Le Secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, déterminé à engager des négociations directes entre le Front Polisario et le Maroc pour régler le conflit au Sahara occidental, a dénoncé "les attaques irrespectueuses" de Rabat contre sa personne, alors que les Sahraouis voient en l'attitude du Maroc un "signe d'affolement". Le Maroc, à l'origine du blocage dans le processus de paix avec le Front Polisario, multiplie les attaques contre Ban Ki-moon et sa volonté de parvenir à une solution juste et démocratique garantissant au peuple sahraoui son droit inaliénable à l'autodétermination et à l'indépendance. Le chef de l'ONU a sévèrement recadré Rabat en dénonçant des attaques "irrespectueuses" envers sa personne et envers les Nations unies, rappelant son attachement aux résolutions de l'ONU pour le règlement du conflit au Sahara Occidental, surtout que la partie marocaine s'entête à saper les efforts de l'ONU pour un règlement du conflit au Sahara Occidental. M. Ban a fait également part, suite à une rencontre à New York avec le chef de la diplomatie marocaine, Salaheddine Mezouar, de sa "stupéfaction" concernant la récente déclaration du gouvernement du Maroc, qui a reproché au chef de l'ONU de "s'être départi de sa neutralité, de son objectivité et de son impartialité" lors de sa dernière visite dans les camps des réfugiés sahraouis et les territoires libérés à Bir Lehlou. Dans le même contexte, M. Ban a exprimé "sa profonde déception et sa colère au sujet de la manifestation qui a été mobilisée dimanche" à Rabat avec "la présence de plusieurs membres du gouvernement marocain". "Pression et chantage marocains" Le ministre sahraoui délégué pour l'Europe, Mohamed Sidati, a récemment affirmé que l'attaque dirigée contre M. Ban Ki-moon, était "un signe de l'affolement" des autorités marocaines, qui ont eu recours, une nouvelle fois, à la pression et au chantage". Dénonçant les pratiques du Maroc, le responsable sahraoui a souligné que la violente réaction des autorités marocaines était motivée par "la légitimité conférée au combat du peuple sahraoui" par le Secrétaire général des Nations unies. "On assiste à la méthode à laquelle nous a habitué l'expansionniste marocain qui a toujours eu recours aux invectives, à la pression et au chantage", a-t-il relevé. Pour sa part, la représentante de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) en Espagne, Khira Bulahi, a expliqué que le "Maroc vivait actuellement un isolement international et ses positions sont en contradiction avec la légalité internationale". Citant l'Union africaine, qui milite pour la décolonisation du Sahara occidental et la Cour de justice européenne (CJE), qui a dénoncé en décembre l'accord commercial UE/Maroc pour les produits agricoles et de la pêche parce qu'il inclut le Sahara occidental, la diplomate sahraouie a relevé : "Ce que fait le Maroc constitue un autre pas dans le parcours intransigeant comme il a l'habitude de faire". "Ceci s'est traduit par le refus de la visite de Ban ki-moon dans la région, par l'assassinat d'un citoyen sahraoui et enfin par l'envoi de troupes militaires supplémentaires importantes vers les territoires occupés", a-t-elle poursuivi. De même pour l'Union des jeunes sahraouis à Madrid, qui estime que les déclarations de Rabat "sont le résultat de l'échec de la politique de colonisation" que mène le Maroc depuis 40 ans au Sahara occidental occupé. Au cours de sa dernière visite dans la région, le Secrétaire général de l'ONU s'est dit attristé par une tragédie humanitaire au Sahara Occidental occupé qui dure depuis quatre décennies, promettant de relancer la médiation de l'ONU en vue d'engager des négociations directs entre les parties en conflit. Il avait même assuré que les membres du personnel de la Mission de l'Onu pour l'organisation du référendum au Sahara occidental (Minurso) étaient "prêts à organiser un référendum s'il y a accord entre les parties". Dernière colonie en Afrique, le Sahara occidental a été déclaré en 1964 par l'ONU territoire non-autonome. Il a été occupé de force par le Maroc en 1975.