Le Premier ministre libyen, du gouvernement siégeant à Tobrouk (Est), Abdallah al-Theni a annoncé mardi sa démission, alors qu'un nouveau round du dialogue interlibyen s'est tenu dans la journée aux Nations unies à Genève sous la direction de l'émissaire de l'ONU en Libye Bernardino Leon. "Le Premier ministre libyen Abdallah al-Theni a annoncé (...) sa démission en direct" pendant un talk-show sur une chaîne télévisée libyenne, a indiqué l'agence LANA, ajoutant que le Premier ministre "soumettra officiellement sa démission au Parlement dimanche". Durant le talk-show, M. al-Theni a essuyé un feu de critiques de téléspectateurs sur l'incurie de son gouvernement, incapable d'assurer des services de base comme l'électricité ou de mettre fin à l'insécurité dans les zones sous son contrôle. "Si ma démission est la solution, alors je l'annonce ici", a déclaré le Premier ministre, qui avait échappé à une tentative d'assassinat en mai dernier à Tobrouk. Plus de trois ans après la destitution de l'ancien leader Maâmmar El-Gueddafi, la Libye reste prisonnière d'une longue crise politico-sécuritaire, aggravée notamment, par la montée en puissance de groupes terroristes tels que l'organisation terroriste autoproclamée Etat islamique (EI/Daech). La Libye compte, depuis des mois, deux Parlements - et deux gouvernements - rivaux, l'un basé à Tripoli sous la coupe de la coalition de milices Fajr Libya, et l'autre à Tobrouk (est), le seul reconnu par la communauté internationale. Les protagonistes de la crise libyenne, se sont engagés dans un processus de dialogue, dirigé par la Mission d'appui des Nations unies en Libye (MANUL). Les différents rounds du dialogue interlibyen ont conduit à la rédaction de quatre projets d'accord, mais, jusque-là, aucun n'a fait le consensus des différentes parties. Un nouveau round de pourparlers à Genève Sur fond d'espoir pour la formation d'un gouvernement d'union nationale comme solution idoine pour sortir le pays de la profonde crise politique et sécuritaire qui le secoue depuis plusieurs mois, une nouvelle session de pourparlers de paix interlibyen s'est tenue mardi à Genève sous la direction de M. Leon. "L'objectif de l'ONU, qui nous a été présenté ce matin par l'émissaire est qu'au début septembre nous ayons cet accord ratifié et espérons aller à l'Assemblée Générale à New York le 21 septembre avec un nouveau gouvernement et un accord global", a expliqué aux journalistes Mohammad Ali Abdullah Addarrat, Président du parti Front National Libyen, un parti libéral issu de la lutte contre l'ancien régime de Maâmmar El-Gueddafi. L'émissaire des Nations unies en Libye a expliqué aux journalistes qu'il cherchait dans les trois semaines à travailler avec toutes les factions libyennes pour affiner les annexes du dernier projet d'accord et parvenir à la formation début septembre d'un gouvernement d'unité nationale. "Les annexes du texte sont en premier le gouvernement d'unité nationale, en second les priorités de ce nouveau gouvernement, en troisième place la composition, le fonctionnement, le budget des institutions de l'Etat libyen. Il y a également les arrangements de sécurité (...) et les priorités pour les institutions économiques indépendantes", a détaillé l'émissaire de l'ONU. A Genève, les réunions de mardi ont eu lieu séparément, entre chaque faction et lÆémissaire, ont rapporté les médias. Une délégation du Congrès général national (CGN, Parlement de Tripoli) s'est jointe aux discussions, selon l'ONU. M. Addarrat a expliqué qu'avec leur participation on pouvait espérer trouver le moyen de répondre à leurs objections sur l'accord afin de fournir des "assurances crédibles, pas des assurances politiques pour avoir simplement un accord cosmétique". A Rome, le ministre italien des Affaires étrangères Paolo Gentiloni a estimé que "la participation des représentants du Congrès général national (...) représente un pas dans la bonne direction [mais] seules la confrontation et le dialogue entre les parties à la table des négociations permettront d'affronter les questions encore en suspens, afin que la Libye puisse finalement tourner la page et reprendre le chemin de la réconciliation et du développement démocratique".