Les organisations patronales ont recommandé mercredi d'orienter les efforts de l'Etat vers les créneaux où l'Algérie possède des potentialités importantes, notamment l'agriculture pour faire face à une situation économique difficile due à la dépendance aux hydrocarbures. Lors de la 18ème tripartite qui s'est tenue à Biskra le président de la Confédération générale du patronat algérien (CGEA), Habib Yousfi, estime que l'Algérie peut compenser la baisse de ces recettes extérieures par d'autres recettes internes. Il s'agit notamment, a-t-il expliqué, de développer l'agriculture qui permet d'assurer la sécurité alimentaire du pays et d'exporter l'excédent. "Nous avons un potentiel que nous devons l'exploiter. Nous sommes un pays riche en ressources humaines, en terres et en ressources hydriques", a-t-il dit. Pour M. Yousfi, la diversification de l'économie doit débuter par la promotion de ces secteurs d'activités "avant de développer l'industrie où l'Algérie enregistre beaucoup de retards". Le Forum des chefs d'entreprises (FCE), a, quant à lui, préconisé par le biais de son président, Ali Haddad, de concevoir une stratégie de développement "rénovée et consensuelle" dans le contexte actuel caractérisé par des menaces multiples : crise économique, forte baisse des recettes pétrolières et instabilité régionale. Pour M. Haddad, le développement économique et la création de richesse dans ce cadre "ne seront pas atteints par les investissements directs étrangers (IDE) mais par le capital national capable d'enclencher la dynamique envisagée". Pour ce faire, les entreprises algériennes doivent bénéficier des soutiens nécessaires afin de s'affirmer au niveau national puis sur les plans régional et continental, selon le président du FCE. En outre, l'innovation en matière de gouvernance, de financement, de coordination et de mobilisation des compétences sont indispensables pour réaliser les objectifs escomptés. En reconnaissant l'existence d'une réelle volonté politique pour relancer le développement et la croissance, M. Haddad relève néanmoins "un décalage entre cette volonté d'adapter les modes de gouvernance aux nouvelles réalités économiques et sociales et la lenteur de l'organisation administrative". Cette volonté se traduit, entre autres, par la liberté d'entreprendre et d'investir consacrée par la constitution, selon le président du FCE qui estime que cette liberté devrait consacrer "la nécessité d'ouvrir aux investisseurs privés l'ensemble des secteurs d'activités économiques". Le président de l'Union nationale des entrepreneurs publics (UNEP) Lakhdar Rekhroukh, a préconisé le développement de nouveaux produits financiers pour accompagner les entreprises nationales publiques et privées. M. Rekhroukh voit dans le développement de ce type de financement alternatif un outil qui permettra de créer davantage de projets d'investissements productifs. Il a salué, par ailleurs, les avancées "considérables" en matière de dépénalisation de l'acte de gestion à travers l'amendement du code des procédures pénales et le code des marchés publics. De son côté, le président de la Confédération nationale du patronat algérien (CNPA), Mohamed-Saïd Nait Abdelaziz, a axé son intervention sur la nécessité de concrétiser les différentes décisions et actions des pouvoirs publics sur le terrain. "Il faut que les mesures et engagements des pouvoirs publics soient traduites par des actions" pour pouvoir relancer l'appareil industriel et diversifier l'économie nationale, a-t-il plaidé. Par ailleurs, les organisations patronales se disent contre une politique d'austérité pour faire face à la crise économique à l'instar de la Confédération algérienne du patronat (CAP). D'après son président, Boualem M'rakech, une politique d'austérité aura un impact très négatif sur les plans de développement et sur la croissance économique.