Un an après le lancement par l'ONU d'un processus de négociation pour tenter de réconcilier les deux camps rivaux en Libye et alors que l'organisation terroriste Etat islamique (EI/Daech) monte en puissance, les appels se multiplient pour que soit enfin conclu un accord politique, capable de sortir la Libye du chaos actuel. "Quelles que soient les oppositions existantes, le processus de négociations doit se poursuivre. Il a atteint sa phase finale. Le moment est venu de le concrétiser. Le temps ne va pas améliorer la position ni des uns ni des autres", soulignait, mercredi Bernardino Leon, l'envoyé spécial des Nations unies pour la Libye, qui était de passage à Paris. Depuis un an, la scène libyenne est partagée par deux camps rivaux qui se disputent le pouvoir, l'un dans l'Ouest, le camp de Tripoli qui réunit une coalition se réclamant de la "révolution" de 2011 et compte notamment des milices d'obédience islamiste, l'autre dans l'Est, celui de Tobrouk-Baïda qui comprend le Parlement et le gouvernement reconnus par la communauté internationale et rassemble des libéraux, des anti-islamistes et des figures de l'ancien régime de Maamar El Gueddafi. "C'est le moment d'avancer" Bernardino Leon mène des négociations avec les deux parties en vue d'obtenir un accord pour un gouvernement d'union nationale. Après sept mois de tractations, il s'est déclaré devant le Conseil de sécurité de l'ONU "de plus en plus confiant que ce processus s'achemine finalement vers sa conclusion". "Les négociations ont beaucoup contribué à réduire la méfiance qui existe entre les acteurs politiques" en Libye, a-t-il estimé, en exhortant "les deux (camps) à ne pas gâcher l'occasion unique et historique qu'ils ont de devenir des faiseurs de paix". "Le temps presse, il incombe aux dirigeants libyens de tous bords de faire un ultime effort en faveur de la paix", a-t-il insisté, estimant en outre que les réserves émises par le Congrès général national (CGN, parlement sortant) lors de la signature d'un accord le 11 juillet par l'autre parlement, reconnu internationalement, pouvaient être levées "en poursuivant des discussions sur les annexes de l'accord". Selon des diplomates du Conseil, M. Leon espère pouvoir organiser une nouvelle session de négociations cette semaine. La dernière session en date s'était tenue les 11 et 12 août à Genève. A cette occasion, l'ONU avait émis l'espoir de conclure "dans les trois prochaines semaines". Le médiateur onusien a réaffirmé que la mise en place d'un gouvernement d'union nationale était la seule solution pour combattre efficacement Daech, qui accroit la pression et les atrocités en Libye. Nécessité de former un gouvernement d'union nationale Les pays de la région et les voisins de la Libye, dont l'Algérie et la Tunisie ont affiché l'attachement à la poursuite du dialogue interlibyen pour aboutir à un accord de paix inclusif entre toutes les factions en conflit. L'Algérie et l'Italie ont, dans cette optique, réaffirmé cette semaine la nécessité pour les Libyens de "former un gouvernement d'Union nationale, ayant de larges prérogatives" pour faire face aux défis auxquels est confronté ce pays. Par ailleurs, le ministre des Affaires étrangères de Tunisie, Taieb Baccouche, a lors d'un entretien mercredi à Tunis avec son homologue libyen Mohamed Dairi, a mis l'accent sur l'importance de hâter la formation d'un gouvernement de consensus en Libye bénéficiant du soutien de la communauté internationale pour pouvoir se consacrer, ensuite, à la lutte contre le terrorisme et l'édification des institutions de l'Etat. Il s'est dit "confiant en la sagesse des deux parties libyennes et en leur aptitude à dépasser les points litigieux et à parvenir à un accord", réitérant le soutien continu de la Tunisie à la Libye. Le ministre libyen a de son côté salué "la position constante de la Tunisie en faveur de la révolution libyenne et ses efforts pour rapprocher les vues entre toutes les parties libyennes". L'Algérie saluée pour ses efforts constants L'Algérie qui a déjà abrité une série de consultations entre les parties libyennes, dans le cadre du dialogue sous l'égide de l'ONU, a été saluée par le représentant spécial du secrétaire général de l'Organisation des Nations unies (ONU) pour la Libye Bernardino Leon pour son soutien à la médiation onusienne en vue de parvenir à une solution politique à la crise libyenne. "Comme le processus de dialogue inter-libyen entre dans sa phase finale, je tiens à exprimer mes sincères remerciements et ma profonde gratitude au peuple et aux leaders libyens, ainsi qu'aux pays et organisations régionales qui ont soutenu le processus de dialogue", a-t-il réitéré en s'adressant par vidéo-conférence depuis Paris aux ambassadeurs des 15 pays du Conseil de sécurité, qui ont ensuite eu des consultations à huis clos sur la situation libyenne. M. Leon a cité en premier lieu l'Algérie, et l'Egypte, l'Allemagne, l'Italie, le Qatar, l'Espagne, la Suisse, la Turquie, la Tunisie, les Emirats arabes unies, l'Union africaine, l'Union européenne et la Ligue des Etats arabes. Le médiateur onusien avait déjà salué début août les efforts "constants" de l'Algérie et son soutien à la médiation de l'ONU en vue de conclure un accord de paix entre les factions libyennes en conflit. Dans une lettre adressée au ministre des Affaires maghrébines, de l'Union africaine et des Etats de la Ligue arabe, Abdelkader Messahel, M. Leon, se référant aux consultations qui se sont tenues à Alger avec les représentants du Congrès national général libyen, avait "remercié le gouvernement algérien pour les efforts constants qu'il ne cesse d'apporter pour soutenir la médiation de l'ONU en vue d'une solution politique en Libye visant la formation d'un gouvernement d'union nationale".