Le secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon, a achevé lundi une visite de deux jours en Algérie lors de laquelle il a annoncé la reprise prochaine des tournées de son Envoyé personnel, Christopher Ross, dans la région pour le règlement du conflit au Sahara occidental opposant le Maroc et le Front Polisario. Le conflit, vieux de plus de 40 ans, a été au coeur de la tournée de M. Ban dans la région, en se rendant en Espagne, Mauritanie, les camps de réfugiés sahraouis et les territoires sahraouis libérés à Bir Lehlou ainsi que l'Algérie. "J'ai demandé à mon Envoyé personnel, Christopher Ross, de reprendre ses tournées afin de créer une atmosphère propice à la reprise des pourparlers" entre le Maroc et le Front Polisario, a notamment déclaré le chef de l'Onu, en présence du ministre d'Etat, ministre des Affaires étrangères et de la coopération internationale, Ramtane Lamamra. Auparavant, à Chahid El Hafedh, dans les camps des réfugiés sahraouis, le secrétaire général des Nations Unies a insisté la "nécessité de trouver une solution qui permet au peuple sahraoui d'exercer son droit à l'autodétermination". "C'est ce que demande le Conseil de sécurité depuis 2004", a-t-il soutenu. En outre, un règlement juste et définitif du conflit au Sahara occidental a été longuement abordé lors des entretiens algéro-onusiens lors desquels un accent particulier a été mis "l'impératif" du parachèvement du processus de décolonisation du Sahara Occidental, à travers l'organisation d'un référendum d'autodétermination du peuple sahraoui. MM. Lamamra et Ban ont, en effet, évoqué tous les deux "l'impératif de cette décolonisation à travers la Mission des Nations Unies pour l'organisation d'un référendum d'autodétermination au Sahara occidental (Minurso). Le Conseil de sécurité doit reconsidérer la question sahraouie Le représentant du Front Polisario auprès des Nations unies, Ahmed Boukhari, a indiqué quant à lui que la visite de M. Ban dans les territoires sahraouis libérés et les camps des réfugiés amènera le Conseil de sécurité à reconsidérer la question sahraouie, soulignant que "la vision stratégique future sera en faveur de cette cause". S'exprimant au terme des entretiens entre les responsables sahraouis et le secrétaire général de l'Onu, M. Boukhari a estimé que "cette visite amènera le Conseil de sécurité à reconsidérer la question sahraouie, après 40 ans d'occupation marocaine et de blocage par le régime marocain des termes de l'accord de 1991 qui prévoit l'organisation d'un referendum pour l'autodétermination du peuple sahraoui". Il a ajouté que cette visite était "un élément nouveau" dans les efforts onusiens pour le règlement du conflit au Sahara occidental d'autant qu'il s'agit, a-t-il dit, de la première visite d'un secrétaire général onusien dans les territoires libérés". Cette visite, rappelle-t-on, est la première du genre d'un responsable onusien de ce niveau aux territoires sahraouis libérés et quatrième d'un responsable onusien aux camps des réfugiés sahraouis après celles effectuées par ses prédécesseurs Javier Pérez De Cuéllar, Boutros Boutros Ghali et Kofi Annan. Le déplacement de M. Ban à Chahid EL Hafedh et Smara et Bir Lehlou, lui ont permis de voir les conditions dans lesquelles vivent les réfugiés sahraouis, rencontrer la Mission de l'ONU pour l'organisation d'un referendum pour l'autodétermination au Sahara occidental et de s'enquérir des conditions de travail de l'unité onusienne de déminage. M. Ban a, a cette occasion, déploré "la souffrance du peuple sahraoui", qui, a-t-il estimé, se trouve "oublié par la communauté internationale ainsi que sa cause". "l'Onu oeuvrera davantage pour la reprise du dialogue et l'aide des réfugiés", a rassuré le haut responsable onusien. Le déplacement de Ban Ki-moon, entamé mardi depuis l'Espagne, était attendue par les Sahraouis comme "une nouvelle ère" et pour qu'elle soit un message fort à l'adresse de l'occupant marocain qui ne cesse de dresser des obstacles devant les efforts de la communauté internationale pour résoudre le conflit, ont indiqué des observateurs. Après avoir échoué dans sa tentative d'annulation de cette visite dans la région, pourtant approuvée par le Conseil de sécurité, le Maroc a essayé de la renvoyer à juillet de sorte qu'elle n'influera pas sur le prochain rapport de Ban Ki-moon et sur le renouvellement du mandat de la Minurso, prévu en avril. Inscrit depuis 1966 sur la liste des territoires non autonomes, et donc éligible à l'application de la résolution 1514 de l'Assemblée générale de l'ONU portant déclaration sur l'octroi de l'indépendance aux pays et peuples coloniaux, le Sahara occidental est la dernière colonie en Afrique, occupée depuis 1975 par le Maroc, soutenu par la France.