Le Comité spécial de la décolonisation de l'ONU, dit Comité des 24, a réaffirmé le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination et a exprimé son inquiétude sur l'impasse dans laquelle se trouve le processus de paix conduit par les Nations unies au Sahara occidental "dernière colonie en Afrique". Le représentant de l'Algérie auprès de l'ONU, M. Sabri Boukadoum a déclaré au cours de la session ordinaire du comité qui se tient à New York que le conflit au Sahara occidental est une question de décolonisation qui "ne peut trouver d'issue sans l'exercice par le peuple sahraoui de son droit à l'autodétermination". M. Boukadoum a appelé l'ONU à assumer ses responsabilités en indiquant que plusieurs dizaines de résolutions de l'Assemblée générale et du Conseil de sécurité soulignent ce droit à l'autodétermination. Les résolutions du Conseil de sécurité doivent être "bien lues et bien entendue", a-t-il insisté. Le représentant de l'Algérie a particulièrement attiré l'attention sur la question des droits de l'homme dans les territoires occupés et l'exploitation illégale des ressources naturelles du Sahara occidental par le Maroc. La patience du peuple du Sahara occidental ne saurait être acquise, a-t-il prévenu, ajoutant qu'il n'y a pas d'alternative à l'exercice du droit à l'autodétermination. Comme plusieurs représentants présents à cette réunion, M. Boukadoum a invité le Comité à effectuer une visite sur place pour prendre toute la mesure de l'ampleur du problème. D'autres représentants ont demandé au Comité d'organiser une session extraordinaire sur la question du Sahara occidental. Le représentant de Cuba a rappelé que cela fait déjà 53 ans que le Comité a inscrit à son ordre du jour la question du Sahara occidental et regretté qu'aucune solution constructive n'ait été trouvée, malgré des efforts constants. Il a estimé que la situation du peuple sahraoui n'est pas viable et qu'il est urgent de lui garantir son droit à l'autodétermination. Il a exhorté le Conseil de sécurité à assumer ses responsabilités et à régler ce problème en donnant à la Mission des Nations Unies pour l'organisation d'un référendum au Sahara occidental (Minurso) les moyens de mener à terme son mandat. De son côté, le représentant du Venezuela s'est dit consterné de voir que le Sahara occidental soit toujours "la dernière colonie" du continent africain, alors que près de 40 résolutions de l'Assemblée générale et du Conseil de sécurité reconnaissent depuis 25 ans le droit à l'autodétermination du peuple sahraoui. Le représentant cubain a dénoncé "une occupation injuste", tout comme "les tentatives" des autorités marocaines de modifier les réalités politique et démographique du Sahara occidental. "Le statut quo n'est plus tenable", a-t-il ajouté, en jugeant urgent de parvenir à une solution juste et durable à ce conflit. Quant à l'Ouganda, son représentant s'est également exprimé sur "le seul territoire non autonome d'Afrique". Il s'est longuement replongé dans l'histoire du territoire pour mettre en lumière "la situation d'un peuple à l'égard duquel l'ONU n'a pas assumé ses responsabilités". Le représentant a rappelé que lors de leur dernier sommet, en janvier, les chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union africaine ont appelé l'Assemblée générale à fixer une date pour l'organisation d'un référendum au Sahara occidental en exhortant le Comité des 24 à relayer cet appel et à l'inclure dans les recommandations qu'il fera à l'Assemblée générale de l'ONU. Pour sa part le représentant de la Namibie a jugé "impératif" d'appeler à une mise en œuvre urgente des résolutions du Conseil de sécurité et de l'Assemblée générale sur l'organisation du référendum. Le Nicaragua a déploré l'impasse dans laquelle se trouve le Sahara occidental en estimant que cette situation constitue une menace à la paix et à la sécurité régionales. Son représentant a affirmé que la position du Nicaragua est "d'appuyer la juste lutte des peuples pour leur émancipation". L'Ethiopie a appuyé la position de principe de l'Union africaine et de l'ONU qui vise depuis 50 ans à mettre en œuvre le principe d'autodétermination et à parvenir à une solution juste et durable au Sahara occidental. En rendant hommage au défunt président Mohammed Abdelaziz, le représentant de l'Afrique du Sud a souligné que le Comité des 24 devait honorer sa mémoire en veillant à ce que la troisième Décennie contre le colonialisme coïncide avec la pleine mise en œuvre de la Déclaration sur les pays et peuples coloniaux. "Le fait que le Maroc soit une puissance occupante est confirmé par l'Assemblée générale et la Cour internationale de Justice en 1975", a déclaré le représentant sud africain. L'Angola a encouragé le Comité dans son travail de mise en œuvre de la Déclaration sur l'octroi de l'indépendance aux peuples coloniaux en appelant à intégrer la surveillance des droits de l'homme dans le mandat de la Minurso. "La solution au conflit exige l'organisation d'un référendum d'autodétermination et le dialogue entre les principaux acteurs car le manque de progrès et les espoirs frustrés, surtout parmi les jeunes, ne peuvent que conduire à une escalade dangereuse", a prévenu le représentant de l'Angola. Le représentant de l'Equateur a appelé à mette fin "de toute urgence au colonialisme sous toutes ses formes et manifestations", en se disant "très inquiet" des violations des droits de l'homme et de l'exploitation illégale des ressources naturelles du Sahara occidentale par le Maroc. A cours de cette séance consacrée au Sahara occidental, les délégations ont subi un échange vigoureux entre le Président du comité et le représentant du Maroc opposé à ce que le Comité entende le représentant du Front Polisario. Mais le président du Comité a clairement signifié au représentant marocain qu'il n'était pas habilité à modifier les résolutions de l'Assemblée générale pour laquelle l'unique représentant du peuple sahraoui est le Front Polisario.