Les Etats-Unis ne reconnaissent pas la prétendue souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental qu'ils considèrent comme "un territoire non autonome en attente de décolonisation", ont indiqué mercredi à Washington des Congressmen américains. La commission des droits de l'homme du Congrès américain, Tom Lantos, a tenu à lever toute équivoque sur la position du gouvernement américain à l'égard de la question sahraouie durant l'audition qu'elle a consacré mercredi au statut du Sahara occidental. "Nous devons être clairs, les Etats-Unis n'ont reconnu la souveraineté d'aucun Etat sur les territoires du Sahara occidental qu'ils considèrent plutôt comme un territoire non autonome en attente de décolonisation", a déclaré le démocrate John Conyers devant un parterre d'hommes politiques américains, d'ONG et d'organismes internationaux venus assister à cette audition, la première du genre tenue par cette commission sur le Sahara occidental occupé. Pour rester en conformité avec cette position, et considérant le territoire sahraoui comme non autonome, les Etats-Unis n'ont pas inclus les produits provenant du Sahara occidental dans l'accord de libre-échange conclu avec le Maroc, a ajouté M. Conyers, en soulignant les efforts déployés par son pays, en tant que membre permanent du Conseil de sécurité de l'ONU, en vue de trouver une solution pacifique à ce conflit qui dure depuis 40 ans. John Conyers a rappelé au cours de cette audition les positions des officiels américains à l'instar de James Baker qui a renoncé à poursuivre sa médiation au Sahara occidental après le refus du Maroc de s'aligner sur son plan prévoyant l'autodétermination du peuple sahraoui. Le représentant de l'Etat de Michigan au Congrès a, par ailleurs, indiqué que les dernières mesures du Maroc visant à pervertir la Minurso a donné l'occasion au gouvernement américain et aux autres membres du Conseil de sécurité de confirmer "les objectifs inavoués du Maroc qui cherche une solution au conflit en dehors du cadre des Nations Unies". Conyers, également co-président du caucus sahraoui au parlement américain a lancé un appel au gouvernement américain afin d'appuyer au Conseil de sécurité la proposition de doter la Mission des Nations unies pour l'organisation du référendum au Sahara occidental (Minurso) d'un mandat de surveillance des droits de l'Homme. "Le Sahara occidental est la dernière colonie en Afrique (dont) le peuple attend le processus de son autodétermination depuis 25 ans", a indiqué de son côté, James Mc Govern, coprésident de la commission Tom Lantos. Mc Govern représentant de l'Etat de Massachusetts a soutenu qu'"en dépit des relations qui lient les Etats-Unis au Maroc, le respect des droits de l'homme doit primer sur tout autre intérêt car ce principe représente un élément essentiel dans le maintien de la sécurité dans la région." Il a, dans ce sens, insisté que la question sahraouie doit être résolue pour éviter un retour aux hostilités. Le Congressman démocrate a appelé le Maroc pour autoriser les observateurs des droits de l'homme de l'ONU à accéder sans restrictions aux territoires sahraouis occupés et à libérer les prisonniers politiques du Front Polisario. "Les enquêtes sur les violations des droits de l'homme dans les territoires occupés sont rendues difficiles en raison des restrictions imposées aux ONG et à la presse", a t-il relevé. Mc Govern n'a pas manqué de souligner les actions humanitaires de l'Algérie qui a accueilli des milliers de réfugiés sahraouis, ayant fui leur territoires pour échapper aux affres des violences exercées par les autorités marocaines. Pour sa part, le républicain Joseph Pitts qui co-préside la Commission Tom Lantos a noté que la tenue de cette audition intervient à un moment très critique pour le peuple du Sahara occidental et pour la mission de la Minurso, visée par une attitude négative de la part du Maroc. Le Conseil de sécurité qui s'apprête à reconduire le mandat de la Minurso le mois prochain est appelé, selon M. Pitts, ami du Sahara occidental, à renforcer la surveillance des droits de l'Homme dans ces territoires. Joseph Pitts a cité à ce propos le dernier rapport du département d'Etat américain sur les droits de l'homme qui fait état des restrictions aux libertés civiles et aux droits politiques imposés aux Sahraouis par le gouvernement marocain. L'audition qui s'est déroulée au siège de la chambre des représentants du Congrès, a été animée par un panel composé de plusieurs personnalités américaines et internationales, dont Kerry Kennedy, présidente de la fondation Kennedy, Francesco Bastagli, ancien représentant du secrétaire général de l'ONU au Sahara occidental, Eric Goldstein, directeur adjoint à Human Rights Watch et Erik Hagen, directeur de l'observatoire pour la protection des ressources naturelles au Sahara occidental.