La reprise économique est désormais «bien ancrée en Afrique, même dans les pays à revenu intermédiaire durement touchés par la crise». Le dernier rapport du Fonds monétaire international (FMI) sur perspectives économiques mondiales l'atteste et table sur «une croissance proche de 5% en 2010 et encore plus forte en 2011, soit des niveaux proches de ceux enregistrés avant la crise». En Afrique du Nord, les prévisions du FMI prévoient pour l'Algérie des taux de croissance de 3,8% en 2010 et de 4% en 2011. Les estimations pour nos voisins sont encore meilleures avec pour la Tunisie des taux de 3,8% en 2010 et 4,8% en 2011, pour le Maroc 4% et 4,3% respectivement, alors que pour l'Egypte, le FMI s'attend à une croissance de 5,3% cette année et de 5,5% l'année prochaine. Antoinette Sayeh, la directrice du département Afrique qui a fait a noté l'ancrage de la reprise en Afrique a néanmoins laissé entendre que le continent noir ne devrait pas s'endormir sur ses lauriers tant les efforts qui restent à consentir sont importants. «Pour tirer le plein bénéfice de ces perspectives, l'Afrique doit accroître sa compétitivité économique, notamment en améliorant ses infrastructures publiques et ramener les politiques économiques à l'équilibre en reconstituant les marges de manœuvre, qui ont si bien servi le continent durant la crise», a prévenu Mme Sayeh. Le défi pour le continent en 2011 consistera donc à «tempérer les politiques de relance budgétaire pour replacer les finances publiques sur le chemin de la viabilité et veiller à ce que les niveaux d'endettement restent gérables. Dans son rapport, le fonds relève que la reprise en Afrique subsaharienne, déjà vive cette année avec une croissance attendue à 5%, devrait encore s'accélérer en 2011 à 5,5%, soit légèrement en recul par rapport aux prévisions de juillet dernier qui tablait sur une croissance de 5,9% en 2011. Néanmoins, avec une croissance de 5,5% en 2011, l'Afrique subsaharienne renouerait avec son rythme d'expansion économique de 2008, avant le trou d'air dû à la crise. «Le ralentissement de 2009, avec une croissance de 2,6%, a été bref, limité aussi par la mise en œuvre rapide de politiques contracycliques», a indiqué le FMI. Selon lui, cette région est «bien placée pour bénéficier de la reprise mondiale en cours». Ainsi, l'accélération de la croissance devrait être «soutenue non seulement par le rebond des exportations et des prix des matières premières, mais aussi par une demande intérieure robuste dans de nombreuses économies». De l'autre côté du continent, en Afrique du Sud, première économie africaine, mais qui a connu une récession avec un recul de son produit intérieur brut (PIB) de 1,8% en 2009, le rapport du FMI s'attend à un rebondissement pour atteindre une croissance de 3% cette année et 3,5% l'an prochain. Du côté des pays pétroliers africains, la tendance est également à l'optimisme puisque l'organisation financière estime qu'ils devraient profiter du redressement de la demande mondiale et des prix des matières premières. Ainsi, la croissance du Nigeria, premier exportateur de pétrole subsaharien, devrait passer de 7% l'an dernier à 7,4% en 2010 et 2011. L'Angola, deuxième exportateur d'or noir de la région, après avoir davantage souffert en 2009 avec une croissance limitée à 0,7%, devrait renouer avec une cadence plus soutenue (5,9% en 2010 puis 7,1% en 2011). Quant aux pays africains les plus pauvres, qui ont été relativement épargnés par la crise mondiale, grâce à leur faible intégration au commerce international et aux flux financiers, leur accélération devrait être plus modeste. La croissance de leur production devrait passer de 4,5% en 2009 à 4,9% en 2010 et à 6% en 2011. Malgré des prévisions globalement optimistes pour le continent, le FMI craint néanmoins le risque d'un reprise mondiale moins vigoureuse que prévu dont les conséquences pourraient être catastrophique pour l'Afrique puisqu'elles entraîneraient le réduction de l'aide internationale et les flux financières privés à destination du continent noir. Toutefois, les risques ne sont pas les mêmes pour tous les pays. Pour les pays exportateurs de pétrole, les conséquences d'un ralentissement mondial se feraient principalement sentir par le biais de ses effets sur les cours du pétrole. Pour les pays à faible revenu et à revenu intermédiaire, en revanche, les risques se situent au niveau de leurs exportations vers l'Europe qui représentent un tiers environ de l'ensemble de leurs exportations.