Huit cents dix neuf (819) cas de brucellose humaine ont été diagnostiqués depuis le début de l'année en cours à travers les différentes localités de la wilaya de Ghardaïa, a appris samedi l'APS auprès des services de la prévention à la direction locale de la Santé et de la Population (DSP). L'ensemble de ces personnes affectées par cette anthropo-zoonose dénommée également fièvre de Malte, ont été pris en charge par les structures sanitaires réparties sur le territoire de la wilaya et leur état de santé est hors de danger, selon le responsable de la prévention à la DSP, Dr Tahar Semache. Considérée comme une pathologie "rare" dans plusieurs pays du bassin méditerranéen, cette recrudescence des cas de brucellose humaine observée dans la wilaya de Ghardaïa depuis le début de l'année en cours est "alarmante", a souligné le responsable de la prévention, précisant que ces cas sont contractés au contact des animaux d'élevage, à la consommation de lait cru ou de produits laitiers à base de lait cru notamment la "Kamaria" , un fromage traditionnel du terroir très prisé à Ghardaïa. Selon les statistiques de la DSP, le nombre de cas enregistré au 14 avril en cours a dépassé le nombre cumulé enregistré durant les trois dernières années (427 cas en 2015, 277 en 2014 et 116 en 2013). La brucellose est une maladie infectieuse causée par des bactéries et touche certains animaux domestiques et l'homme par contamination. La contamination se fait par contact avec un animal infecté ou par absorption du lait cru non bouilli ou de la consommation de fromages et autres produits laitiers à base de lait issu d'un animal malade, signale-t-on. Contactés par l'APS, les services vétérinaires ont, de leur coté, confirmé l'existence de 80 cas de brucellose bovine circonscrits dans 13 foyers à Ghardaïa, Zelfana, Guerrara , Berriane, Métlili et El-Menea, depuis le début de l'année en cours, précisant qu'une opération de dépistage est effectuée sur le cheptel caprin, bovin, ovin et camelin pour procéder à l'abattage sanitaire des animaux infestés et contrecarrer la propagation de cette pathologie animale contagieuse. Des cas de brucellose sporadique caprine confirmés ont été également diagnostiqués par les services vétérinaires. Ces cas ont été contaminés par l'utilisation comme géniteur d'un bouc porteur de bactéries, expliquent les vétérinaires des services agricoles de Ghardaïa, tout en signalant que l'ensemble du cheptel est soumis périodiquement aux tests sérologiques pour le dépistage de la brucellose. Selon les enquêtes épidémiologiques lancées par les services vétérinaires de Ghardaïa, cette recrudescence de la brucellose est attribuée au non respect et au mépris des règles d'hygiène et sanitaire, au refus de certains éleveurs de vacciner leurs cheptels arguant que la vaccination provoque l'avortement de femelles gravides (sans preuve), et l'utilisation régulièrement par plusieurs éleveurs d'un géniteur mâle potentiellement infecté pour la reproduction. La vente de lait non pasteurisé de vache, de caprin et de camélidé, à l'état brut dans des bouteilles usitées destinées à l'eau minérale, l'absence de contrôle et de répression contre la commercialisation de lait cru d'origine douteuse non étiqueté, ainsi que le fromage du terroir "kamaria" sur la voie publique, est à l'origine de la recrudescence de cette pathologie, relèvent plusieurs praticiens de Ghardaïa approchés par l'APS. De nombreux consommateurs de la région de Ghardaïa croient fermement, selon une fausse croyance aux vertus du lait naturel cru, estimant que le lait est un "produit aseptisé naturellement" qu'il faut boire sans faire bouillir, ce qui a engendré cette hausse des cas de brucellose humaine, expliquent-ils. Les praticiens de la santé estiment que le lait cru et les produits dérivés fabriqués et vendus sans étiquetage provoquent une doute légitime sur leur origine et leur salubrité, appelant les consommateurs à les éviter car, pas plus contrôlé que l'animal qui l'a produit, il transmettra sûrement toutes les maladies de celui-ci auxquelles il faut ajouter celles liées au manque d'hygiène de la collecte, du conditionnement et du transport. "Il est impératif de bouillir le lait, même si il est en sachet pasteurisé", estime Dr K. Mustapha, expliquant que le lait provenant d'animaux malades transmet les germes responsables à l'homme (tuberculose, brucellose). La mise en vente sous la dénomination de lait pasteurisé, un lait qui n'a pas été débarrassé de tous les microbes pathogènes par un procédé ayant l'approbation légale est dangereux, a-t-il soutenu. La recrudescence "alarmante" de la brucellose humaine apporte une indication sur l'absence d'un contrôle rigoureux des animaux et sur l'échec obtenu en prophylaxie animale à la vaccination qui occasionne des pertes économiques importantes et entraînent des effets directs sur les animaux (avortements, stérilité, diminution de la production), estiment de nombreux vétérinaires locaux. La pathologie de la brucellose constitue "un lourd fardeau financier pour les hôpitaux et l'économie", a précisé le DSP par intérim, Bachir Bahaz, avertissant que cette maladie risque de se propager en l'absence de mesures concrètes sur le terrain de contrôle du cheptel, du renforcement des mesures d'hygiène, la régulation du transport des bestiaux et de leur chaîne alimentaire ainsi que la vaccination.