Les Etats membres du comité chargé de décolonisation de l'ONU ont, à l'occasion d'une session consacrée à l'examen de la question sahraouie au siège de l'ONU du 15 au 25 juin, exhorté le Maroc à « se conformer à ses obligations internationales en respectant le droit inaliénable des Sahraouis à l'autodétermination, en application du plan de règlement de 1991 adopté à l'unanimité par le Conseil de sécurité des Nations unies » et appelé à l'accélération du processus de décolonisation du Sahara occidental à travers la tenue, sans délai, d'un référendum d'autodétermination. Les représentants du Venezuela, de l'Equateur, de Cuba, du Nicaragua, de la Bolivie, de l'Algérie, de l'Afrique du Sud et de la Sierra Leone ont mis en avant la responsabilité de l'ONU dans le règlement du conflit au Sahara occidental. Dès lors que la question du Sahara occidental relève d'un processus de décolonisation, « il incombe à l'ONU d'assurer la mise en œuvre, en coordination avec l'Union africaine, des résolutions pertinentes de l'Assemblée générale et du Conseil de sécurité qui consacrent le droit inaliénable du peuple sahraoui à l'autodétermination et à l'indépendance », ont souligné les représentants de ces huit pays. Une préoccupation majeure a été exprimée, par ailleurs, par l'ensemble des intervenants quant aux violations des droits de l'homme perpétrées dans les territoires occupés au Sahara occidental et à l'exploitation illégale de ses ressources naturelles. Le comité insiste sur la responsabilité particulière de l'ONU de faire respecter le droit international et la charte internationale des droits de l'homme par l'occupant marocain. Le comité de la décolonisation est tenu d'assumer pleinement son mandat à l'égard du Sahara occidental, à travers la mise en œuvre de la résolution 1514 portant déclaration sur l'octroi de l'indépendance aux pays et peuples colonisés. « L'Algérie ne modifiera jamais sa position sur la question du Sahara occidental » Ils ont regretté que le Sahara occidental ne soit toujours pas en mesure d'exercer son droit à l'autodétermination à travers la tenue du référendum promis par la communauté internationale, ceci alors que le monde vit la troisième décennie internationale de l'élimination du colonialisme. « Ne pas reconnaître la République arabe sahraouie serait nier le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination », a estimé le représentant de l'Afrique du Sud qui a dit que l'occupation par le Maroc du Sahara occidental constitue un défi à la Charte des Nations unies. Et d'ajouter : « l'Union africaine a mis en place un groupe international de contact sur le Sahara occidental et a décidé de suivre la question des droits de l'homme et de l'exploitation illégale des ressources sur le territoire du Sahara occidental ». « Il n'y a pas de progrès sur la question parce que le Maroc continue de faire obstacle à toute possibilité de progrès et joue la montre, en espérant que l'on oubliera cette situation », explique Ahmed Boukhari, le représentant du Front Polisario,vrappelant que le Sahara occidental est occupé par le Maroc depuis le 31 octobre 1975. Tout en espérantvqu'une date sur levréférendum soit fixée par l'Assemblée générale, il a appelé à l'organisation d'une session extraordinaire sur le Sahara occidental. « Le conflit au Sahara occidental est bien une question coloniale et l'Algérie souhaite que la colonisation du Sahara occidental cesse au plus vite », déclara le représentant de l'Algérie, Sabri Boukadoum, exprimant sa profonde préoccupation devant le manque de progrès en vue d'un règlement du conflit. « La crédibilité de l'ONU s'en trouve écornée », dit-il, souhaitant qu'une chance soit laissée à la paix, y compris par le biais de l'organisation d'un référendum d'autodétermination. Boukadoum a invité le comité à veiller attentivement à la situation au Sahara occidental, et ce, d'autant plus que les ressources naturelles du Sahara occidental aiguisent les appétits. Il a également rappelé la position constante de l'Union africaine en faveur de l'exercice de son droit à l'indépendance par le peuple sahraoui. « L'Algérie ne modifiera jamais sa position sur la question du Sahara occidental », a-t-il dit, avant de rappeler la longue lutte que le peuple algérien a menée pour sa propre indépendance. Les participants à la session ont appelé à tenir en compte les propositions du représentant du Front Polisario à l'ONU, formulées au cours d'un séminaire régional de décolonisation, tenu en mai 2015, invitant le comité à consacrer une session du comité au Sahara occidental et à organiser une tournée dans les territoires occupés. Les intervenants n'ont pas manqué de saluer l'engagement de l'UA en faveur de la décolonisation de la dernière colonie en Afrique, saluant la lutte légitime du peuple sahraoui pour son droit à l'autodétermination. Ils ont exprimé leur appui aux décisions prises par ses différents organes, dont la dernière en date du 15 juin 2015, traduite par l'adoption d'une résolution par les chefs d'Etat et de Gouvernement appelant, entre autres, l'Assemblée générale de l'ONU à arrêter une date pour l'organisation du référendum d'autodétermination au Sahara occidental. Le président du comité spécial, l'ambassadeur équatorien Xavier Lasso Mendoza, a, au terme des travaux de la session du comité, réaffirmé le plein engagement de cette entité dans le dossier du Sahara occidental. Le diplomate a annoncé que le comité compte saisir la commission des questions politiques spéciales et de la décolonisation de l'AG de l'ONU de la question d'effectuer une visite dans les territoires sahraouis.