Un consensus en vue d'un système de romanisation des termes arabes est primordial pour sauvegarder les valeurs culturelles et identitaires des pays arabes, a estimé un universitaire, lundi à Constantine, au cours d'un colloque international sur l'onomastique dans les pays arabes et du Sahel. Brahim Atoui, du Centre national de recherche en anthropologie sociale et culturelle (CRASC), a considéré qu'un tel consensus "permettrait une translitération en caractères latins reproduisant fidèlement les sons des lettres et éviterait toute forme de déviation des noms arabes". Il a ajouté qu'une translitération arabe commune, reproduisant aussi bien les spécificités maghrébines avec ses prolongements sahéliens, du Machrek avec ses profondeurs asiatiques et africains apporterait un "éclairage inédit" sur un corpus des noms propres sous l'angle de leurs ancrages historiques et linguistiques. Affirmant que la toponymie est "partie intégrante du patrimoine immatériel d'une nation", M. Atoui a estimé que des décisions "importantes" relatives à la romanisation des termes arabes en caractères latins ont été prises, lors des réunions du groupe d'experts de l'ONU, "en l'absence de spécialistes arabes", ce qui requiert, selon lui, une "rectification de tir". Evoquant l'intérêt que porte l'ONU à la normalisation des noms géographiques à travers ses multiples divisions chargées de traiter les problèmes liés à la toponymie, le conférencier a tenu à souligner que 30 systèmes de translitération ont été adoptés jusque-là par l'ONU. De son côté, le président de la division arabe du groupe d'experts des Nations Unies pour les noms géographiques (GENUNG), le général Awni Khaswana, a indiqué à l'APS que plusieurs démarches ont été entreprises pour sensibiliser à l'importance de la romanisation et, mieux, visualiser les efforts du GENUNG dans ce domaine. Soutenant que les différences culturelles et ethniques doivent être reflétées dans la romanisation des noms géographiques, l'expert jordanien de l'ONU a estimé que l'ouverture d'un bureau permanent du GENUNG, à Amman (Jordanie), ainsi que l'édition de périodiques traitant du travail du groupe d'experts onusien et le lancement d'un site électronique du GENUNG sont en mesure de provoquer le déclic pour une "romanisation des termes arabes mieux adaptée". Des universitaires et des experts algériens et étrangers, venus notamment d'Arabie Saoudite, d'Egypte, du Mali, du Sénégal, du Niger et du Tchad plancheront durant trois jours sur les expériences de toponymie dans ces pays, et dresseront un état des lieux de la romanisation à travers le monde pour aborder, ensuite, la toponymie dans la littérature.