Partagée entre ceux qui appellent à l'officialisation et l'ouverture d'une académie, la langue amazighe continue d'attendre la place qui lui revient dans son pays. Objet d'un large consensus politique, lors des dernières consultations relatives à la révision de la Constitution, le projet de l'officialisation de la langue amazighe, continue de susciter des interrogations quant à son officialisation par des millions d'Algériens des quatre coins du pays. Le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, a répondu il y a quelques semaines à l'APN sur la même question que «l'officialisation n'est pas pour demain et ce n'est pas pour une raison politique, mais typiquement technique», a-t-il dit, tout en ajoutant que «le pouvoir a tranché cette question qui fait agiter les partis politiques et la société civile». Abdelmalek Sellal, dira même qu'il serait difficile et même compliqué d'officialiser cette langue, alors que sur le plan académique, son enseignement au niveau de l'école n'est pas maîtrisé. Sollicité pour répondre sur la question de son officialisation, Me Farouk Ksentini, président de la Commission nationale consultative de protection et promotion des droits de l'homme (Cncppdh) que nous avons joint par téléphone, revient sur le sujet avec persistance. «D'abord, tamazight n'a pas été importée. Elle a existé depuis l'histoire du peuple algérien. Son officialisation répond à une double nécessité», dira-t-il. «Le facteur historique doit être réhabilité, d'une part, et d'autre part, la majorité des Algériens y croient et revendiquent sans cesse l'officialisation de tamazight depuis longtemps. «Il revient à l'Etat de mettre tous les moyens nécessaires afin de faire avancer son développement et enseignements de qualité», a souligné Me Farouk Ksentini. L'officialisation de tamazight, a trouvé un large consensus dans le débat national auprès de nos compatriotes des quatre coins du pays, donnera-t-il comme argument, avant d'ajouter que «la nouvelle Constitution devra saisir cette occasion comme une chance pour constitutionnaliser la langue amazighe, comme deuxième langue nationale et officielle au côté de l'arabe», fera-t-il savoir. Répondant au sujet de cette préférence qui va dans le sens de la création d'une académie de la langue amazighe, M.Ksentini dira que «l'important est d'avoir un accord de principe, tout autre question est secondaire», selon le président de le Cnppdh, la réhabilitation de la langue maternelle est un acte de d'affirmation de l'identité dans le respect des différences, qui constitue la base de toute coexistence et stabilité, souligne Me Ksentini. Côté politique, Mme Nouara Djaâffar, porte-parole du parti RND, répond sans convaincre, «le RND a proposé une loi pour la promotion et le développement de la langue amazighe à l'échelle nationale, avant qu'elle soit officielle», dit-elle, avant d'atténuer la pression pour lancer que le gouvernement est conscient de l'importance de la prise en charge de la langue maternelle amazighe. Deux absents lors de la dernière consultation portant sur la révision de la Constitution pour donner leurs avis et propositions sur la question, c'est le HCA et le Cnplet qui n'ont pas été invités afin de se prononcer sur l'une de ces questions fondamentales qui préoccupent les militants de toute République qui se réclame comme un Etat de droit. Sans parler d'autres dialectes amazighs, tels que le chaoui, le mozabite, le tergui, le chenoua et plus, les kabylophones qui se trouvent partout à revendiquer leurs langues maternelles, sont soutenus à forte raison par d'autres Arabes authentiques, pendant que d'autres Kabyles nient leurs racine et identité. La prise de conscience du peuple quant à l'importance de l'officialisation de tamazight dépasse l'Arabe ou le Kabyle. Ce sont les Algériens qui revendiquent haut et fort l'authenticité et la légitimité linguistique en Algérie.