L'indignation monte au Maroc où des manifestations ont été organisées dans une quarantaine de villes et localités à travers le pays, largement relayées par les médias locaux et internationaux ayant consacré leurs éditions, notamment à la Une, à la mort "atroce" d'un vendeur de poisson, broyé par une benne à ordures. "Marches des indignés" écrit Jeune Afrique. "Sous l'emprise de l'émotion, des milliers de Marocains sortent dans les rues d'El Hoceima mais aussi à Rabat, Casablanca et dans d'autres villes du pays, dénonçant la hogra et demandant que justice soit rendue au martyr", rapporte la même source. Ils manifestent dans les rues mais aussi sur les réseaux sociaux: depuis la mort brutale d'un vendeur de poisson à Al Hoceima, la colère gronde chez "les indignés" comme les appelle la presse du pays, écrit notamment Courrier International. "Le Maroc est en état de choc. La mort affreuse du vendeur de poisson (...) indigne les Marocains", a résumé la presse marocaine. "Qui a écrasé Mouhcine Fikri", s'interrogeaient les journaux, avec à la Une le cliché de Fikri, gisant unanime, la tête congestionnée et un bras dépassant du mécanisme de comptage de la benne. "Pour la foule ça ne fait aucun doute, se sont les autorités qui sont responsables de la mort du vendeur de poisson à Al Hoceima", un port méditerranéen de la région du Rif. "Dans une quarantaine de villes et localités à travers le pays, les manifestations et sit-in se succèdent depuis le 28 octobre, mais aussi et surtout sur les réseaux sociaux où une vague de colère a enflammé la Toile dans un mouvement quasi unanime accusant les autorités d'être responsables de son décès", souligne la même source. "Un nombre impressionnant de personnes ont suivi le cortège funèbre du défunt lors de ses funérailles (le 30 octobre) à Al Hoceima, tandis que des appels à manifestations ont été diffusés sur les réseaux sociaux, (...), affirmant qu'il s'agit d'un meurtre d'Etat", a-t-on relayé de même source citant des médias locaux. Cette situation est particulièrement délicate pour les autorités tenues en partie responsables par les quotidiens marocains. Akhir Saâ a souligné que "ce drame traduit l'échec cuisant du gouvernement à maints égards, notamment en matière de lutte contre la précarité et les inégalités spatiales". Al Ittihad Al ichtiraki s'en est pris à l'administration. Le journal affirmait lundi que bien que l'enquête soit en cours, la responsabilité de l'administration ne concerne pas seulement la mort de ce citoyen, car ce cas démontre la lourdeur des rouages de l'administration. L'auteur de l'article appelle l'administration, qui reste un levier du progrès et du développement dans tous les aspects de la vie publique, à "faire preuve de transparence et à appliquer strictement la loi dans tous les domaines". Sur internet, des appels à manifester ont circulé sur les réseaux sociaux avec les mots-clés "Broie-le" et "Nous sommes tous Mouhcine Fikri", rapporte le magazine marocain TelQuel. Sur le site électronique du journal Le Monde, est écrit: "Des manifestations éclatent au Maroc après la mort d'un vendeur de poisson. Ils ont manifesté pendant plusieurs heures, dénonçant la "hogra", mélange de mépris, d'abus de pouvoir et d'injustice. Al Hoceima, dans le nord du Maroc, où le drame a eu lieu, mais aussi à Tétouan, Casablanca, Marrakech ou encore Rabat , la capitale, des milliers de Marocains sont descendus dans les rues, dimanche 30 octobre. Ils expriment leur colère à la suite de la mort d'un jeune vendeur de poisson, écrasé dans une benne à ordures après que des policiers ont confisqué sa marchandise". "Le Maroc révolté après la mort atroce d'un vendeur de poisson" écrit aussi le Figaro, et "indignation et manifestation après la mort tragique d'un vendeur de poisson", relaye Libération à l'instar de nombreux journaux et sites électroniques, en plus d'images diffusées par des chaînes de télévision internationales. Dans un communiqué publié dimanche, l'Association marocaine des droits de l'Homme (AMDH) a "condamné l'Etat marocain qui foule aux pieds la dignité des citoyens" et "maintient la région (nord) dans un état de tensions". L'association a mis en garde contre "une possible répétition " des manifestations de 2011, a exigé que toutes les responsabilités soient établies" . Pendant plusieurs semaines début 2011, de nombreuses villes avaient été le théâtre de manifestations exigeant plus de démocratie et de justice sociale, et dénonçant la corruption.