La question d'une "réadmission" par la Turquie de candidats réfugiés ayant transité par son territoire pour passer en Grèce, est au programme de responsables européens, selon les médias. L'UE est sous pression pour trouver des réponses à la pire crise migratoire sur son territoire depuis la Seconde Guerre mondiale, avec un million d'arrivants en 2015. Pour la Chancelière allemande Angela Merkel, la Turquie est la clé de la résolution de la crise. Merkel est arrivée lundi à Ankara afin de "veiller à l'exécution" du plan d'action signé le 29 novembre entre l'Union européenne et la Turquie pour endiguer le flux des réfugiés syriens. Le plan d'action prévoit une aide européenne de 3 milliards d'euros aux autorités turques en échange de leur engagement à mieux contrôler leurs frontières et à lutter contre les passeurs. L'Italie bloquait le lancement de ce plan, mais ces réticences ont été levées fin janvier. "Ces 3 milliards sont destinés à aider les réfugiés pour qu'ils restent sur place", explique-t-on à Paris. Ankara et Berlin vont en outre demander cette semaine l'aide de l'Otan pour mieux lutter le long des côtes turques contre les passeurs et l'immigration illégale vers l'Europe, a indiqué Mme Merkel lundi. De son côté, la chef de la diplomatie européenne Federica Moghereni avait appelé samedi les Turcs "à leur devoir moral, sinon légal, de non-refoulement", en laissant entrer les Syriens fuillant les violences à Alep (Syrie). Cet appel entre en contradiction avec les appels récurrents des Européens à empêcher les réfugiés syriens de venir dans l'UE depuis la Turquie. Le 5 février, le ministre grec de l'Interieur, Panagiotis Kouroumblis, avait déclaré que son pays avait "accepté de reconnaître la Turquie comme un pays tiers sûr". Un terme qui figure dans le droit européen et permet à certains pays de ne pas examiner, ou de considérer comme "irrecevables" les demandes d'asile des personnes qui seraient passées par un tel pays. Le ministre grec semblait donc ouvrir la porte non seulement au renvoi vers la Turquie de migrants dits "économiques" , mais aussi de demandeurs d'asile. Si ce pays est jugé "sûr", pourquoi ne pas y renvoyer les réfugiés potentiels, qui pourraient y introduire leur demande". Par ailleurs, désireux de réduire considérablement le nombre de réfugiés, le gouvernement néérlandais propose de renvoyer directement en Turquie les réfugiés arrivés en bateau en grèce. Cette feuille de route prévoit, en contrepartie, qu'un groupe restreint d'Etats accueillent directement 250.000 demandeurs d'asile. Une initiative qui suscite des avis partagés dans la presse. L'Autriche souhaite que les migrants pris en charge à leur arrivée en Grèce par l'agence européenne aux frontières, Frontex, puissent être directement renvoyés en Turquie, avait déclaré récemment le chancelier autrichien social-démocrate Werner Faymann à la presse. "Frontex doit arrêter les gens qui fuient vers la Grèce.Tous doivent être sauvés, mais ensuite ces personnes doivent être renvoyées en Turquie. Ainsi, Frontex ne serait pas qu'un programme de sauvetage mais réellement un service de protection des frontières", a déclaré le chancelier. Il a ajouté avoir proposé "cette solution optimale" au Premier ministre turc Ahmet Davutoglu lors de la conférende des donateurs sur la Syrie, jeudi dernier à Londres. Dans le journal Kronen Zaitung, Faymann assure que ce serait "la seule mesure complètement efficace pour briser les réseaux de passeurs". Selon les services de la chancellerie, la Turquie obtiendrait en contrepartie un déblocage plus rapide des trois milliards d'euros d'aide approuvée par l'Union Européenne pour juguler le flux des migrants. L'Autriche est l'un des pays européens qui a accueilli, au regard de sa population, le plus grand nombre de demandeurs d'asile en 2015. Ce pays de 8,7 millions d'habitants a accueilli 90.000 demandeurs d'asile en 2015, soit l'équivalent de plus de 1% de sa population.