Les affrontements entre groupes armés et forces du gouvernement syrien à Alep se sont intensifiés ces dernières 48 heures, entraînant un taux de mortalité très élevé notamment des civils, ce qui a "choqué" et "horrifié" l'ONU au lendemain des nombreux obus et roquettes lancés et l'utilisation du gaz toxique sans discrimination par des groupes armés sur des quartiers de la ville. Cette "coalition" de l'opposition armée et de terroristes qui tente "à coups de roquettes et d'obus" de briser les lignes gouvernementales pour parvenir à l'est d'Alep, a fait 41 morts en deux jours et 35 cas de suffocation par du gaz toxique employé par des groupes armés lors d'une attaque contre une académie militaire à Alep (nord de la Syrie), a indiqué l'ONU. L'envoyé spécial des Nations unies pour la Syrie, Staffan de Mistura, a déclaré dimanche dans un communiqué publié à Genève, que des informations crédibles font état d'"un grand nombre de civils tués, dont plusieurs enfants, ainsi que des centaines de blessés". "Ceux qui prétendent qu'il s'agit de soulager le siège d'Alep-est devraient se rappeler que rien ne justifie l'usage d'armes disproportionnées et sans discrimination, y compris les armes lourdes, dans des secteurs habités par des civils, et il pourrait s'agit de crimes de guerre", a ajouté l'envoyé spécial de l'ONU. Il a réitéré la condamnation par le Secrétaire général de l'ONU des récentes attaques d'écoles des deux côtés de la ville, y compris l'usage de bombardements aériens dans les quartiers civils. "Les civils des deux côtés d'Alep ont suffisamment souffert en raison de tentatives stériles mais mortelles pour soumettre la ville", a-t-il dit. "Ils ont besoin à présent d'un cessez le feu durable", a-t-il conclu. Situation humanitaire chaotique Jugeant la situation humanitaire désastreuse dans la ville d'Alep, où plus de 250.000 habitants sont assiégés et privés d'aide et de ravitaillement, le chef du commandement opérationnel de l'état-major général russe, le général Sergueï Roudskoï, a assuré que la totalité des huit couloirs humanitaires d'Alep (nord-ouest de la Syrie) restent toujours ouverts à l'évacuation des civils et à l'entrée d'une aide humanitaire. "Toutes les mesures possibles pour stabiliser la situation ont été prises", a-t-il déclaré. "Nous sommes prêts à étudier toute proposition visant à améliorer la situation à Alep, y compris l'instauration de pauses humanitaires", a-t-il poursuivi. Il a toutefois averti que ces couloirs ne devaient pas être utilisés à leur profit par les groupes armés retranchés à Alep-Est. Néanmoins, les Etats-Unis ont accusé vendredi que "le gouvernement (syrien) avait rejeté les demandes de l'ONU de faire parvenir de l'aide humanitaire dans l'est d'Alep, utilisant la famine comme une arme de guerre". Un quart des habitants de cette ville du nord-ouest de la Syrie, qui en compte 1 million au total, sont assiégés et bombardés sans cesse depuis des mois. Depuis le 18 octobre, la Syrie et la Russie ont interrompu les bombardements aériens à Alep dans le cadre d'une "pause humanitaire" censée permettre l'évacuation des civils et des blessés et le retrait des combattants. Moscou a accusé les groupes armés d'avoir profité de cette pause humanitaire pour lancer des attaques, regrouper leurs forces et se réarmer. Le général Roudskoï en a critiqué certains pays, pour ne pas avoir exercé assez d'influence sur l'opposition armée à Alep-Est. Aucune réelle avancée des groupes armés Selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), "les combats ont atteint leur paroxysme" à Dahiyet al-Assad, un quartier gouvernemental au sud-ouest d'Alep, où des membres armés avaient effectué une avancée vendredi, s'emparant de la majorité du secteur, avant que les forces gouvernementales ne les fassent partiellement reculer. Le gouvernement syrien avait lancé le 22 septembre une offensive majeure pour reprendre ce secteur. Mais ses succès avaient été limités. Une source militaire syrienne a reconnu que l'offensive de la coalition était "massive et coordonnée", tout en affirmant que les combattants n'avaient réussi aucune avancée à l'exception du quartier de Dahiyet al-Assad. "Ils utilisent des roquettes GRAD et des voitures piégées et sont soutenus par des combattants étrangers", a-t-elle précisé. L'offensive est menée par Jaich al-Fatah, une coalition réunissant des groupes armés comme Ahrar al-Sham, mais aussi des terroristes du Front Fateh al-Cham, ex-Front al-Nosra (Al-Qaïda en Syrie). En réaction à l'offensive, l'armée russe avait annoncé vouloir reprendre ses raids aériens, mais le président russe Vladimir Poutine a estimé que ce n'était "pas opportun".