La résorption de l'excédent de l'offre pétrolière exige une "vraie réduction" de la production et pas seulement un gel de cette dernière, a indiqué l'expert en énergie et président de Stratégies et Politiques Energétiques, Francis Perrin, dans un entretien accordé à l'APS. Selon ce spécialiste des questions énergétiques, l'accord du gel de la production au niveau de janvier 2016, décidé mardi dernier par l'Arabie Saoudite, le Qatar, la Russie et le Venezuela, "n'est pas suffisant". "Pour résorber l'excédent de l'offre pétrolière sur la demande, il faut une vraie réduction de la production et pas seulement un gel au niveau, fort élevé, de janvier 2016", a-t-il expliqué en estimant, cependant, que l'existence d'un accord entre ces quatre pays, dont deux des trois plus grands producteurs mondiaux (Russie et Arabie Saoudite), est "un élément positif". Pour lui, "cela peut contribuer à créer une dynamique si d'autres pays se joignent à cette initiative et si cela permet de déboucher, à terme, sur une diminution de la production pétrolière mondiale", en relevant que pour l'instant, "c'est beaucoup trop peu". A la question de savoir si l'Iran et l'Irak allaient faire un geste de bonne volonté et joindre cette initiative, M. Perrin a exprimé son scepticisme, expliquant que pour le cas de l'Iran, "cela paraît très peu probable" car ce pays "a subi pendant des années le poids des sanctions occidentales et a complètement perdu l'accès au marché de l'Union européenne qu'il veut, à présent, récupérer". L'Iran "estime aussi que certains producteurs, dont l'Arabie Saoudite, lui ont pris des parts de marché dans le passé, ce qui ne l'incite pas à accepter des concessions", a-t-il prévenu, notant que les quatre pays signataires de l'accord de Doha ne réduisent pas leur production, alors que pour Téhéran, les autres pays "doivent faire de vrais efforts, ce qui n'est pas le cas à ce jour". Pour le cas de l'Irak, l'expert considère que la question "est plus complexe". En effet, ce pays a engagé, avec plusieurs grandes compagnies pétrolières, des projets de développement ou de redéveloppement pétroliers de très grande taille et entend continuer sur cette voie, relève le même expert qui n'écarte pas, toutefois, la possibilité d'une "pause temporaire". Au sujet du "prix raisonnable" du baril, souhaité par des pays producteurs, investisseurs et exportateurs dont l'Algérie, M. Perrin a estimé qu'une fourchette entre 60 et 80 dollars "serait une très bonne chose pour beaucoup de monde". "Si les prix du pétrole pouvaient remonter à 50-60 dollars par baril en 2017, cela donnerait un bol d'air à l'industrie pétrolière et aux pays producteurs. Une fourchette de 60-80 dollars/baril serait une très bonne chose pour beaucoup de monde", a-t-il dit, considérant, cependant, qu'""on en est encore loin". Mais l'important, avance-t-il, c'est d'abord de "stopper la chute des prix et de renverser la vapeur, même modestement au début, pour casser les anticipations baissières".