Les participants aux travaux du 4e atelier de la Ligue des oulémas, prêcheurs et imams des pays du Sahel à Dakar ont mis l'accent sur l'importance de consolider la référence religieuse authentique pour les peuples du Sahel, prônant les valeurs de tolérance et de paix, insistant sur la nécessité d'une coordination sécuritaire pour soutenir l'approche de prévention, adoptée par les pays de la région, contre l'extrémisme violent et le terrorisme. Le secrétaire général de la Ligue, Youcef Mechria a souligné, lors des travaux du 4e Atelier régional de la Ligue des Imams du Sahel qui ont débuté lundi à Dakar, avec pour thème majeur "Les valeurs de coexistence pacifique face à l'extrémisme religieux et l'extrémisme violent", "la nécessité de préserver notre référence commune, en l'occurrence la doctrine malékite, qui nous a permis de rester unis des siècles durant, grâce aux valeurs de dialogue et de coexistence pacifique". "La situation que connaît la région nous interpelle aujourd'hui en tant que prédicateurs et guides religieux pour attester que l'extrémisme et le terrorisme n'ont pas de religion", a-t-il précisé. Il a insisté, à ce propos, sur les efforts consentis par les pays de la région face à l'extrémisme et au terrorisme, soulignant le soutien de la Ligue à ces efforts et l'apport des guides religieux et prêcheurs aux démarches visant à diffuser la coexistence pacifique et à éliminer l'extrémisme. D'autre part, le président de la Ligue des Imams et prêcheurs du Sahel, le Nigérien Boureima Abdou Daouda a mis l'accent sur l'importance que revêt le thème de cet atelier dans un contexte marqué par l'extrémisme et le terrorisme dans la région, saluant l'engagement des membres de la Ligue et de leurs partenaires dans la région qui se traduit notamment par une action commune pour le maintien de la stabilité et de la sécurité. Il a rappelé les recommandations du précédent atelier régional tenu à Alger, dont le rejet de toute ingérence dans les affaires internes des pays, le respect de leur souveraineté et la lutte contre l'extrémisme. "L'unanimité réalisée entre l'ensemble des partenaires autour des principaux points liés aux moyens de venir à bout de l'extrémisme et du terrorisme exige de nous des efforts plus soutenus", a-t-il poursuivi. Le représentant de l'Unité de fusion et de liaison (UFL), Sidikou Soumana a souligné, à son tour, la nécessité d'une action coordonnée entre les pays du Sahel, en matière de lutte contre l'extrémisme violent et le terrorisme et de diffusion de la culture de tolérance et de dialogue, outre l'impératif de renforcer la coordination régionale et internationale entre les Etats dans le domaine sécuritaire et entre tous les acteurs en matière de prévention contre l'extrémisme violent, à l'instar des instances de la société civile. Pour le responsable sécuritaire nigérien, la lutte contre l'extrémisme violent et le terrorisme "appelle une action globale, urgente et coordonnée", car "nul continent, nul pays et nulle religion ne sont à l'abri de ces phénomènes qui ne respectent ni les valeurs universelles qui nous unissent, ni la sacralité de l'être humain", a-t-il dit. L'importance de l'expérience algérienne en matière de lutte contre l'extrémisme violent et le terrorisme Le représentant de l'Algérie aux travaux du cet atelier, Kamel Chekkat a affirmé que l'expérience algérienne en matière de lutte contre l'extrémisme violent et le terrorisme, à travers la promotion de la paix et de la réconciliation nationale, sur la base du dialogue et de la tolérance, mérite au vu de son efficacité et sa pertinence, d'être reproduite dans le continent africain en général et dans la région du Sahel en particulier". La consécration de la coexistence dans un climat de paix et de sécurité au sein de nos sociétés appelle la mise en relief des valeurs de l'Islam qui prônent la tolérance, l'acceptation de l'autre et le dialogue entre les cultures et les idées, a-t-il estimé. M. Chekkat a souligné, à cette occasion, "le rôle important" des Zaouïas et des références soufies dans la préservation de la stabilité et la sécurité du Sahel, à travers la propagation des concepts d'unité, de coexistence et de tolérance entre les peuples de la région, en plus de leur apport dans la préservation contre l'extrémisme et le fanatisme". Le représentant du Comité de sécurité et de renseignement de l'Union Africaine (UA) a qualifié l'expérience algérienne d'"exceptionnelle", d'autant qu'elle a permis de mobiliser toutes les composantes de la société dans la lutte contre le terrorisme, à travers "la consécration de la cohésion, de l'entraide", estimant que cette expérience "est à même de faire face au phénomène de l'extrémisme violent et du terrorisme dans la région sahélo-saharienne et en Afrique en général". Il a, à cet égard, évoqué le concept de "police sociétale", c'est-à-dire, une société civile soucieuse de défendre ses fondements et capable de préserver son identité culturelle, intellectuelle et religieuse contre les idées étrangères, appelant à prémunir les sociétés africaines et arabes contre tout ce qui peut détruire ses valeurs universelles, basées essentiellement sur la tolérance, la coexistence et l'acceptation de l'autre. Pour sa part, le représentant du Centre africain des études et de recherche sur le terrorisme (CAERT) Amour Dahmani a mis en garde contre les dangers que représentent les réseaux sociaux en matière de propagande terroriste, appelant à protéger toutes les catégories de la société contre ce phénomène. M. Dahmani a souligné dans son intervention lors des travaux du 4e Atelier des imams du Sahel qui a débuté lundi à Dakar que prés de 40 mille individus ont été recrutés par les groupes terroristes et extrémistes, précisant que la majorité d'entre eux a été engagée à travers les réseaux sociaux. Le président du Mécanisme africain de coordination et de liaison au CAERT a indiqué à ce propos que "les terroristes exploitent l'attachement des sociétés contemporaines aux technologies de l'information et de la communication pour mettre en œuvre leurs stratégies et plans destructeurs en avançant des arguments politiques, idéologiques et religieux". Tenu pour la première fois en dehors d'Alger, le 4e Atelier de la Ligue des Imams et prêcheurs du Sahel se déroule avec la participation d'un nombre important d'Imams, de prêcheurs et de réformateurs des pays membres de la Ligue qui compte l'Algérie, la Mauritanie, le Mali, le Nigeria, le Niger, le Burkina Faso et le Tchad, outre trois autres pays observateurs dans le cadre du processus de Nouakchott (Cote d'Ivoire, Sénégal, Guinée Conakry).