L'officialisation de Tamazight dans l'avant-projet de révision de la Constitution a été saluée par des personnalités nationales, universitaires et acteurs de la culture berbère issus des wilayas du centre du pays. A Bejaia, l'officialisation de cette langue est perçue comme "une avancée symbolique et significative", allant, pour beaucoup, dans le sens du confortement de la cohésion sociale et de l'unité nationale. "C'est une avancée, une consécration symbolique des luttes de plusieurs générations pour Tamazight. Elle va dans le sens d'une demande citoyenne et populaire", estime Said Salhi, vice-président de la ligue algérienne des droits de l'homme. Ce dernier a, cependant, émis des réserves quant aux modalités de sa concrétisation sur le terrain. "L'avant-projet de révision de la Constitution contient beaucoup de nuances, sur la véritable place de Tamazight dans l'édifice institutionnel, on n'y voit pas très clair", a-t-il relevé, à cet effet. De son côté, Khaled Zirem, éditeur et président du café littéraire de Bejaia, n'en pense pas moins. "L'avancée est symbolique, mais elle ne rassure pas quant au projet de sa mise en œuvre, n'adhérant pas à l'idée de création d'une académie, qui ne soit pas autonome dans son action et dans son fonctionnement". Pour autant son affirmation est déjà en soi "une réponse à des années de revendications et de lutte identitaire", a-t-il ajouté. En fait, l'annonce de l'officialisation de Tamazight est unanimement saluée dans sa portée symbolique, mais d'aucuns affichent une réserve sur sa mise en application. Pour leur part, les habitants de la région de Chenoua, dans la wilaya de Tipasa, ont accueilli avec "joie et satisfaction" l'officialisation de la langue amazighe pour la première fois dans l'histoire de l'Algérie. Pour Abdelkader Bouchlaghem, activant dans le domaine de la préservation de la culture amazighe, l'officialisation de Tamazight est "un acquis considérable et permettra, sans nul doute, de promouvoir cette composante essentielle de l'identité nationale". Il s'agit également, a-t-il dit, d'une "réconciliation avec l'histoire, qui est à même de renforcer les rangs de l'unité nationale de manière générale", a-t-il estimé. Il a souligné, toutefois, la nécessité de faire de "gros efforts pour mettre en place une langue standardisée à travers l'assemblage de toutes les variantes linguistiques comme le kabyle, le chenoui, le mozabite et le targui". La région de Chenoua s'étend des frontières de oued Mazafran à l'est jusqu'à la limite avec la wilaya de Chlef à l'ouest et s'étend également jusqu'à la wilaya de Ain Defla au sud-ouest, rappelle-t-on. Les habitants de cette région ont préservé le parler de la variante chenouie, considérée comme étant une des variantes vernaculaires les plus parlée dans le nord du pays. Pour le réalisateur de théâtre, Omar Fetmouche, l'officialisation de Tamazight est "une étape très positive et de grande importance" pour la reconnaissance de cette langue essentielle dans l'identité algérienne et "mettra un terme à toutes les manœuvres politiciennes autour d'elle". Le natif de Bordj Menaiel, à l'est de Boumerdès, qui a servi de longues années durant à la tête du théâtre régional de Béjaïa, a ajouté que le statut de langue officielle "facilitera à Tamazight le processus de son intégration dans les différents domaine de la vie quotidienne des Algériens". "L'Algérie est gagnante dans cette affaire, puisqu'elle renforcera sa diversité culturelle et linguistique", a-t-il souligné. De son côté, le comédien de théâtre et acteur de cinéma, Azazna Ahcène, vice-président de l'association "Ecureuil" du théâtre de Bordj Menaiel, a estimé que cette étape est "un acquis important pour le pays et le peuple algérien", qualifiant l'officialisation de Tamazight de "récompense aux efforts des militants de cette cause depuis plusieurs années".