Les chefs de la diplomatie des pays impliqués dans la coalition internationale contre le groupe terroriste autoproclamé "Etat islamique" (EI/Daech) se retrouvent mercredi et jeudi à Washington pour faire le point de leur intervention qui n'a pas assez donné comme le démontre les récents attentats à travers nombre de pays. Il s'agira de la première dans ce format depuis le début des frappes en septembre 2014 contre l'EI, et qui doit réunir pour deux jours les ministres des Affaires étrangères des 40 pays faisant partie de la coalition conduite par les Etats-Unis en Irak et en Syrie, dans un contexte de recrudescence des attentats terroristes à travers le monde. Car, si l'EI a perdu du terrain en Syrie et en Irak, il a revendiqué ces dernières semaines de terribles attaques à Baghdad et Dacca, Nice, Bruxelles et Istanbul, qui ont fait des centaines de morts et de blessés. Ces attentats devraient être "une préoccupation première dans les discussions", a déclaré Brett McGurk, l'émissaire spécial du président américain Barack Obama auprès de la coalition. Durant cette réunion, le secrétaire d'Etat américain John Kerry et le ministre de la Défense Ashton Carter vont accueillir une quarantaine de leurs homologues, notamment les Français Jean-Marc Ayrault et Jean-Yves Le Drian, dont le pays vient d'être frappé. La coalition parlera aussi de l'après-EI. En particulier pour l'Irak. "Le moment est venu d'aider l'Irak ", a plaidé mardi à Washington le ministre des Affaires étrangères irakien Ibrahim al-Jaafari en invoquant l'esprit du plan Marshall. Les forces irakiennes ont repris le contrôle de Fallouja au groupe terroriste Daech et ont avancé dans la vallée du Tigre vers Mossoul. Elles ont reconquis la base aérienne de Qayyarah, à une soixantaine de kilomètres au sud de la ville, qui sera un "tremplin vital" pour l'offensive sur Mossoul, selon des militaires américains. Beaucoup de travail reste à faire Brett McGurk, l'émissaire américain auprès de la coalition a estimé que la coalition, qui a mené près de 14.000 frappes en deux ans, "réussissait sur le terrain". Mais il a concédé qu'il restait "encore beaucoup de travail" pour démanteler les réseaux terroristes dans le monde. De fait, pour l'expert Michael Weiss, "l'EI est à la peine, mais pas hors-jeu". L'organisation terroriste "a perdu sa capacité à conserver de grands pans de territoire, mais elle n'a pas perdu sa capacité à mener des attaques (...) opportunistes", résume ce spécialiste du cercle de réflexion Atlantic Council à Washington. En France, pays membre de la coalition frappé par nombre d'attentats dont le dernier en date remonte à jeudi, 14 juillet, lorsqu'une camionnette a foncé dans une foule célébrant la fête nationale de la France. L'attentat de Nice, la troisième tuerie de masse dans ce pays depuis janvier 2015, a provoqué des tensions politiques dans le pays, où l'opposition de droite et l'extrême droite accuse le pouvoir socialiste de "ne pas faire assez contre le terrorisme". Six jours après l'attentat de Nice, l'Assemblée nationale a donné son feu vert à la prolongation de l'état d'urgence pour six mois en France. Après avoir adopté l'article spécifique du projet de loi, les députés ont adopté en fin de nuit l'ensemble du projet, qui comporte des mesures comme le rétablissement des perquisitions administratives, suspendues en mai, et prévoit la saisie et l'exploitation des données informatiques et des téléphones portables. La mesure donne aux services de sécurité la possibilité de la fouille des bagages, de véhicules sans instruction des instances judiciaires. Le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, a déclaré mercredi au quotidien Le Monde, que l'état d'urgence est un outil parmi d'autres. Aujourd'hui 80% des assignations à résidence est plus de la moitié des perquisitions effectuées concernent des individus fichés pour radicalisation. Si, une seule des ces perquisitions nous permet de déjouer un attentat nous nous devons de la mettre en œuvre", a-t-il expliqué, faisant remarquer que "toutes les mesures prises ne garantiront jamais le risque zéro". Intervenant mardi soir devant les députés, le Premier ministre socialiste Manuel Valls a averti que la France devait s'attendre à d'"autres attentats" et d'"autres innocents tués". La Belgique, premiers pays pourvoyeur de combattants terroristes en Syrie, a connu, lui aussi une série de trois attentats à la bombe. Deux à l'aéroport de Bruxelles à Zaventem et le troisième à Bruxelles dans une rame de métro. Contrairement à sa voisine du sud (France), la Belgique a résisté à l'état d'urgence, et préféré "la retenue, et le refus de stigmatisation", dont souffre notamment la communauté musulmane. Le gouvernement belge avait décidé, par contre, l'instauration d'un niveau d'alerte 5 (4 avant les attentats) afin de créer une sorte d'état d'urgence "light" pour une période limitée permettant d'interdire des rassemblements ou d'instaurer un couvre-feu. Une quarantaine de pays participent à la coalition internationale contre le groupe terroriste Daech, dont les Etats-Unis, le Canada, l'Allemagne, la France, l'Italie et des pays arabes dont la Jordanie, et des pays du Golf.