Une ONG marocaine de défense des droits de l'homme a affirmé lundi à Rabat que malgré la publication, dans le bulletin officiel du Maroc, de la loi l'incriminant, la torture est toujours pratiquée avec impunité des responsables dans la plupart des cas. "En dépit de la publication, dans le bulletin officiel, de la loi l'incriminant depuis près de six ans, la torture est toujours pratiquée avec impunité des responsables dans la plupart des cas", a indiqué l'Association marocaine des droits humains (AMDH) dans une déclaration rendue publique à l'occasion de la célébration de la journée mondiale des droits de l'homme (10 décembre). L'ONG qui célèbre cette journée internationale sous le mot d'ordre "Tous ensemble pour la libération des détenus du Mouvement du 20 février et de tous les détenus politiques", a estimé que les violations continues des droits humains au Maroc, dévoilées par les nombreux rapports d'instances et de coalitions des droits humains marocaines, d'organisations internationales, du Conseil national des droits de l'homme sur la torture, les traitements cruels, inhumains ou dégradants atténuaient l'importance des acquis réalisés cette année par le mouvement des droits de l'homme. A cette occasion, l'AMDH a rappelé le rapport des experts du Comité de l'ONU contre la torture confirmant le caractère systématique de la torture exercée contre les détenus du dossier du terrorisme. Dans sa déclaration sur la situation des droits de l'homme au Maroc, en 2012, l'ONG a indiqué avoir enregistré particulièrement "la torture subie par de nombreux activistes du Mouvement du 20 février à Casablanca et dans d'autres villes, contre les militants de l'Union nationale des étudiants marocains à Kénitra, entre autres, et la violence pratiquée contre de nombreux sit-in pacifiques de citoyens dans les différentes régions et notamment à Taza, Bni Bouayache, Chlihate (Larache) et dans de nombreuses autres régions où des manifestations pacifiques ont été sévèrement et injustement violentées". Le Mouvement du 20 février est un mouvement contestataire, né dans le sillage des révoltes dans certains pays arabes. Il tire son appellation de la date des premières grandes marches en 2011 pour revendiquer des changements profonds au Maroc notamment l'instauration d'une monarchie parlementaire, l'adoption d'une constitution démocratique et la justice sociale. Par ailleurs, l'AMDH a souligné que l'année qui se termine "s'est caractérisée par des pratiques violentes et dégradantes exercées par les autorités ou sous leurs ordres contre des centaines de migrant(e)s sub-saharien(ne)s" et par les violences et les "traitements cruels" subis par les petites bonnes de la part de leurs employeurs, révélés par le rapport de l'ONG internationale Human Rights Watch (HRW). Après avoir cité des cas de violation des droits de l'homme notamment en ce qui concerne "le droit de s'organiser", "la liberté d'opinion et d'expression", "la liberté de la presse", "le droit de rassemblement", "les droits de la femme", "les droits syndicaux" et évoqué la situation "dégradante" dans les prisons, l'AMDH a appelé les autorités à respecter les droits humains tels qu'ils sont universellement reconnus. "L''engagement du Maroc à respecter les droits humains tels qu'ils sont universellement reconnus exige la ratification de toutes les conventions internationales, la levée des réserves sur les conventions ratifiées, la promulgation réelle dans la Constitution de la primauté des conventions internationales sur la loi marocaine sans conditions, l'harmonisation de la législation locale avec les conventions ratifiées, la mise en application des recommandations des comités onusiens et le respect des droits humains dans la réalité", a souligné la déclaration.