La rencontre des parties en conflit en Libye a commencé mercredi soir à Genève sous l'égide de l'ONU qui cherche à trouver une solution à la crise politique et aux violences qui ensenglantent le pays. Soulignant d'emblée que ces négociations qui vont se poursuivre la semaine prochaine vont être "longues" et "compliquées", le représentant spécial du secrétaire général de l'ONU pour la Libye Barnardino Leon a déclaré lors d'une conférence de presse: "Notre premier objectif est d'arriver à un accord politique acceptable par tous les Libyens, en respectant les acquis de la révolution du 7 février et les institutions". Et le deuxième objectif est de mettre "fin aux combats, car la Libye est en train de sombrer dans le chaos", a-t-il poursuivi. M. Leon qui est également chef de la mission de l'ONU (Misnul) en Libye, a en outre indiqué qu'il fallait "compter avec la créativité libyenne, étant donné que chaque Libyen a un plan" pour sortir de la crise. Il a souligné que "toutes les parties qui sont engagées dans une Libye stable et démocratique à travers des moyens pacifiques" ont été invitées à Genève, précisant qu'il s'agit du 2ème round de ces entretiens, après une première rencontre, appelée "Gadames 1", tenue en septembre 2014. "A la suite de cette première rencontre, on a décidé d'élargir le cercle des participants à ces entretiens", a ajouté M. Leon. "Notre idée de base est de dire que nous ne prendrons pas de décisions, nous ferons des propositions, susceptibles d'être acceptées par tous les Libyens", a-t-il souligné. De son côté, Federica Mogherini, chef de la diplomatie européenne, a indiqué qu'il s'agissait "d'une occasion que les Libyens ne peuvent pas se permettre de manquer", "c'est la dernière chance de succès" et "il n'y a pas d'alternative au dialogue". Qui participe aux pourparlers ? Selon la liste des participants publiée par l'ONU, 14 parties prenantes du conflit ont confirmé leur venue. Cinq autres personnalités libyennes doivent également assister aux discussions dans un rôle de facilitateurs. Il s'agit de membres du Parlement reconnu par la communauté internationale, dont certains qui le boycottent, de personnalités de la société civile et de membres des gouvernements provisoires précédents. Les membres du Parlement sortant, le Congrès général national (CGN), basé à Tripoli ont été invités, mais étaient toujours attendus à Genève. "Toutes les parties qui sont engagées dans une Libye stable et démocratique à travers des moyens pacifiques" ont été invitées à Genève, a déclaré Bernardino Leon. Absence du général Khalifa et de "Fajr Libya" En revanche, ni le général Khalifa Haftar (personnalité controversée) ni le groupe de milices "Fajr Libya" ne seront présents à la réunion, selon des sources médiatiques. Fajr Libya (Aube de la Lybie), coalition formée de milices, notamment islamistes, accuse l'ONU de vouloir "internationaliser" le conflit. Le général à la retraite Haftar a lancé ces derniers mois une opération pour reprendre Benghazi aux mains des groupes armés islamistes qui contrôlent la ville. En l'absence d'une armée et d'une police régulières bien entraînées, des forces loyales au général Haftar et à Abdallah al-Theni, le Premier ministre reconnu par la communauté internationale, mènent des offensives dans plusieurs zones tombées aux mains des islamistes, avec des résultats contrastées. M. Theni a exhorté cette semaine la communauté internationale à accroître son soutien, notamment militaire, à son gouvernement. Gel des opérations militaires pour faciliter le dialogue Avant l'ouverture de cette réunion à Genève, la Minsul a indiqué que les pourparlers étaient basés sur "le respect de la légitimité des institutions de l'Etat et le rejet du terrorisme". "Afin de créer un environnement propice au dialogue", la Minsul a proposé un "gel des opérations militaires pour quelques jours" et souhaite que soit ensuite formé "un gouvernement d'unité qui puisse jouir d'un large soutien". Redoutant "une guerre totale", l'ONU cherche à travers ces entretiens, qui vont se poursuivre la semaine prochaine à Genève, à sortir la Libye du chaos dans lequel elle s'est enfoncée depuis la chute de l'ancien régime de Maamar El Gueddafi en octobre 2011. Des représentants de groupes armés, non présents à Genève, doivent se décider d'ici la semaine prochaine s'ils veulent rejoindre ou pas la table des négociations. Le pays est passé sous la coupe de milices d'ex-rebelles qui se disputent les territoires de ce vaste pays désertique et la manne pétrolière. La situation s'est aggravée ces derniers mois après la chute des deux plus grandes villes du pays, Tripoli et Benghazi, aux mains de milices rivales et la mise en place de deux Parlements et gouvernements parallèles. L'un proche des miliciens de "Fajr Libya" (Aube de la Libye) contrôlant Tripoli, et l'autre reconnu par la communauté internationale, siégeant à Tobrouk.