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Trois consécrations internationales
Farid Benramdane. Spécialiste en toponymie et onomastique
Publié dans El Watan le 15 - 01 - 2011

Défricheur des noms de lieux et de personnes, il nous ramène au cœur de l'histoire et de l'identité.
En mai prochain, à Vienne, la 26e session du Genung, le groupe des experts des Nations unies pour les noms géographiques, remettra officiellement à l'universitaire algérien, Farid Benramdane, le Prix de la toponymie africaine 2009. Au cours de cette même rencontre qui constitue un sommet mondial de la discipline, il sera également honoré à travers l'ouvrage collectif intitulé Nomination, dénomination. Des noms de lieux, de tribus et de personnes en Algérie qu'il a coordonné avec Brahim Attoui (2005).
Ce numéro spécial de la revue Insaniyat du Centre de recherche en anthropologie sociale et culturelle (CRASC d'Oran) a, en effet, été sélectionné pour faire partie de la base de références de l'instance onusienne. Le Genung s'attache à promouvoir les recherches sur les noms de lieux, composante essentielle des données spatiales de tous les pays, vu leur importance pour l'environnement et la connaissance des territoires. Il se charge notamment de normaliser ces noms dans leurs formes écrites. Ce n'est donc pas un hasard si le fameux site Google.map a repris l'information relative à la distinction de notre compatriote. Ces deux consécrations sont venues s'ajouter à une autre. Farid Benramadane a assuré, en juin 2010, la présidence du XVe Congrès de la Société française d'onomastique, une des sociétés savantes les plus anciennes au monde dans le domaine. Cet honneur lui a été accordé «eu égard à la situation éminente qu'occupent ses travaux dans le domaine de l'onomastique algérienne, maghrébine et arabe, et après proposition unanime de son Conseil scientifique».
Actuellement doyen de la faculté des lettres et des arts de l'université de Mostaganem, Farid Benramdane est né en 1955 à Tiaret. Après un bac en lettres arabes (1982), il a obtenu une licence de français à l'université d'Oran (1989), puis un magister en linguistique française à l'Université d'Alger (1996). Son mémoire de magister portait sur la toponymie et l'étude des transcriptions françaises ou francisées des noms de lieux de la région de Tiaret. En 2006, à l'université de Mostaganem, il a soutenu brillamment son doctorat en sciences du langage avec une thèse relative à la «Toponymie de l'ouest algérien, origine, évolution et transcription».
Son curriculum vitae impressionnant signale l'engagement de cet universitaire pour le développement de la toponymie et de l'onomastique en Algérie, disciplines essentielles à plus d'un titre pour la recherche historique, la sociologie, l'administration territoriale... Depuis 1998, il a organisé ou co-organisé de nombreuses rencontres sur ces disciplines comme sur la linguistique ou la didactique. De même, il est régulièrement invité dans les colloques similaires qui se tiennent dans le monde.
En 1998, Farid Benramdane est devenu membre expert de la Commission nationale permanente de toponymie. En 2007, à New-York, il a représenté l'Algérie à la 9e Conférence de l'ONU sur la normalisation des noms géographiques. Il a produit, à ce jour, une quarantaine de communications, autant d'articles scientifiques et dirigé plusieurs publications en Algérie comme à l'étranger. Par leur diversité, les thèmes qu'il a traités révèlent un souci de large investigation. Ce «balayage» du domaine n'est pas la marque d'une superficialité. La richesse des informations collectées et la profondeur des analyses indiquent, au contraire, une qualité scientifique indéniable. En tant que pionnier de ces disciplines, Farid Benramdane s'attache, avec quelques autres confrères, à constituer leur champ en Algérie.
Les sujets qu'il aborde sont souvent passionnants et intéressent même les profanes. Citons parmi ceux-ci : «Qui es-tu? J'ai été dit ? De la déstructuration de la filiation dans l'état civil en Algérie ou éléments d'un onomacide sémantique», «La souche ottomane dans la patronymie et la toponymie algériennes», «La toponymie maghrébine entre transcription et translittération», «Dis-moi comment tu t'appelles. Je te dirai qui tu n'es pas», etc.
En faisant parler les noms de lieux et de personnes, Farid Benramdane contribue de manière précieuse à la connaissance historique, culturelle et sociale de notre pays.


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