L'exposition "Biskra, sortilèges d'une oasis : 1844-2014" a été inaugurée jeudi soir à l'Institut du monde arabe (IMA) de Paris proposant une (re)découverte de cette porte du Sahara algérien qui a inspiré nombre d'artistes, écrivains et photographes étrangers durant deux siècles. Le vernissage de cette exposition, une idée d'un chercheur et professeur australien en histoire d'art, Roger Benjamin, soutenu par un natif de Biskra qui s'est investi dans l'art et les collections d'objets culturels, Salim Becha, s'est déroulée en présence du président de l'IMA, Jack Lang, de l'ambassadeur d'Algérie en France, Amar Bendjama, d'une représentation diplomatique de l'Australie, de l'ancienne ministre française de la Justice, Christiane Taubira, des personnalités de la culture et une foule nombreuse de visiteurs. A travers cette exposition multi-supports (tableaux, photos, cartes postales, plans, livres rares et documents audiovisuels), l'histoire de Biskra est revisté sous un angle artistique avec des témoignages mettant en exergue ses richesses en sa qualité de station thermale et d'hivernage aimante et accueillante. Au fil des textes, Biskra est décrite par, entre autres, Ibn Khaldoun (1332-1406), le peintre et écrivain français Eugène Fromentin (1820-1876), l'homme politique anglais Sir Alfred Edward Pease (1857-1939), l'écrivain français Théophile Gautier (1811-1872), le diplomate français et critique d'art Gaston Schéfer (1850-1921), l'écrivain et peintre autrichien Oskar Kokoschka (1886-1980) et l'actuel ministre algérien de la Communication, Hamid Grine, originaire de cette ville. Sur le plan artistique, la collection présentée, à cette occasion, est une conjonction d'efforts entre l'initiateur, Roger Benjamin, le directeur du musée de l'IMA, Eric Delpont, qui ont ramené des toiles des musées d'Amsterdam, de Washington et de la Deutsch Bank, et l'incontournable soutien, même sur le plan financier, de maître Salim Becha, notaire de profession, qui a mis à la disposition de cette manifestation sa personnelle collection (quatre tableaux), notamment la toile des "Danseuses d'Ouled Naïl" d'Yvonne Kleiss Herzig (1935) et celle de Léopold Henri Girardet "Ecole coranique de Biskra" (1881). Des oeuvres de grands peintres qui ont marqué l'art plastique du 19e siècle, comme Gustave Guillaumet dans son "Habitation saharienne cercle de Biskra" (1882) ou Henri Matisse dans "Blue Nude (Souvenir of Biskra)" créé en 1907, sont exposées somptueusement pour imposer aux visiteurs la découverte de cette ville algérienne "révélatrice" d'âme, comme l'a souligné Jack Lang. Le représentant du ministère algérien de la Culture, Dehiche Mohammed, a indiqué dans une déclaration à l'APS que le ministère a répondu "favorablement" à la demande de l'initiateur de l'exposition, Roger Benjamin, en adhérant au projet puisqu'il s'agit de "montrer Biskra et de la montrer avec un regard beaucoup plus artistique et esthétique qu'ethnologique". "Le ministère a conditionné sa participation avec la production à Alger du livre-catalogue qui va paraître très prochainement sur Biskra et sur l'ensemble de cette exposition", a-t-il ajouté, précisant que ce livre sera édité à Alger et diffusé en Algérie et à l'IMA en France. Le ministère, a-t-il poursuivi, a également répondu à la demande de Roger Benjamin en prêtant à cette manifestation des oeuvres de la collection du musée du Mama, en plus des oeuvres mis à disposition par Saim Becha. "Nous avons également aidé trois artistes contemporains algériens (Noureddine Tabaha, Slimane Becha et Tahar Ouamane), dont les oeuvres ont été choisies par Roger Benjamin pour figurer dans cette exposition", a souligné Mohammed Dehiche qui a fait remarquer que l'Algérie reste "ouverte" à l'international lorsqu'il s'agit de montrer des villes algériennes. Pour sa part, le directeur du musée de l'IMA a estimé que "Biskra, sortilèges d'une oasis", est une exposition "dont le questionnement porte sur le regard, sur le regard qu'on va porter à l'autre, un regard qu'on va porter sur un environnement qui n'est pas le sien". Il a avoué, à cet effet, que c'est un "rééquilibrage" de l'institut auquel "on lui a souvent reproché d'avoir beaucoup fait pour les pays du Proche et du Moyen-Orient et un peu moins pour les pays d'Afrique du Nord".