Le représentant du Front Polisario pour le Mashreq arabe Mostefa Mohamed Amine a indiqué mardi à Alger que les accords tripartites de Madrid sur la partition du Sahara occidental étaient "illégaux". Les accords de Madrid signés le 14 novembre 1975 entre le Maroc, l'Espagne et la Mauritanie "sont illégaux" dans la mesure où ils consacrent l'appropriation, par la force, d'un droit au profit de l'occupant marocain sur les territoires sahraouis, a soutenu M. Mostefa lors d'une rencontre animée autour de ce document, ajoutant que la nullité de ces accords s'est avérée avec le retrait d'une partie signataire (Mauritanie) et l'occupation par le Maroc de la partie des territoires sahraouis qui lui était dévolue. Ces faits soulèvent, selon le responsable sahraoui, une série d'interrogations l'acceptation par le Maroc de la partition du Sahara occidental si ce territoire était marocain, sur l'occupation du sud des territoires sahraouis quand le makhzen prétend que le nord relève de la souveraineté marocaine ainsi que sur la prétendue unité territoriale du Maroc. Un autre élément probant de la nullité des accords de Madrid consiste selon le conférencier en leur contradiction avec l'esprit de décolonisation et le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination, d'autant plus, a-t-il insisté que les signataires n'avaient aucune souveraineté sur les territoires. En plus, a-t-il ajouté, le Maroc a entrepris l'invasion du Sahara occidental le 31 octobre 1975 soit deux semaines avant la signature des accords qui étaient intervenus en infraction aux textes de l'assemblée générale des nations unies exigeant la tenue d'un référendum d'autogravitationnel. Pour sa part, le professeur de sciences politiques de l'université d'Alger 3, Smail Debch, a fait remarqué que la question de décolonisation du Sahara occidental relevait d'une stratégie internationale. Le Sahara occidental est victime d'une manoeuvre internationale non pas de la légalité internationale, a soutenu l'universitaire. "En cédant une partie des territoires sahraouis à la Mauritanie, le Maroc qui était conscient qu'il n'avait aucune souveraineté sur le Sahara occidental, tentait de gagner du temps pour faire diversion à ses problèmes internes et à ses échecs économiques, a-t-il encore considéré soulignant que ces accords qui ne sont pas reconnus du point de vue de la légalité internationale visaient à rompre les liens forts qui unissaient les peuples sahraouis et mauritanien. "Les accords de Madrid sont illégaux", a fait valoir pour sa part l'ambassadeur sahraoui à Alger Bechraya Hamoudi Bayoune expliquant qu'outre les Nations unies qui ne les reconnaissent pas, le parlement d'Espagne ne les a pas votés et qu'ils n'ont pas été publiés dans le journal officiel du gouvernement de ce pays. La Cour de justice de l'Union européenne les a rejetés, a encore argué le diplomate sahraoui rappelant que le gouvernement sahraoui restait attaché à un règlement pacifique et démocratique du conflit. Faute de quoi, nous n'avons d'autre choix que de reprendre la lutte armée, a averti M. Bouchraya. Signés le 14 novembre 1975 par le Maroc, la Mauritanie et l'Espagne, les accords de Madrid qui établissent les conditions de retrait espagnol du Sahara occidental ont consacré l'occupation illégale de ce territoire par le Maroc (6 novembre 1975) dans un déni flagrant de la légalité internationale. Les accords comprennent une déclaration de principes prévoyant la transmission des pouvoirs de l'Espagne en tant que puissance administrante sur les territoires sahraouis au Maroc et à la Mauritanie. Ils comportent également une série d'accords de coopération économique, industrielle et de pêche. Il s'est avéré par la suite que la contrepartie concédée à l'Espagne pour son retrait consistait en l'accord pour sa participation à l'exploitation des gisements de phosphates de Boukraa au Sahara occidental, le maintien de sa flotte de pêche sur les eaux territoriales sahraouies et deux bases militaires en face des îles Canaries. Inscrit depuis 1966 sur la liste des territoires non autonomes des Nations unies et donc éligible à l'application de la résolution 1514 de l'AG des Nations unies portant déclaration sur l'octroi de l'indépendance aux pays et peuples coloniaux, le Sahara occidental est la dernière colonie en Afrique occupée depuis 1975 par le Maroc, soutenu par la France.