Les pays ayant pris part jeudi à la conférence de Londres des donateurs doivent tenir leur promesses de soulager quelque peu le drame subi par les réfugiés syriens même si leurs dons ne règleront pas le conflit syrien qui nécessite impérativement une solution politique loin des calculs intéressés, ont insisté des intervenants lors de cette rencontre. Des chefs de gouvernements, des ministres, des organismes internationaux et des banques ont promis de mettre à la disposition des réfugiés syriens dans les pays d'accueil de la région près de 11 milliards USD, ils doivent à présent tenir leurs engagements, tel que souhaité par le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon. L'année dernière, l'ONU avait réclamé 8,4 milliards de dollars pour les Syriens mais n'avait reçu que 3,3 milliards, car la moitié des promesses de la conférence du Kuweit de 2015 n'ont pas été tenues, ont affirmé des ONG. Qualifiée d'avoir été "un succès" par ses organisateurs, la conférence de Londres a "réussi à réunir la plus grosse somme jamais réunie en un jour en réponse à une crise humanitaire", a constaté M. Ban Ki-moon à la clôture de ses assises. L'UE a promis 3 milliards de dollars, l'Allemagne en a promis 2,3 d'ici 2018, le gouvernement britannique débloquera 1,74 milliard d'ici 2020, et la France environ un milliard de dollars pour la période 2016-2018. L'Australie, la Belgique, l'Italie, la Pologne, le Japon, les Emirats Arabes Unis, l'Autriche, la Suisse, l'Estonie, le Danemark et la Finlande, ainsi que la Banque mondiale et la Banque européenne d'investissement, ont également engagé des fonds. Sur les fonds promis, 5,6 milliards de dollars doivent être versés en 2016 et 5,1 d'ici 2020. Les organisateurs de la rencontre, le Royaume Uni, l'Allemagne, la Norvège, le Koweït et les Nations Unies, ont réussi leur pari de doubler les dons à même de maintenir, pour l'avenir, l'espoir des jeunes générations syriennes, sur les questions de l'éducation, la santé et l'emploi. Les plus grands donateurs sont l'Allemagne, les Pays-Bas, la Suède, la Norvège et le Royaume-Uni. Le Qatar et l'Arabie saoudite ont promis les plus petites sommes. Les investissements annoncés à Londres doivent permettre de "créer d'ici 2018 jusqu'à 1,1 million d'emplois pour les réfugiés syriens et les communautés autochtones qui les côtoient", selon la déclaration finale de la conférence. Les pays donateurs se sont également fixés pour objectif de "fournir une éducation de qualité à 1,7 million d'enfants", note la déclaration. S'il est vrai que ces dons vont permettre de mieux prendre en charge les réfugiés se trouvant notamment, en Turquie, en Jordanie et au Liban, ils demeurent, toutefois, une action humanitaire qui ne règle pas les conflits de fonds, mais aussi une stratégie qui permettra aux pays européens de limiter le flux migratoire chez eux. Le conflit syrien a contraint 4,5 millions de la population à fuir vers la Jordanie, le Liban, l'Irak, la Turquie ou encore vers l'Egypte, tandis que des centaines de milliers ont rejoint l'Europe qui a connu en 2015 le flux migratoire le plus important depuis la dernière guerre mondiale, selon les propos des intervenants. Le fonds d'aide approuvé par l'UE destiné aux réfugiés syriens vivant en Turquie conditionne l'aide destinée à Ankara par le freinage des flux migratoires vers l'Europe, relève-t-on. Par ailleurs, lors de la conférence, beaucoup d'intervenants, notamment des leaders des grands pays et le secrétaire général de l'ONU, ont insisté sur l'impératif d'une solution politique au conflit syrien, qui a déjà fait 250 000 morts et plus d'un million de blessés, tel que souligné par la déclaration finale de la Conférence. Certains conférenciers ont accusé la Russie de "soutenir le gouvernement syrien au détriment des intérêts de la population", l'invitant à faire pression sur le président syrien pour qu'il intègre les négociations de paix. Les derniers frappes aériennes russes contre les groupes terroristes ont été abordées, mais paradoxalement, aucun des intervenants n'a évoqué les bombardements de la coalition, sous l'égide des Etats Unis d'Amérique, et dont le Royaume Uni fait partie. Ban Ki-moon, John Kerry et David Cameron ont relevé qu'une solution militaire, sans précisé laquelle, ne règlera pas le drame syrien. Les bombardements militaires de la coalition poussent également la population syrienne à fuir le pays, ce qui rend les puissances occidentales responsables du drame des réfugiés qu'ils ont tout le temps endossé au gouvernement syrien et son "allié la Russie", selon des observateurs. Ban Ki-moon a déclaré que le peuple syrien n'avait pas besoin seulement de nourriture mais de l'espoir pour son avenir, M. Kerry a abondé dans le même sens lorsqu'il a dit que les chèques signés ne feront pas revenir la paix en Syrie. Les deux responsables ont exhorté les parties syriennes à ouvrir des négociations politiques pour un règlement de la crise.