Les pays alliés de la coalition anti-Daech, conduite par les Etats-Unis, se retrouvent ce jeudi à Washington pour discuter de l'intensification de la lutte contre Daech, alors que la multiplication des bavures commises par cette alliance a suscité les interrogations sur l'efficacité de sa stratégie militaire. La réunion des ministres des Affaires étrangères et des ministres de la Défense de près de 40 pays membres de cette alliance se tient au lendemain d'un carnage commis en Syrie où des dizaines de civils ont été tués à Manbij dans les bombardements aériens de la coalition. Ces bavures ont illustré l'échec de la stratégie militaire de l'alliance qui ne parvient pas jusqu'ici à contrer le groupe terroriste autoproclamé Organisation de l'Etat islamique (EI/Daech) malgré les récentes victoires réalisées en Irak. Mercredi, les ministres de la Défense de la coalition réunis à Maryland ont convenu de passer à une étape supérieure dans leur lutte contre l'EI, selon le secrétaire à la défense américain Ashton Carter. Les Etats-Unis, la France, le Royaume-Unis et l'Australie ont accepté d'augmenter dans les prochains jours leurs contributions à l'alliance, selon Carter qui s'exprimait au cours d'un point de presse avec le chef des forces américaines au Moyen-Orient, le général Joseph Votel. Washington devrait déployer 560 soldats supplémentaires en Irak pour soutenir l'offensive sur Mossoul, bastion de Daech. La France va de son côté envoyer son porte avion Charles de Gaulle pour intensifier les frappes aériennes contre l'EI, selon Carter. Le chef du Pentagone a cependant précisé que les forces de la coalition avançaient lentement dans leur offensive par souci de préserver la vie des civils. Il a omis d'évoquer la bavure commise à Manbij ou de confirmer le nombre de victimes avancé par l'opposition syrienne sur ce carnage. Libye : déclarations américaines mitigées Autre question sensible qui sera au menu de la réunion concerne la situation en Libye. Le chef du pentagone a affirmé avoir évoqué ce dossier mercredi dans un contexte d'élargissement des opérations militaires contre Daech dans le monde. Au cours de cette réunion, tenue à huis clos, et qui a duré deux heures, les alliés ont donné la parole pendant une session entière au ministre français de la Défense, Jean-Yves le Drian, pour présenter le bilan des opérations de la coalition, s'est-il limité à dire en réponse une question sur "les plans" de l'Alliance en Libye. Carter a établi mercredi un constat sur la Libye, selon lequel, l'Organisation de l'Etat Islamique continue d'être une menace dans ce pays, une déclaration tenue juste après celle de Brett McGurk, l'envoyé spécial du président Barack Obama pour cette coalition qui a indiqué que l'alliance militaire focalisait beaucoup plus sur la branche libyenne de l'EI. L'EI dispose de huit branches dans le monde, dont celle de la Libye "sur laquelle nous sommes focalisés et qui va constituer jeudi un sujet de discussions important lors de cette réunion ministérielle", a-t-il déclaré lors d'une téléconférence. Les déclarations des responsables américains sur la progression de Daech en Libye sont pour le moins contradictoires. Le nouveau chef d'Africom, le général Thomas Waldhausser, a révélé lundi dernier que l'EI a subi "d'importantes pertes en Libye" en avançant que le nombre de terroristes affiliés à ce groupe s'est réduit à quelques centaines à Syrte, le fief de Daech, après l'offensive menée par les forces alliées au gouvernement d'union nationale libyen. Les propos tenus par Waldhausser à Stuttgart et publiés par le Pentagone contredisent ceux de plusieurs autres responsables militaires et politiques américains qui avancent des chiffres oscillant entre 4.000 et 6.000 terroristes, en se basant sur des estimations établies par la communauté de renseignement américain. Selon les mêmes estimations, ce nombre aurait doublé en une année et reflète l'ampleur de la progression de Daech en Libye qui nécessite une intervention militaire pour la stopper, alors que plusieurs responsables dans l'administration américaine ont privilégié une solution politique qui doit inclure une assistance militaire au gouvernement d'union national pour l'aider à déloger Daech des territoires qu'ils contrôlent. Obama avait jugé dernièrement l'intervention de 2011 comme une débâcle, la qualifiant de pire erreur de sa présidence.