La mobilisation contre la colonisation du Sahara occidental est montée d'un cran, avec l'organisation de plusieurs marches à travers le monde, au moment où les dirigeants sahraouis, des militants et ONG multiplient les appels à l'adresse des Nations Unies afin de relancer le processus d'autodétermination pour mettre un terme à 40 ans d'occupation par le Maroc. Cet élan de solidarité avec les Sahraoui vient s'ajouter aux appels des dirigeants sahraouis à la communauté internationale pour qu'elle assume ses responsabilités envers le peuple sahraoui qui vit, depuis 40 ans, sous l'autorité colonialiste marocaine, en organisant un référendum d'autodétermination conformément aux résolutions pertinentes de l'Onu sur cette question. Nonobstant ses tentatives de se dérober des engagements qu'il avait signé devant la communauté internationale, le Maroc continue de faire fi des résolutions internationales sur la question. Le roi du Maroc, Mohamed VI, a, en effet effectué une visite à El Ayoune occupée, capitale du Sahara occidental, le 6 novembre dernier, qualifiée d'escalade dangereuse par le gouvernement sahraoui. Le ministre des Affaires étrangères Mohamed Salem Salek, a réaffirmé samedi, en réaction à cette visite, que le Maroc est un pays colonisateur et n'a aucune souveraineté sur le Sahara occidental. En août 1974, l'Espagne (ex puissance coloniale) abandonna son projet initial d'octroi de l'autonomie interne au Sahara occidental et informa les Nations unies de son intention d'organiser un référendum d'autodétermination au cours du premier semestre 1975. La Cour internationale de justice (CIJ) de La Haye se pencha sur le statut juridique de ce territoire avant sa colonisation par l'Espagne en 1884. Cet arbitrage avait été sollicité par l'Assemblée générale des Nations unies, suite à une résolution adoptée le 13 novembre 1974. Le 16 octobre 1975, la Cour rendit son avis consultatif et se prononça en faveur de l'autodétermination du peuple sahraoui. De manière à contrecarrer cette décision, le 16 octobre 1975, le roi Hassan II du Maroc annonça le départ d'une marche de 350 000 personnes au Sahara occidental avec pour finalité d'occuper et d'annexer ce territoire. Dès lors, les autorités politiques de Rabat décidèrent de tirer au sort les marcheurs, "recrutés selon des quotas fixés pour chaque province, déterminés par des critères à la fois politiques et logistiques". Ainsi, les villes dans lesquelles le roi était moins populaire "étaient systématiquement sous-représentées", a relevé Docteur Keltoum Irbah, enseignante sociologue responsable académique à Geneva Business Scool (Suisse), dans une contribution intitulée "La Marche verte: instrument d'annexion territoriale", parue dimanche sur les colonnes du quotidien Liberté. Le Maroc isolé sur la scène internationale Le ministre des Affaires étrangères sahraoui a souligné, samedi, que la dernière tentative de l'occupant marocain d'empêcher l'Envoyé personnel du SG de l'ONU, Christopher Ross, de visiter les villes sahraouies occupées témoigne de "son isolement et de ses contradictions avec les résolutions des Nations Unies". Le Front Polisario et le gouvernement de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) ont, en outre, dénoncé les propos tenus par le roi du Maroc, Mohamed VI, lors de sa dernière visite à El Ayoune, exprimant leur rejet du langage des "menaces, d'intimidation et d'intransigeance" contenus dans ce discours. Le gouvernement sahraoui a, également, appelé à l'application des exigences du droit international et du droit international humanitaire, pour mettre fin au pillage illicite par le Maroc des ressources naturelles du Sahara occidental, assurer une protection pour les Sahraouis de l'oppression marocaine, à travers l'élargissement des prérogatives de la MINURSO à la protection et suivi de la situation des droits de l'Homme et à l'accélération de la libération des prisonniers politiques sahraouis. Mobilisation accrue pour l'indépendance du Sahara Occidental De Washington à Londres, en passant par Paris, des membres de partis politiques et représentants d'ONG ont tenu à faire entendre leur voix. Un comité de soutien au peuple du Sahara Occidental vient de voir le jour en Tunisie. Ce comité dirigé par deux juristes et un journaliste a saisi cette occasion pour appeler à l'organisation urgente d'un référendum au Sahara Occidental, permettant ainsi au peuple sahraoui d'exercer son droit inaliénable à l'autodétermination. Lors d'une journée d'étude consacrée à la cause sahraouie et placée sous le thème: "Le Sahara occidental: 40 ans sous l'occupation", le Groupe parlementaire norvégien pour le Sahara Occidental a réitéré, vendredi, son soutien au peuple sahraoui et réaffirmé son droit à l'autodétermination et à l'indépendance. Le même jour, à Washington, quelques dizaines de militants de droits de l'Homme se sont rassemblés aux abords de l'ambassade du Maroc pour demander à Rabat de cesser de faire obstruction à la tenue d'un référendum d'autodétermination au Sahara Occidental. L'appel lancé par la Fondation américaine pour le Sahara occidental, (US Western Sahara Foundation) a été suivi par plusieurs représentants des organisations des droits de l'Homme telle que l'ONG "Nonviolent International", des réfugiés sahraouis ainsi qu'un ancien responsable de la Minurso. Le 6 novembre, un autre rassemblement de soutien a été organisé à Paris par des militants de la cause sahraouie qui avaient lancé à l'adresse du gouvernement du Maroc: "Assez. Référendum d'autodétermination et libération des prisonniers politiques maintenant". Des représentants notamment de l'Association des amis de la RASD, Association de la Communauté sahraouie en France (ACSF), Association des Sahraouis en France (ASF), Fondation Franz Fanon et le Mouvement de la paix, sont sortis dans la rue pour montrer que "la mobilisation est aussi indispensable pour briser le silence des principaux médias et contraindre le gouvernement français à changer de politique et à ne plus soutenir le pouvoir marocain". L'ONU appelle à de véritables négociations Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-Moon a appelé, la semaine dernière, à de véritables négociations entre le Front Polisario et le Maroc qui doivent être lancées dans les prochains mois et devant aboutir à "une solution politique mutuellement acceptable, permettant l'autodétermination du peuple du Sahara occidental". Le 10 décembre 1975, l'ONU adopta la résolution 3 458 A (XXX), qui demandait à la Puissance administrante l'organisation d'un référendum sous la supervision des Nations unies et la mise en œuvre de tous les moyens nécessaires, de manière à ce que "tous les Sahraouis originaires du territoire exercent pleinement et librement, sous la supervision de l'ONU, leur droit inaliénable à l'autodétermination". Le 27 février 1976, au lendemain du retrait de l'Espagne du Sahara occidental, le Front Polisario proclama la naissance de la République arabe sahraouie démocratique. Le Conseil de sécurité des Nations unies, par la résolution 690, envisagea en avril 1990 d'organiser un référendum , cette proposition fut acceptée par les parties concernées.