Une nouvelle mouture de 29 pages du projet d'accord a été présentée mercredi au Bourget par le président de la COP21, Laurent Fabius, à moins de 48 heures de la clôture de la conférence que beaucoup d'observateurs anticipent sur sa ''réussite". Lors d'une séance plénière, à laquelle a pris part le ministre d'Etat, ministre les Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Ramtane Lamamra, le président de la COP21 a mis entre les mains des représentants de 195 pays, un texte plus court et "nettoyé de beaucoup de points discordants". Le projet comporte 75 % de "crochets" en moins, mais il reste encore de "nombreux points à trancher", a indiqué Laurent Fabius. "Le texte s'efforce de refléter aussi fidèlement que possible les compromis naissants", a-t-il ajouté sans donner plus de détails, avertissant que le document est appelé à connaître des changements d'ici à la fin du sommet vendredi. Affirmant qu'il reste à "travailler le jour, la nuit pour arriver à l'accord que le monde attend", Laurent Fabius a estimé que ce texte permet d'abord d'avoir "une vision d'ensemble des équilibres à trouver". Selon les quelques indiscrétions au Bourget, la nouvelle mouture consacre, en matière d'ambition, trois options concernant l'objectif de réchauffement climatique : contenir ce réchauffement sous 2°C au-dessus des niveaux pré-industriels à la fin du siècle, ou maintenir la hausse de température bien en dessous de 2°C, ou enfin imposer l'objectif de 1,5°C demandé par les pays les plus vulnérables aux dérèglements climatiques. Par ailleurs, au sein des délégations, on relève que beaucoup d'efforts ont été fournis pour élaguer le maximum de désaccords. En tout cas, l'atmosphère à la conférence est moins tendue, a-t-on constaté, et pratiquement tout le monde semble d'accord pour la limitation des émissions des gaz à effet de serre à moins de 2 degrés C. Le principe est là, reste cependant la question de timing et d'agenda que les pays industrialisés doivent arrêter pour qu'en 2030, le monde se dirige désormais vers une autre ère, celle de l'économie propre, économie à bas carbone. Les intérêts sont très divergents et les négociations du dernier quart d'heure vont être encore "difficiles", selon nombre d'observateurs à la conférence. La délégation algérienne a tenu, juste après la présentation du projet, une réunion de coordination présidée par le chef de la délégation, Ramtane Lamamra. Du côté des pays en développement, qui veulent saisir cette "opportunité" du réchauffement climatique, la question du financement pour l'adaptation et la résilience en leur faveur n'a pas été définitivement tranchée. Pour beaucoup, les "lignes de fracture restent entières", tant que les intérêts sont très éloignés et divergents. "Nous ne pouvons pas aller vers le développement d'une économie propre avec des promesses. Nous voulons des actes", a-t-on entendu, durant les dures journées des négociations, des pays en développement, qui se déclarent tous "non responsables" de cette situation climatique désastreuse. Les pays africains, pour leur part, qui sont venus à la COP21 pour ne pas jouer un rôle de figurant, ont pratiquement marqué leur participation, pour la première fois, avec des propositions et initiatives. "Nous sommes pas venus à la COP21 pour quémander, mais pour revendiquer notre droit au développement", ont martelé des délégués africains à maintes occasions qui leur ont été données. A signaler que l'accord doit être conclu jeudi pour procéder aux vérifications juridiques finales et à la traduction dans les six langues onusiennes (anglais, français, russe, arabe, chinois, espagnol) et l'adoption interviendra vendredi en plénière en fin d'après-midi.