Le président français Emmanuel Macron a fermé mercredi la parenthèse de la polémique et du malaise nés suite aux restrictions budgétaires touchant l'armée française en nommant un nouveau chef d'état-major des armées. "Le général de corps d'armée François Lecointre est nommé chef d'état-major des armées à compter du 20 juillet 2017", indique un communiqué du Conseil des ministres, qui précise que deux contrôleurs généraux des armées ont été également nommés. Il s'agit de Thierry Marjolet et de Marie-Noëlle Quiot. Mercredi matin, chef d'état-major des armées, le général d'armée Pierre De Villiers a remis au chef d'Etat sa démission se disant "ne plus être en mesure d'assurer la pérennité du modèle d'armée auquel je crois pour garantir la protection de la France et des Français", en raison de la coupe budgétaire que prévoit le gouvernement de 850 millions d'euros. Le général d'armée partant avait estimé que l'armée française, qui mène "trop d'opération militaires" avec "pas assez de moyens, s'attend à "une panne", appelant à accroître "l'effort de guerre" de 1,77% à 2% du PIB avant la fin du prochain quinquennat. Devant la commission de la Défense à l'Assemblée française réunie à huis clos, le général De Villiers a affirmé que "le grand écart" entre les objectifs assignés aux forces françaises et les moyens alloués "n'est plus tenable", ce qui a provoqué l'ire d'Emmanuel Macron qui a qualifié, la veille du 14 juillet, d'"indigne" de lancer une polémique "sur la place publique" sur le budget de l'armée. "Si quelque chose oppose le chef d'état-major des armées au président de la République, le chef d'état-major des armées change", a déclaré le président Macron, qui est chef des forces armées, dans les colonnes du Journal du Dimanche. Vendredi, le chef d'état-major des armées a appelé, dans une tribune publiée par Le Figaro, à "préserver l'indispensable cohérence entre les menaces, les missions et les moyens" dans le cadre de l'engagement de la France contre le terrorisme, du Sahel (Barkhane) au Moyen-Orient (Chammal) en passant par le territoire national (Sentinelle). Mercredi, la classe politique française n'a pas été tendre avec le nouveau président qui est en train de secouer le cocotier dans l'objectif de réduire la dépense publique, un des facteurs déterminants de la crise que traverse le pays. De droite ou de gauche, les politiques ont reproché au chef d'Etat français d'avoir utilisé une "méthode brutale" qui a poussé le chef d'état-major à démissionner. Eric Ciotti, député Les Républicains des Alpes-Maritimes a dénoncé dans un tweet une "faute irresponsable" d'Emmanuel Macron, tandis que l'ancien ministre de la Défense, Hervé Morin, a évoqué une "conséquence grave d'une faute grave du chef de l'Etat". Marine Le Pen, pour sa part, a estimé que "confronté à la droiture du général de Villiers, Macron rétablit le crime de lèse-majesté au prix de la sécurité des Français". Du côté de la gauche, La France insoumise (LFI) a considéré cette démission comme "une preuve cinglante d'échec de la politique de Macron et de sa méthode brutale", alors que le candidat malheureux au premier tour de l'élection présidentielle, Benoît Hamon, a souligné que "la démission du général Pierre de Villiers après l'annonce des coupes budgétaires pour nos armées est le nouveau chef-d'œuvre d'Emmanuel Macron". Sur France Info, le général François Chauvancy a mis en garde le président Macron sur le "mauvais signal" qu'il donne à "la communauté militaire", soulignant que les armées, c'est une permanence et non pas un enjeu électoral.