La nouvelle confiscation par Israël de plusieurs hectares de terres palestiniennes dans la vallée du Jourdain, en Cisjordanie occupée, a suscité de vives condamnations internationales, voyant en cette mesure un obstacle à la solution à deux Etats. L'occupant israélien a une fois de plus décidé mardi de confisquer 234 hectares de terres palestiniennes en Cisjordanie pour la construction de colonies juives. Une mesure similaire portant sur 150 hectares avait déjà été prise dans le même secteur de la vallée du Jourdain, à proximité d'Al Khalil, au mois de janvier dernier. Cette appropriation est la plus importante depuis des années dans la stratégique vallée du Jourdain, qui marque la frontière avec la Jordanie à l'est de la Cisjordanie, selon l'organisation anticolonisation "La Paix maintenant", qui scrute les annexions et les implantations dans les territoires occupés. L'occupant israélien vise par cette mesure à développer des colonies juives situées dans les environs et construire des installations commerciales et touristiques prévues depuis un certain temps par le gouvernement israélien, ajoute l'ONG. Israël persite à dire que les implantations israéliennes en Cisjordanie seront exclues des négociations avec les Palestiniens qui réclament de leur côté l'exercice d'une souveraineté sur l'ensemble du territoire. Ils accusent les autorités israéliennes de morceler volontairement la Cisjordanie pour les empêcher de fonder un Etat viable. Dans un communiqué, le négociateur palestinien en chef, Saeb Arekat, a demandé à la communauté internationale d'intervenir pour qu'Israël interrompe son projet. Vives condamnations internationales Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a estimé que cette décision constitue "un obstacle à la solution à deux Etats" préconisée pour résoudre le conflit israélo-palestinien. Selon son porte-parole Stephane Dujarric, M. Ban a indiqué que "de telles initiatives semblent signaler une intensification de la colonisation et montrent qu'Israël continue de consolider son contrôle de la Cisjordanie". Il a réaffirmé que "la colonisation est illégale au regard des lois internationales". M. Ban "exhorte le gouvernement israélien à stopper de telles actions et à revenir sur cette décision dans l'intérêt d'une paix juste et complète". Le département d'Etat américain a pour sa part critiqué le projet israélien, disant que les expropriations et le développement des colonies "affaiblissent fondamentalement les perspectives d'une solution à deux Etats". "Nous sommes fermement opposés à toute mesure qui accélère le développement des colonies, sujet qui soulève de sérieuses questions sur les intentions d'Israël à long terme", a indiqué John Kirby, le porte-parole du département d'Etat. La France a exprimé mercredi sa "vive préoccupation" quant à la décision des autorités israéliennes de "procéder à l'appropriation, au bénéfice de colonies israéliennes, de 234 hectares supplémentaires de terres en Cisjordanie". Le ministère français des Affaires étrangères a également souligné que la colonisation constitue une violation du droit international et contredit les engagements des autorités en faveur de la solution des deux Etats, ajoutant que la promotion de cette solution est "l'objectif qui guide l'action diplomatique de la France". Le ministre néo-zélandais des Affaires étrangères Murray McCully, dont le pays est actuellement membre non permanent du Conseil de sécurité de l'ONU, a fait savoir qu'il discutera avec ses collègues du Conseil de la façon de répondre à cette décision "profondément inopportune". "L'activité de colonisation d'Israël continue de menacer la viabilité de la solution à deux Etats", a déclaré M. McCully dans un communiqué, disant espérer voir Israéliens et Palestiniens retourner à la table des négociations, même si "ce dernier développement ne servira qu'à les éloigner davantage". Le gouvernement italien a de son côté indiqué qu'il "évalue avec préoccupation" cette décision. Dans un communiqué, le ministère des Affaires étrangères a souligné qu'il "s'agit d'une mesure qui, étendant la zone disponible pour de nouvelles colonies, constitue une menace pour la solution de deux Etats, qui est la seule à garantir aux Israéliens et Palestiniens un futur de paix et de sécurité". Rome a formé le voeu de voir Israël procéder à "un réexamen de cette décision" et invite les deux parties "à éviter des actions susceptibles d'aggraver la tension et à s'engager pour une reprise des négociations". Le gouvernement britannique a également condamné la décision d'Israël de s'approprier de ces terres palestiniennes. Une porte-parole du ministère des Affaires étrangères a affirmé dans un communiqué que "de telles mesures sont de nature à compromettre les perspectives de la solution de deux Etats". Elle a rappelé que le Royaume-Uni et ses partenaires internationaux ont toujours appelé Israël à mettre fin à l'expansion des colonies juives en territoires palestiniens. Cette expansion est "illégale en vertu du droit international et constitue un obstacle à la paix", a souligné la porte-parole du Foreign Office.