Les résultats provisoires de l'élection présidentielle au Kenya ayant donné une large avance au président sortant Uhuru Kenyatta ont été rejetés par l'opposition qui parle d'"un piratage" du système électronique de comptage des voix, tandis que des échauffourées entre police anti-émeute et manifestants ont fait deux morts, selon les médias. Le chef de l'Etat sortant Uhuru Kenyatta était largement en tête des résultats provisoires de la présidentielle face à son rival de l'opposition Raila Odinga, au terme d'une journée de scrutin où les Kényans ont voté en nombre et dans le calme mardi. Selon les résultats publiés mercredi matin par la Commission électorale kényane (IEBC), portant sur plus de 90% des bureaux de vote, M. Kenyatta était crédité de 54,41% des suffrages, contre 44,72% pour M. Odinga, sur un total de 14,2 millions de votes comptabilisés. Six autres candidats étaient en lice dans cette élection et leurs voix ne pesaient pas plus d'1% au total, selon les résultats partiels de la IEBC. L'opposition a publié ses propres résultats, qui donnent M. Odinga en tête avec 8.452.134 voix, contre 7.846.528 pour M. Kenyatta. Mais la commission dispose de 7 jours pour annoncer le vainqueur. Les opérations de vote s'étaient déroulées sans encombre mardi dans la plupart des 41 000 bureaux. Les quelque 19.6 millions d'électeurs kényans devaient aussi élire leurs députés, gouverneurs, sénateurs, élus locaux et représentants des femmes à l'Assemblée. Et selon les résultats provisoires, l'opposition semblait en passe de perdre le poste "très convoité" de gouverneurs de Nairobi. L'opposition dénonce un "piratage" du système électronique L'opposition kényane a affirmé mercredi que les résultats de l'élection présidentielle avaient été "truqués" par des pirates informatiques ayant réussi à prendre le contrôle du système électronique de collecte des résultats. La coalition Super Alliance nationale (NASA) a promis de présenter les preuves de ses allégations aux différents observateurs dès que possible. Des observateurs qui n'ont pourtant fait état d'aucune irrégularité, se sont au contraire félicités du travail de la commission électorale. Le chef de cette instance, Wafula Chebukati, a rappelé que les chiffres mis en ligne n'étaient pas les résultats officiels et que ceux-ci seront donnés après examen des procès-verbaux originaux. Toutefois, la Commission électorale a reconnu "quelques incidents au niveau de quelques centres de vote", liés au système biométrique d'identification des électeurs. Mais le système semblait tout de même fonctionner mieux qu'en 2013. Un autre problème soulevé par la commission concerne la transmission dans son ensemble. "C'est pourquoi la commission va aller plus loin et ne se contentera pas des résultats transmis de manière électronique. "On est en train de faire venir les procès-verbaux originaux pour vérification avant l'annonce des résultats officiels. Il nous reste 5 jours pour le faire et ce sera fait", a insisté M. Chebukati. S'agissant de la question du piratage du système, "ce ne sont que des allégations", a assuré le chef de la commission électorale. Des craintes de violences Deux personnes ont été tuées lors des heurts avec la police kényane mercredi, après le rejet par l'opposant Raila Odinga des résultats provisoires de la présidentielle. Au lendemain de l'élection, la police a, selon les médias, tiré des grenades lacrymogènes contre des manifestants rassemblés dans des fiefs de l'opposition. A Kisumu (ouest), un des bastions de l'opposition, des centaines de partisans de M. Odinga avaient érigé des barricades. "Si Raila n'est pas président, nous ne pouvons pas avoir la paix", a lancé l'un d'eux avant que les gaz lacrymogènes de la police ne dispersent la foule.Le scrutin a donné lieu au déploiement sans précédent de plus de 150.000 membres des forces de sécurité. A Nairobi, les bureaux de vote étaient solidement encadrés tandis que dans la ville, des petits groupes de policiers étaient visibles aux carrefours des grands axes. Dans la capitale Nairobi, la tension était également perceptible dans des bidonvilles abritant des partisans de l'opposition, tandis qu'à Mathare, les manifestants avaient érigé des barricades sur l'artère principale du bidonville, sous la surveillance de policiers en faction et d'un hélicoptère de la police, toujours selon les médias. Le Kenya, ce pays de 48 millions d'habitants, l'un des cosmopolites du continent avait connu des violences postélectorales entre 2007-2008 qui ont coûté la vie à 1 500 personnes. La crise a fait également environ 300 000 déplacés.