre Cuba et les Etats-Unis. "La restauration des relations diplomatiques est une étape importante sur la voie d'une normalisation des relations", a déclaré M. Ban, ajoutant que "en accord avec les principes de sa Charte fondatrice, l'Organisation des Nations Unies appuie les efforts visant à promouvoir de bonnes et harmonieuses relations de voisinage entre Etats". L'Union européenne a également salué le rétablissement des relations diplomatiques entre les Etats-Unis et Cuba, et encouragé la levée de l'embargo américain sur l'île, une mesure "dépassée et en contradiction" avec ces développements. "L'annonce selon laquelle les Etats-Unis et Cuba sont sur le point de rétablir leurs relations diplomatiques et de rouvrir leurs ambassades est une étape vraiment historique sur le chemin d'une pleine normalisation des relations entre ces pays", a indiqué une porte-parole du service diplomatique de l'UE. La porte-parole de l'UE a salué "un signal encourageant pour la communauté internationale" disant que "l'UE encourage les deux parties à continuer de travailler sur certaines questions non résolues, en particulier la levée de l'embargo, qui est un instrument dépassé et en contradiction avec l'évolution du contexte". La Chine a, de son côté, affirmé soutenir la décision de Cuba et des Etats-Unis de faire avancer la normalisation de leurs relations. "La reprise des liens diplomatiques entre Washington et la Havane est favorable aux intérêts communs des deux pays et de leurs peuples", a indiqué Hua Chunying, porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères. "La Chine espère que les Etats-Unis lèveront le blocus et les sanctions imposés contre Cuba le plus tôt possible et développeront des relations normales avec le pays sur la base du respect mutuel, de l'égalité et des bénéfices mutuels", a déclaré Mme Hua. Ce rapprochement a été salué avec force par la présidente brésilienne Dilma Rousseff, lors d'une conférence de presse commune avec M. Obama à la Maison Blanche. Parlant d'une "étape cruciale dans les relations entre les Etats-Unis et l'Amérique latine", elle a jugé que cela permettrait "de mettre fin aux derniers vestiges de la Guerre froide". "Je veux souligner l'importance de ce geste pour l'ensemble de l'Amérique latine et, plus largement, pour la paix dans le monde", a-t-elle ajouté, évoquant un exemple à suivre. L'embargo économique: une question épineuse entre les deux pays Au-delà du rétablissement des relations diplomatiques demeure l'épineuse question de l'embargo, imposé à Cuba par John F. Kennedy en 1962, toujours en vigueur. Décrété en février 1962 et sévèrement renforcé par la loi Helms-Burton de 1996, l'embargo américain total sur les transactions économiques et financières avec Cuba est régulièrement dénoncé par La Havane comme un obstacle au développement de l'île. La nomination d'ambassadeurs permettra d'améliorer les relations entre les deux pays, mais "la normalisation est un autre sujet", a d'ores et déjà averti le président cubain Raul Castro. M. Obama a demandé au Congrès, dont les deux chambres sont contrôlées par ses adversaires républicains, de travailler à la levée de cet embargo. Mais l'issue des discussions en cours est incertaine et le processus législatif s'annonce long. Depuis 1977, les deux pays, séparés seulement par le détroit de Floride, sont chacun représentés via des Sections d'intérêts à Washington et La Havane, chargées essentiellement de tâches consulaires.