L'Association marocaine des droits de l'homme (AMDH) a fait état dans son rapport annuel 2015 d'une détérioration sensible de la situation des libertés et des droits humains au Maroc. Dans le domaine des libertés publiques, le droit au rassemblement pacifique, à la liberté d'expression et d'opinion, l'AMDH a noté "un recours abusif de l'Etat marocain à une approche sécuritaire répressive pour la confiscation des libertés et droits fondamentaux des citoyens par le renforcement de son contrôle sur les associations des droits de l'Homme et les différentes forces démocratiques". Elle a aussi relevé l'interdiction arbitraire des activités de plusieurs associations nationales, internationales et régionales en plus de l'expulsion de représentants d'instances internationales telle Amnesty International contrairement aux lois internationales mais aussi aux engagements de l'Etat lui-même. L'association a, par ailleurs fait état de "cas de torture dans nombre de centres de détention comme dans les prisons", imputant le recours à la torture à l'absence de volonté politique de rompre avec ce procédé sur fond de violation continue des droits de l'Homme en général. S'agissant de la situation dans les prisons marocaines, l'AMDH a relevé que la plupart des prisonniers vivaient de "véritables souffrances" suite aux agressions sous toutes ses formes . Des cas de décès ont été enregistrés parmi les détenus pour absence de soins ou dégradation de l'état de santé selon le document qui cite une privation d'autres droits tels poursuivre des études ou l'accès à la documentation (livres, revues, journaux...). L'association a relevé plusieurs violations de la liberté individuelle, notamment "la censure des intellectuels et artistes en raison de leurs tendances religieuses, intellectuelles et artistiques" outre la "stigmatisation des citoyens par des tiers personnes pour leur manière de s'habiller ou leur identité". Sur les plans socio-économique et culturel, des violations récurrentes ont été relevés, a fait savoir l'association marocaine. 62,9 % des salariés ne bénéficient pas de contrat de travail, 18,4 % seulement des citoyens retraités perçoivent une pension et 60 % d'entre eux ne bénéficient pas de couverture sanitaire, a-t-elle indiqué. L'AMDH a souligné que les handicapés sont les "plus vulnérables" parmi la population, car privés des droits les plus élémentaires comme le droit au déplacement, à l'éducation, à une prise en charge sanitaire et à l'emploi". "A cela s'ajoute la violence et les agressions dont ils sont victimes de la part des autorités publiques, notamment lors des manifestations pacifiques pour la revendication de leurs droits légitimes".