L'association Santé Sidi El-Houari (SDH) d'Oran célèbre cette année le 25ème anniversaire de sa création, soit un quart de siècle d'activisme bénévole au service du patrimoine et des jeunes. L'association SDH été créée en 1991 par un groupe de citoyens composé notamment de médecins, infirmiers et architectes qui s'étaient mobilisés pour la réhabilitation du site historique des Bains Turcs et de l'Hôpital du Campement, dont la construction remonte respectivement aux périodes ottomane et française. L'appropriation de ces deux sites, qui étaient à l'abandon, a permis à ce groupe de bénévoles d'installer le siège de l'association au sein de cet espace situé au cœur du quartier populaire de Sidi El-Houari qui concentre, à lui seul, la majorité des édifices du patrimoine historique de la ville d'Oran. L'installation a été précédée d'une vaste campagne de volontariat qui a donné lieu à la collecte et évacuation de près de 2.200 tonnes de déchets et détritus entassés jusqu'alors au niveau des deux sites. "Des citoyens de bonne volonté se sont regroupés au sein de SDH, pour donner le meilleur d'eux-mêmes, leur temps, leur intelligence et leur passion", souligne Kamel Bereksi, le président de l'association. "D'autres citoyens, par centaines, ont pris le relais, y apportant aussi leur force et leur sensibilité personnelle aux différentes actions menées", indique-t-il. "Les adhérents continuent de donner de leur compétence et de leur énergie sans attendre de récompense matérielle en retour, sinon l'amitié, la solidarité et la découverte du sentiment de se sentir utiles ensemble", soutient-il. Pour son premier responsable, l'association SDH, parce que composée majoritairement de jeunes, est naturellement tournée vers les jeunes, "elle est construite par eux et pour eux". "Les sentiments positifs et chaleureux, la solidarité sont cultivés et tout cela est mis au service de notre culture profondément algérienne et des multiples héritages de notre histoire", fait-il valoir. L'investissement continu des membres de SDH sera matérialisé, au fil des ans, par nombre d'actions citoyennes en faveur de la valorisation du patrimoine ainsi que par la mise en place d'une école de formation aux métiers traditionnels de la construction. Opportunité d'insertion professionnelle Et de rappeler que c'est à partir d'un site en ruine que cette jeunesse a édifié une école de formation professionnelle qui a formé et inséré dans les chantiers des centaines de jeunes. Plus de 500 diplômés sont issus de cette structure de formation, dont la moitié a pu être insérée au sein des entreprises chargées de la réhabilitation d'immeubles anciens de la ville dans le cadre d'un programme de la wilaya. Implantée dans l'enceinte abritant le siège de l'association, cette école accueille notamment les jeunes déscolarisés, leur offrant une opportunité d'insertion professionnelle par l'acquisition d'un métier dans les divers segments de la construction. Les cursus théoriques sont consolidés par des stages pratiques dans divers ateliers dédiés à la maçonnerie traditionnelle et taille de pierre, à la menuiserie et charpente, à la ferronnerie d'art, à l'électricité bâtiment, à la plomberie, ainsi qu'à la couture traditionnelle et moderne. Le staff de l'association a également mis sur pied un Pôle socioculturel qui a permis à des milliers de jeunes de connaître l'animation et l'éducation à la citoyenneté. Des actions de proximité sont ainsi régulièrement organisées, axées sur des thèmes variés comme "L'écocitoyenneté et protection du patrimoine naturel", "Le patrimoine matériel et immatériel", et "La prévention sanitaire" en partenariat avec d'autres associations. Dans leur bilan, les responsables de SDH notent également l'animation d'une trentaine de grands événements, parmi lesquels des chantiers culturels durant les étés et avec la participation d'étudiants de différents pays, les célébrations du mois du patrimoine (18 avril-18mai), deux colloques sur les métiers traditionnels et deux foires aux métiers. Dans le même contexte, une dizaine de films documentaires ont été réalisés, entre autres, sur "Les métiers traditionnels", "Le rôle de la femme dans le développement rural", "L'interculturalité Oran-Bordeaux" au titre du jumelage de la capitale de l'Ouest algérien avec la ville française, "Le patrimoine matériel et immatériel de Sidi El-Houari" et "Le rôle des jeunes comme acteurs de l'inclusion sociale et économique". En outre, SDH a à son actif l'élaboration d'études sociologiques portant sur la situation des femmes rurales dans la wilaya d'Oran et sur celle des jeunes dans les quartiers du vieil Oran tels Raz El-Aïn, Es-Sanaouber (ex-Planteurs) et Sidi El-Houari, outre des guides d'information sur la protection de l'environnement, la biodiversité et l'insertion socioprofessionnelle. Un Centre de ressources inter-associatif a été aussi créé à l'effet de renforcer les capacités des membres de SDH et d'un vaste réseau d'associations amies. "Tout ce travail représente une contribution concrète au développement économique, social et culturel", se félicite le président de SDH, rappelant que son association figure parmi les partenaires du Programme national d'Appui Jeunesse Emploi (PAJE) qui soutient la création d'activités favorisant l'employabilité. L'association SDH est ainsi résolue à préserver son statut d'école d'apprentissage pour protéger et valoriser le bien culturel public, donnant l'occasion à chacun de construire son rapport citoyen au patrimoine national qui constitue "une dimension vitale pour le devenir de la jeunesse", conclut M. Bereksi.