Le Premier ministre Abdemalek Sellal a dressé, dans une interview exclusive à l'APS, un bilan sans complaisance de la situation économique, tout en relevant le déploiement d'un modèle de croissance avec une vision à long terme. Toutefois, M. Sellal a affirmé qu'en dépit d'une situation délicate le gouvernement était en mesure d'"affronter" cette conjoncture sans être soumis à la contrainte de l'endettement et en disposant d'une marge de manœuvre financière. Le Premier ministre a également évoqué le terrorisme international et ses diverses ramifications, confirmant la pertinence des positions algériennes sur ce phénomène avant de plaider pour un encouragement des processus politiques visant à "restaurer l'autorité et l'Etat de droit dans les pays arabes et africains". Situation économique "dure" mais l'Algérie "tient bon" L'économie algérienne "tient bon" malgré la chute de ses revenus pétroliers mais la situation est "dure" et nécessite un déploiement du modèle de croissance avec une vision à long terme, a indiqué Abdelmalek Sellal. "Notre pays a vu ses recettes extérieures réduites presque de moitié en quelques mois. C'est dire la brutalité du choc qu'a subie l'économie algérienne en pleine reconstruction. Malgré cela on tient bon", a souligné M. Sellal. Le Premier ministre a clairement affirmé que la situation économique du pays est "dure" et que "les contraintes sont réelles avec des perspectives d'évolution incertaines", en relevant, cependant, que l'Algérie encaisse ce choc pétrolier mieux que beaucoup de pays. Ainsi, les niveaux des réserves de change et des ressources du Fonds de régulation des recettes (FRR) demeurent "corrects", déclare M. Sellal. L'inflation a pu être maitrisée, les dépenses sont plus rationalisées et le commerce extérieur est plus maitrisé, a-t-il encore soutenu. M. Sellal cite, ainsi, la baisse des importations de l'ordre de 11,3% durant les dix premier mois de 2015 par rapport à la même période de 2014, et la réduction des dépenses publiques de 5% alors que les ressources ordinaires du budget progressaient de 9,3%. Les crédits à l'économie ont continué, de leur côté, à augmenter (+22,7% par rapport à 2014) tandis que des niveaux de liquidités appréciables ont été maintenus au niveau des banques avec plus de 730 milliards de DA afin de permettre l'investissement national, précise-t-il. Entre 2014 et 2015, la croissance du PIB a été pratiquement identique pour se situer à 3,8%, rappelle le Premier ministre en avançant que l'objectif fixé dans le projet de Loi de finances 2016 est d'atteindre une croissance de 4,6%. Dans ce sens, il considère que le "statu quo" ou l'attentisme serait "fatal" aux Algériens. M. Sellal a également soutenu que la croissance est à chercher dans la sphère économique réelle où l'entreprise constitue la "clé de voûte", ajoutant que c'est ce modèle de croissance qui est en cours de déploiement avec une "vision claire" à l'horizon 2019 et qui pourrait être élargie à 2030. Concernant l'augmentation des prix des produits énergétiques, le Premier ministre affirme que cette démarche de réajustement tarifaire ne touchera en aucun cas les petits consommateurs ou les habitants des régions Sud. Terrorisme: pertinence des positions algériennes Les évènements tragiques que connaît le monde, ces derniers jours, confirment la "pertinence" des positions algériennes sur le terrorisme, a affirmé le Premier ministre. "Il est triste de constater que les évènements tragiques que connaît le monde ces derniers jours, confirment la pertinence des analyses et des positions algériennes sur nombre de sujets tels que le terrorisme, le recul critique sur ce qu'on appelé le ‘printemps arabe', le danger de la destruction des pays ainsi que l'importance de l'intégrité des Etats et de la souveraineté des peuples, loin de toute ingérence", a-t-il expliqué. "Le pouvoir de nuisance des groupes terroristes a considérablement augmenté à la suite des jonctions qu'ils ont opérées avec la criminalité transnationale et les trafics de toutes sortes", a-t-il souligné, relevant que "ce sont des criminels et des brigands qui créent et profitent de situations de chaos sécuritaire et humanitaire pour augmenter leur pouvoir et servir leurs intérêts". Il a rappelé, à ce propos, que l'Algérie "a toujours appelé à la coordination et à l'entraide internationale dans la lutte contre le terrorisme par l'assèchement de ses sources de financement, notamment en interdisant le paiement de rançons, la lutte implacable contre les trafics d'armes et de drogues ainsi que le phénomène de traite d'êtres humains". Tout en réitérant la position de l'Algérie en matière de lutte contre le terrorisme et ses diverses ramifications, le Premier ministre a plaidé pour un encouragement des processus politiques visant à "restaurer l'autorité et l'Etat de droit dans les pays arabes et africains". "Il est également crucial d'encourager les processus politiques pacifiques et inclusifs dans les pays arabes et africains pour permettre l'avènement de gouvernements forts et légitimes, capables de restaurer l'autorité et l'Etat de droit sur des populations et des territoires jusque-là livrés à ces hordes d'assassins et de trafiquants", a souligné M. Sellal. "J'ai également une pensée très forte envers notre communauté nationale installée à l'étranger dont les membres partagent l'anxiété générale des habitants des pays où ils résident, mais sont confrontés aussi à des amalgames infondés et à des manifestations de xénophobie et de racisme inacceptables", a soutenu le Premier ministre, assurant que l'Algérie "est à leur côté dans cette épreuve". M. Sellal a indiqué que "les autorités concernées par la sécurité nationale et particulièrement l'Armée nationale populaire et les services de sécurité, restent totalement mobilisés et engagés pour préserver la sécurité des biens et des personnes sur l'ensemble du territoire national".