Le Fonds monétaire international (FMI) a prévu, dans son dernier rapport sur les perspectives économiques régionales pour l'Afrique subsaharienne, un ralentissement de l'activité économique dans cette région même si la croissance y demeure plus vigoureuse par rapport à d'autres régions du monde. Dans son rapport intitulé "Faire face un environnement qui se dégrade" publié sur son site web, le Fonds prévoit un taux de croissance dans cette région de 3,75 % en 2015 puis de 4,25 % en 2016. Il attribue le ralentissement de l'activité à la conjonction d'une forte baisse des cours des produits de base et de conditions financières moins favorables. Face à cet environnement, le FMI incite les pays de l'Afrique subsaharienne à diversifier les moteurs de la croissance économique en réduisant la part relative des industries extractives tout en regrettant que la croissance rapide de ces dix dernières années ait occulté la détérioration de la compétitivité, surtout dans les pays exportateurs de produits de base. Et afin de favoriser l'émergence de nouvelles sources de croissance économique et créer suffisamment d'emplois pour la population jeune croissante de la région, le Fonds préconise d'axer les politiques publiques sur le renforcement de la compétitivité par l'amélioration du climat des affaires, des infrastructures et de l'éducation. Il sera aussi essentiel de continuer à renforcer la mobilisation des recettes intérieures afin de dégager les ressources additionnelles indispensables pour financer l'investissement dans l'avenir. La réduction des inégalités, au moyen d'initiatives budgétaires et financières bien conçues ainsi que par la suppression des restrictions légales fondées sur le sexe, pourrait produire des dividendes de croissance appréciables, souligne en outre le FMI. "Ce tableau globalement sombre masque des disparités importantes à l'intérieur de la région", a déclaré Antoinette Sayeh, Directrice du Département Afrique du FMI, citée par le rapport. "Dans la plupart des pays à faible revenu, la croissance économique se maintient grâce à la poursuite des investissements d'infrastructure et à la vitalité de la consommation privée", a-t-elle expliqué. Mais même au sein de cette région, certains pays pâtissent de la chute des cours des principaux produits de base qu'ils exportent, même si la baisse des cours du pétrole allège leur facture d'importations énergétiques. Les pays exportateurs de pétrole de la région, dont le Nigeria et l'Angola, "sont encore plus durement touchés, car la baisse des recettes d'exportation et la sévérité des ajustements budgétaires qui s'ensuivent pèsent sur l'activité", note l'institution de Bretton Woods. ==Laisser déprécier le taux de change pour amortir le choc=== Plusieurs pays à revenu intermédiaire, dont l'Afrique du Sud, le Ghana et la Zambie, "se heurtent aussi à une situation défavorable, notamment la faiblesse des cours des produits de base, le durcissement des conditions financières et des pénuries d'électricité". En outre, plusieurs pays de la région "doivent affronter cette situation avec des amortisseurs extérieurs et budgétaires plus restreints qu'au début de la crise financière mondiale", relève à cet égard la responsable du FMI. Mme Sayeh a ajouté que les politiques économiques devaient être adaptées à ce nouvel environnement . Elle a averti du fait que, sur le plan budgétaire, la baisse prononcée des cours du pétrole semble "durable" et rend l'ajustement inévitable pour les pays exportateurs de pétrole de la région. "Si certains pays disposent d'une marge de manoeuvre pour recourir aux amortisseurs ou emprunter afin d'étaler l'ajustement dans le temps, cette marge d'action se rétrécit rapidement", a-t-elle encore averti. Pour la plupart des autres pays, la représentante du FMI a suggéré que la politique budgétaire tienne compte à la fois de l'impératif de viabilité de la dette et des besoins de développement. Sur le front monétaire, elle a recommandé de laisser la dépréciation du taux de change afin d'amortir les chocs là où les termes de l'échange se sont nettement détériorés et où le taux de change n'est pas rattaché à une autre monnaie. Les interventions "devraient être limitées aux épisodes de mouvements désordonnés des taux de change", a-t-elle à préconisé. La politique monétaire ne devrait ainsi servir qu'à contrer les éventuels effets secondaires sur l'inflation et l'évolution du taux de change et des autres facteurs de hausse, selon la même responsable. Elle a tout de même appelé les pays de la région à "surveiller de près les risques que font peser sur le secteur financier la baisse des cours des produits de base et la dépréciation de la monnaie".